Le programme se voulait à portée nationale.
Cependant, vu l'étendue du territoire national, le programme a
prévu déconcentrer la mise en oeuvre de ses activités dans
chaque région via l'expertise des Organisations Relais. Ces
organisations qui implémentaient les directives du programme dans leur
région respective avaient un avantage conséquent sur les OSC
parce qu'elles maitrisaient mieux leurs spécificités
socioculturelles. Cela relève alors l'évidence selon laquelle
l'une des voies capitale par laquelle le programme devait avoir un impact
conséquent quant à l'appropriation par les OSC des
mécanismes de concertation avec l'Etat, consistaient à les
responsabiliser tout en les intégrant de façon franche sur les
processus décisionnels orchestrés par le programme. Mais dans la
réalité, l'OR de la région du centre par la voix d'un
membre, nous a exprimé son regret lors de l'entretien « nous
regrettons d'avoir été comme de simple prestataires de services
et le fait que l'UGP ait traité directement
82 Entretien réalisé le 8 Novembre
à Yaoundé.
83 PLANCHE J. Sociétés civiles et
politiques de coopération » in Société civile, Paris,
Editions Charles Léopold Mayer, 2007, p.85.
64
des appuis sans au moins passer par nous84 ».
Cette attitude managériale, sans constituer de manière directe
une limite forte de l'appropriation par les OSC des mécanismes de
concertation avec l'Etat, peut justifier l'insertion des OSC opportunistes dont
la seule finalité se résumait aux financements du programme.
C'est dire avec l'anthropologue français COPANS J. que seul
«l'expérience de terrain rend possible la réflexion sur le
concept, notamment par le biais de sa mise à l'épreuve des
réalités quotidiennes85».
Dans son rapport rendu public en Avril 2009 à
Washington, le FMI au terme d'une mission à Yaoundé du 26 mars au
9 avril 2009, soulignait que le PIB du Cameroun a baissé à 2,5%
contre 3,4% en 2008. Cette baisse de près de 1% selon le fonds
monétaire international serait tributaire de la crise économique
mondiale et dont les manifestations sont perceptibles dans plusieurs niveaux du
pays. Ainsi, la montée du chômage a ouvert aux jeunes
diplômés la porte des OSC dont les conditions de créations
sont moins contraignantes (simple déclaration à la
préfecture pour les associations) que dans d'autres secteurs comme le
commerce qui assujetti aux impôts, souvent à des investissements
lourds, à la forme notariale, registre de commerce etc. D'où pour
certains promoteurs, les OSC constituent une affaire à rentabiliser qui,
loin de promouvoir une quelconque vision à s'approprier des
stratégies qui convergent vers le sens du développement, viserait
plutôt à améliorer les conditions matérielles et
financières des promoteurs. Dans le cadre de la fin du PASOC, un acteur
de la société civile que nous avons rencontré nous a
clairement indiqué que
L'appropriation des objectifs que visaient le programme
n'étaient
pas la préoccupation centrale de plusieurs OSC
ayant reçu les appuis du PASOC. Car, ces OSC qui avaient
présentés des projets de développement dont le personnel
sensé mettre en oeuvre étaient dans la plupart des cas des
membres d'une même famille, ont disparu avec la fin du PASOC du fait
qu'elles ne vivaient qu'avec les fonds du programme86.
Cet accaparement néo patrimonial des appuis
accordés par le programme aux OSC afin d'être au service de la
base, limite le champ d'appropriation de ces OSC des mécanismes de
concertation avec l'Etat qui ne peut qu'enchanter sa suprématie face
à un contrepouvoir vide
84 Entretien réalisé le 7 Juillet
à Yaoundé.
85 COPANS J., La longue marche de la
modernité africaine, Paris, Karthala, coll. « Les afriques
», 1990, p.231.
86 Entretien réalisé le 8 Juillet
à Yaoundé.
65
d'idées et opportuniste. Ce qui fait dire au chef de
programme de la société civile à la CAON que
Les OSC se sont érigées au Cameroun et
ailleurs
comme des donneuses de leçons or elles même
n'ont pas
incarnées les valeurs républicaines. Ainsi,
elles sont des
courtiers du sous-développement87.
Par ce bais, on comprend alors qu'en Afrique en
général et particulièrement au Cameroun, «
l'impulsion de la société civile naît, non pas d'une
analyse intellectuelle rigoureuse, ou à partir d'une véritable
théorie économique, mais à partir d'apriori et
d'hypothèses venues d'oeuvres d'économistes américains aux
travaux édulcorés et hâtivement adaptés88
» à notre contexte sociétal.
1. L'absence d'un comité d'éveil post-
programme sur le dynamisme des OSC
Nos décentes sur le terrain nous ont laissé
entrevoir que la fin du PASOC n'a pas intégré une prise en compte
réelle des compétences techniques et professionnels des
bénéficiaires du programme. En effet, les
bénéficiaires du programme reconnaissent avec estime les efforts
consentis pour leurs formations mais, mentionnent diverses insuffisances
relatives à un abandon très précoce du coaching mis
à leur disposition par le programme. Cette attitude peut
également constituer une limite profonde sur l'appropriation par les OSC
des mécanismes de concertation. Interrogé sur la viabilité
de leurs actions, les OSC dans leur majorité mentionnent de façon
claire « que nous n'avons certes pas encore arrêté de
façon définitive nos activités mais, c'est sur le court
terme ».