CHAPITRE IV : POUR UNE MISE EN OEUVRE EFFECTIVE
DES STRATEGIES D'APPROPRIATION PAR LES OSC DES MECANISMES DE CONCERTATION
AVEC L'ETAT DANS LA VILLE DE YAOUNDE
Le chapitre précédent nous a permis de parcourir
les difficultés rencontrées par les OSC afin de s'approprier les
mécanismes de concertation avec l'Etat. Il est actuellement question
dans ce chapitre de la mise en oeuvre d'un dispositif organisationnel et
technique qui puisse faciliter l'appropriation par les OSC des
mécanismes de concertation avec l'Etat.
A. AMENAGEMENTS ORGANISATIONNELS
Nous reconnaissons la pertinence des stratégies
employées par le PASOC afin de garantir une appropriation
indéniable à la société civile des
mécanismes de concertation avec l'Etat. Toutefois, au vu des
dérapages observés sur le terrain, il convient dans le cadre de
cette étude de se pencher sur des éventuelles propositions
susceptibles d'accroitre positivement l'appropriation par les OSC des
mécanismes de concertation avec l'Etat.
1. Une approche débouchant sur une
adéquation entre les activités des OSC et leurs subventions
Pour encourager une appropriation effective sur le «
learning by doing », le programme gagnerait à
développer une approche qui puisse garantir aux OSC que leurs
activités convergentes avec les subventions mises à leur
disposition. Ainsi, il faudrait initier systématiquement avec les OSC
bénéficiaires des subventions des négociations allant sur
des éventuelles baisses de budget des propositions acceptées
suite aux AP.
Cela passe aussi par la prise en compte lors des budgets de
l'évolution prévisibles des coûts (inflation), mais aussi
des spécificités des prix dans les différentes
régions du Pays.
2. Une approche débouchant sur l'autonomisation
financière des OSC
La dépendance financière des OSC dans la ville
de Yaoundé constitue un frein à l'appropriation des
mécanismes de concertation avec l'Etat. En effet, nos décentes
sur le terrain nous ont permis de comprendre que le programme aurait
maximisé l'appropriation par les OSC des mécanismes de
concertation par le financement d'un ensemble d'outils
générateurs de revenus comme des ordinateurs, des micros et
vidéo projecteurs. C'est en effet
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ce que nous a laissé entendre un acteur de la
société civile par ces termes relatifs aux perspectives du
programme.
S'en être contre le financement des réunions
et toute autre activité opérationnelle durant le programme, mais
il aurait aussi été souhaitable que le programme nous
prépare à l'autonomisation financière même seulement
par l'achat du matériel informatique que nous pourrions mettre en
location. Cette tactique est rentable d'autant plus que durant les
funérailles, les mariages et autres, cela est louables pour ces
événements93.
De fait, cet entretien nous permet de cerner
l'évidence selon laquelle, l'extrême dépendance
financière des OSC atteste de leur vulnérabilité
d'autonomie. En l'absence d'un fonds d'appui à leurs initiatives, quand
elles ne se tournent pas vers l'extérieur, elles se mettent à la
solde des pouvoirs publics. Comme le souligne Sévérin
Cécile ABEGA, « La forte dépendance des OSC envers les
bailleurs de fonds les rend très sensibles aux directives de celles-ci
94». C'est d'ailleurs ce qui justifie l'incapacité de la
quasi-totalité d'entre elles à se doter d'un agenda propre,
préférant jouer le rôle de caisses de résonance
locales de ces institutions. Cette instrumentalisation économique et
idéologique des OSC est la preuve de leur mise au pas et de leur
incapacité à contribuer à la construction de l'action
publique. Or, de toute évidence, les acteurs de la société
civile jouent un rôle important dans le jeu idéologique visant
à affaiblir la toute-puissance de l'Etat. Pour ce faire, elles doivent
être sélectionnées en fonction de leurs capacités
administratives mais aussi financières, plutôt que sur la
qualité de leurs interventions car, le risque consisterait à
rendre les OSC comme de simples « sous-traitants, relais des politiques
des bailleurs ». Un travail d'appropriation de cette thématique et
définition de leur propre démarche s'avère aujourd'hui
nécessaire. De manière très concrète, la
réflexion doit notamment porter sur la réactualisation des
modalités de l'aide, afin de permettre une meilleure adéquation
aux rythmes du renforcement des capacités, de la coconstrution de l'Etat
et de la société civile organisée.
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