1.3.3 Théorie des
comportements interpersonnels
Cette théorie
développée par Triandis en 1979 sur les comportements
interpersonnels des individus contribue à l'étude des
comportements. En effet, Triandis reprend la théorie du
comportement planifié et celle de l'action raisonnée pour
élaborer son modèle psychosocial.
Celui-ci englobe la plupart des
variables précédemment présentées et se distingue,
cependant de ces derniers, par un plus grand raffinement des construits.
L'auteur intègre aussi, dans son modèle, la force de l'habitude.
Selon ce modèle, le
comportement des individus est déterminé par ce qu'il a
l'intention de faire (l'intention), ce qu'il a l'habitude de faire
(l'habitude) et les conditions facilitant ou inhibant son adoption.
L'intention comportementale est le siège, à son tour, de quatre
types de déterminants: l'influence sociale (les facteurs sociaux),
les conséquences qu'il associe au comportement en question
(conséquences perçues), la dimension attitudinale par rapport
à ce comportement (attitudes). Le modèle de Triandis est
très complet et des variables appelées « externes
», sont également considérées. Ces
dernières influencent le comportement, elles agissent sur les
principales variables du modèle et non directement sur le comportement.
Il s'agit des facteurs génétiques, des situations
sociales, de l'histoire, de la culture, de la personnalité, du
renforcement, etc.
Pour Triandis , des
éléments autres que l'intention et les conditions
facilitatrices doivent être considérés pour
prédire un comportement. Il s'agit, essentiellement, des habitudes
vis-à-vis de l'adoption du comportement. De façon plus
pratique, la théorie des comportements interpersonnels explique
que, même si un individu a l'intention (volonté) d'adopter
un comportement, des conditions dans l'environnement peuvent
l'empêcher de le réaliser. D'un autre côté et
avec l'habitude certains comportements deviennent des automatismes,
après un certain temps et ne sont, donc, plus réalisés de
façon consciente.
Les trois théories,
présentées précédemment, se fondent sur
l'intention pour expliquer le comportement, toutefois, elles
diffèrent l'une de l'autre. Leur comparaison permet de mettre en
exergue la supériorité du modèle de Triandis dans
l'explication du comportement de l'utilisation des moustiquaires
imprégnées d'insecticide dans la zone de santé de Kikwit
sud dont la distribution n'a pas été gratuite.
Tout d'abord, il est judicieux de
relever que les théories présentent des points communs. Elles
admettent l'influence des variables externes. De plus, elles mesurent
les variables dans le respect des déterminants spécifiques du
comportement. En outre, les modèles précisent que le poids des
facteurs varie selon le contexte étudié, le comportement et
l'individu. Enfin, dans le but de prévoir le comportement, les
chercheurs mobilisent, dans chacun des trois modèles, des
régressions multiples.
Malgré leurs convergences,
ces théories diffèrent selon plusieurs aspects que nous proposons
d'énumérer :
En premier lieu et à l'encontre des deux autres
modèles, celui de Triandis considère les conséquences
perçues (dimension cognitive) et l'attitude (dimension affective)
comme deux construits distincts (Valois & coll., 1988). En effet,
plusieurs comportements sont déplaisants à effectuer, même
s'ils sont perçus comme ayant des conséquences positives. Cette
distinction permet de mieux cerner l'effet de chacune des deux croyances sur le
comportement.
En deuxième lieu, l'évaluation de la
dimension sociale diffère selon les modèles d'Ajzen (1991)
et Fishbein et Ajzen (1975), d'une part, et celui de Triandis (1979), de
l'autre. En effet, les facteurs sociaux, dans le modèle de
Triandis, font référence aux instructions personnelles pour
faire ce qui est perçu, par les gens de même culture et
dans certaines situations. Elles doivent être correctes et
appropriées, également, par rapport à des personnes ayant
des positions particulières dans le groupe, la société ou
le système social de référence.
En troisième lieu, la divergence porte sur
l'importance relative attribuée au degré de la conscience,
à savoir le contrôle volontaire, dans l'explication et la
prédiction de l'intention ou du comportement (Valois &
coll.,op.cit). A l'encontre des deux autres modèles, Triandis
souligne que le degré de volonté diminue avec l'habitude, ceci
donne plus de précision et de rigueur au modèle. Ainsi, Triandis
considère l'habitude et les conditions facilitatrices comme des
facteurs aussi importants que l'intention, ils devraient être
inclus pour expliquer un comportement.
Finalement, dans le cadre de notre
recherche, nous optons pour le modèle de Triandis comme base
théorique de la présente étude, car il s'avère
plus adapté pour saisir le problème à l'étude. En
effet, il englobe la plupart des variables présentes dans les
différentes théories dont l'objet est d'expliquer le
comportement individuel (Frini & Limayem 2001). Ce
modèle intègre des déterminants économiques
(conséquences perçues et conséquences objectives),
des facteurs sociologiques (facteurs sociaux et habitudes), des
éléments relevant du champ de la psychologie (attitudes) et
aussi des éléments organisationnels sur lesquels l'individu n'a
pas vraiment beaucoup de contrôle (conditions facilitatrices et
situation sociale). Ainsi, ce modèle tient compte autant des
variables individuelles qu'organisationnelles.
Dans ce qui suit et à
partir de cette base théorique, nous proposons le modèle
conceptuel approprié à l'étude des facteurs
associés à l'utilisation des moustiquaires
imprégnée d'insecticide chez les chefs de ménages dans la
zone de santé Kikwit sud repris sur la page suivante.
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