3.3. La théorie de schémas de genre et
l'abandon sportif :
Généralement, les hommes ont tendance à
avoir une orientation de rôle masculin, tandis que les femmes ont
tendance à avoir une orientation de rôle féminin. Dans ce
cas, on parle d'individus typés sexuellement (sextyped). Plus
précisément, lorsque les individus adhèrent aux
caractéristiques masculines tout en rejetant les caractéristiques
féminines, on parle d'individus typés Masculins. Dans le cas
inverse, on parle d'individus typés Féminins. Cependant, il peut
arriver que des femmes aient une orientation de rôle à connotation
masculine et des hommes aient une orientation de rôle à
connotation féminine. Dans ce deuxième cas, on parle d'individus
« de type sexuel croisé » (cross-sex-typed). Plus
précisément, lorsque les individus n'adhèrent ni aux
caractéristiques masculines ni aux caractéristiques
féminines, on parle d'individus ?Indifférenciés?. Par
contre, lorsque les individus se caractérisent à la fois par des
traits masculins et féminins, on parle d'individus typés
Androgynes. Ces derniers individus sont les plus adaptés
psychologiquement du fait de leur capacité à adopter des
comportements différents pour mieux s'adapter à leur
environnement (Bem, 1985). Bem et Lenney (1976) ont réalisé, par
exemple, une étude afin d'étudier le lien entre l'identité
du genre et le choix des activités à exercer. Les
résultats ont montré que les sujets typés sexuellement
(i.e., hommes Masculins, femmes Féminines) essayent
généralement d'éviter les activités
inappropriées à leur sexe. Ces sujets ressentent un malaise
psychologique et des sentiments négatifs vis-à-vis
d'eux-mêmes quand ils s'engagent réellement dans ces
activités. La mise au jour de ces identités de genre a permis de
démontrer que les individus ont des attentes plus élevées
dans les activités en cohérence avec leur genre et des attentes
plus faibles lorsque le typage sexué de l'activité et le genre de
l'individu sont opposés (Bem, 1981). C'est pourquoi les individus ayant
une forte identité de genre ont tendance à valoriser les
tâches qui sont congruentes avec cette identité.
3.4. Pratique et abandon sportifs en termes de
genre :
Plusieurs recherches (Bem, 1983, 1985) ont, souligné
que les identités de genre (i.e., Masculine, Féminine) vont
servir de guide à l'action en conduisant les individus à des
comportements en cohérence avec leur identité de genre. C'est la
raison pour laquelle les femmes qui souhaitent adhérer aux
stéréotypes de rôles féminins décident
probablement d'arrêter la pratique des activités physiques et
sportives (e.g., Eccles & Harold, 1991). De la même manière,
les sujets n'ayant pas le schème de catégorisation, ou bien qui
n'emploieraient pas ce schéma basé sur la dichotomie du masculin
et du féminin pourraient se considérer, soit comme pratiquant
plus aisément des activités non conformes aux
stéréotypes culturels de leur sexe, soit comme pratiquant de
façon indifférente des activités conformes ou non
conformes aux stéréotypes de leur sexe. Plus
particulièrement, certaines études ont montré que les
sujets chez qui le schème de catégorisation selon le sexe serait
absent hésitent moins à pratiquer des sports
considérés comme traditionnellement inappropriés pour leur
sexe (e.g., Colley, Roberts & Chipps, 1985).
Les recherches qui se sont focalisées sur le
phénomène de l'abandon sportif ont généralement
montré que l'abandon sportif chez les filles était plus important
et survenait plus tôt que chez les garçons (Martino, 1975). Plus
particulièrement, quelques recherches (Thorne, 1993) soulignent que le
fait que les filles veulent qu'elles soient jolies et séduisantes
représente des priorités plus importantes pour elles que de
participer ou de continuer la pratique d'un sport régulier. Pour Eccles
et al., (1983), les filles qui veulent être féminines participent
ou continuent moins dans les sports stéréotypés masculins.
Ainsi, certaines filles sont prêtes à abandonner leur sport afin
d'éviter de compromettre leur féminité (Kane & Synder,
1989). L'abandon sportif chez les filles semble résulter
également d'un conflit entre le rôle de sexe et le rôle
sportif des filles. Plus précisément, certaines recherches
avancent que les joueuses qui adhérent aux rôles sexués
féminins et qui pratiquent un sport « inapproprié »
à leur sexe vivent davantage un conflit entre leur rôle de femme
et celui de sportive que celles qui font des sports plus «
appropriés » à leur sexe (Anthrop & Allison, 1983). Pour
Brown (1985), il semble que ce conflit serait plus fort pendant l'adolescence
où les images stéréotypées de la
féminité ont une influence particulièrement forte.
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