3. Un processus d'accompagnement adapté aux
spécificités des OSC dans les régions
Les théories éducatives et formations
s'attèlent à démontrer le principe selon lequel, tout
processus convergeant vers des enseignements devrait au préalable
justifier leur efficacité
93 Entretien réalisé le 8 Juillet
à Yaoundé.
94 ABEGA Séverin Cécile,
Op.cit., p.115.
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par la prise en compte des spécificités de la
cible. Dans le cadre du PASOC, une des difficultés liées au
manque d'appropriation par les OSC des mécanismes de concertation avec
l'Etat a été relative à l'accommodation des
bénéficiaires au programme. Or, il aurait été
souhaitable que le programme intègre les réalités internes
des OSC afin de mettre en exergue ses objectifs. Afin d'éviter le
constat qui leur est fait sur l'échec d'appropriation par les OSC des
programmes d'appuis. En effet, « l'ouverture à de nouveaux
partenaires et l'intégration de nouvelles problématiques n'ont
pas été accompagnées d'un renouvellement des
procédures95 ». En guise de palliatif, il serait
nécessaire pour les prochains programmes de favoriser l'appropriation
par les OSC sur la base d'un accompagnement accentué d'une
flexibilité des dispositifs qui puissent être adaptés aux
projets où la composante sociale est forte.
4. L'instauration d'une culture de bonne gouvernance au
sein des OSC
La promotion d'une culture de gouvernance constitue au sein
des OSC un outil irremplaçable de rationalisation. Ainsi, de
manière opératoire, les OSC pourront mesurer sur les
schémas directeurs de la gouvernance, les points de transparence, de
rentabilité de compte, d'efficience et d'efficacité.
De ce fait, l'UE via des programmes tels celui du PASOC,
aurait maximisé l'impact de l'appropriation par les OSC des
mécanismes de concertation par la prise en compte d'un ensemble de
spécificités lié au fait que les OSC sont à grande
majorité créées dans un contexte de crise d'emploi et,
qu'elles sont relativement jeunes et pour certaines, ont une réelle
volonté d'apprentissage. Dans cette logique, bien que le programme ait
mis sur pied des auditeurs lors des phases des différentes
activités au sein des OSC, il est urgent de développer dans les
prochains programmes, des outils, des indicateurs pratiques et pertinents ainsi
qu'un guide pour l'intégration et le suivi-évaluation de la
gouvernance des subventions au sein des OSC.
5. La prise en compte des expériences issues des
programmes précédents sur la société civile
Malgré l'existence d'un comité multi-bailleurs
(CMB), on constate qu'il est difficile au vu d'une absence franche de base de
données commune des OSC, que le programme puisse prendre en compte les
forces et faiblesses des programmes précédents, même des
95 Lavingne Delville Ph. Et Villeval Ph., «
Capitalisation d'expériences, expériences de capitalisation :
comment passer de la volonté à l'action ? »,
Travers, n°15, 2004,46p.
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autres bailleurs de fond, en rapport à la
société civile. Cette initiative aurait l'avantage de centrer les
objectifs et les activités du programme sur les priorités des OSC
et par ricochet, aurait favorisé leur appropriation. Cela est de nature
à contourner ce qu'estime Pierre Calame, « les programmes
initiés au Sud correspondent à une logique d'offre et non pas de
demande96». En effet, tout programme de développement se
doit d'être une action publique. Dans cette logique, le programme est une
action négociée, contractuelle qui convoque une existence
considérable d'instances et d'espaces délibératifs. Or la
notion de délibération renvoi à un processus collectif de
prise de décisions invitant chaque participant à se concerter
avec les autres dans un mouvement mutuel de raisoning-giving en
justifiant sa position et étant disposé à écouter
et à partager. La délibération implique donc une culture
d'humilité, de relativité et d'échanges
d'expériences, de connaissances, d'opinions avec une égale
opportunité. Chaque acteur cherche à influencer, à changer
la vision d'autrui dans le temps pour son intérêt, mieux pour
l'efficacité de l'action publique.
La délibération qui vient à la suite de
la consultation, du vote et de la concertation afin de légitimer
l'action publique, fait la promotion de l'éthique, de
l'égalité et de l'équité car sa rationalité
a pour base les informations, les arguments, les ressources pertinentes pour
convaincre quant à l'atteinte des objectifs du programme, mieux encore
de l'action publique. Ainsi, le processus délibératif a comme
enjeu l'échange d'arguments, et surtout d'expériences.
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