DEUXIEME PARTIE :
LE PASOC ET L'APPROPRIATION PAR LES OSC DES MECANISMES
DE CONCERTATION AVEC L'ETAT AU CAMEROUN : FAIBLESSES ET
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Malgré les stratégies déployées
par les acteurs, notamment ceux du COPIL, des OSC et de l'Etat pour faciliter
l'appropriation par les OSC des mécanismes de concertation avec les
pouvoirs publics, il convient de souligner que dans la ville de Yaoundé,
cela reste une tâche inachevée et perfectible sur le terrain.
Ainsi dans cette partie, il est question de présenter
deux principaux chapitres. Le premier fait état des faiblesses relatives
aux stratégies mises en oeuvre par le PASOC pour favoriser
l'appropriation par les OSC des mécanismes de concertation avec l'Etat
dans la ville de Yaoundé. Le deuxième quant à lui formule
un ensemble de propositions pouvant constituer un apport non
négligeable, dans les processus de mise en concertation entre les OSC et
l'Etat.
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CHAPITRE III : LES FAIBLESSES DANS L'APPROPRIATION
EFFECTIVE PAR LES OSC DES MECANISMES DE CONCERTATION AVEC LETAT DANS
LA VILLE DE YAOUNDE
Dans ce chapitre, il est question de présenter les
principales faiblesses qui ont limitées l'appropriation par les OSC des
mécanismes de concertation avec l'Etat pour la conception et la mise en
oeuvre des politiques de développement. Il s'agit d'une part des
faiblesses structurelles et organisationnelles et, d'autre part des faiblesses
techniques et opérationnelles.
A. LES FAIBLESSES STRUCTURELLES ET
ORGANISATIONNELLES
1. La centralisation du PASOC sur les stratégies
d'appui des OSC
Dans la mise en oeuvre des stratégies pouvant
structurer la société civile afin qu'elle puisse de
manière plus aisée s'approprier des outils susceptibles
d'accroître sa concertation avec les pouvoirs publics, le PASOC avait
défini le principe sur une prise en compte conjointe sur la mise
ensemble de la société civile et les ordonnateurs du programme.
Toutefois dans la réalité, plusieurs points ont fait état
de la centralité des ordonnateurs du programme sur les processus
décisionnels dans certaines activités.
En titre illustratif, on peut noter la subvention des
projets. Ici le programme avait identifié deux comités de
sélection de projets, à savoir, un comité national et un
comité de sélection régional. Toutefois, certains budgets
des propositions acceptées suite aux AP ont été revus
à la baisse sans qu'au niveau régional les OR et OSC ne soient
consultés encore moins mandatés à revoir leurs
activités. C'est en effet ce que nous affirme un responsable d'OSC
consulté lors de notre entretien
Pendant que nous-nous concertions pour décider des
activités à financer
ici dans notre organisation, nous avons seulement appris
que les
financements avaient baissé et que cela est une
initiative des
responsables du programme. Et comme nous ne pouvions pas
remonter
au niveau de l'UGP directement, nous avons d'abord saisi
notre OR qui
nous a dit que cela ne relevait pas de ses
compétences. Vu que nous ne
pouvions pas aller oser négocier, parce que
craignant l'annulation pure
et simple de notre contrat, nous-nous sommes
contentés de ce peu81.
81 Entretien réalisé entre le 8 et le
10 Novembre à Yaoundé.
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Interrogé sur la question, l'un des responsables de
mise en oeuvre du PASOC estime qu' « au vu du dispositif de financement,
le PASOC a revu son règlement intérieur et par conséquent,
ne peut pas tout faire. Son objectif est simplement d'accompagner les OSC
à participer aux politiques de développement à travers des
activités prioritaires 82». Quant à savoir pour
quelle raison les OSC n'étaient pas prévenus de la baisse de
financements dans les subventions de leurs activités, une étude
d'évaluation à mi-parcours du programme reconnait que même
à la base, « les critères de sélection des appuis
n'étaient pas clairs ».
Ce genre de management accentué sur des interventions
directes de l'UGP sur les subventions au détriment des principes qui ont
été éligibles dans la mise en oeuvre du programme n'est
pas de nature à favoriser de façon pérenne et viable une
appropriation saine par les OSC des mécanismes de concertation avec les
pouvoirs publics. Au contraire, elle a pour conséquence de justifier
l'argument fortement défendu par Jeanne Planche sur le principe selon
lequel, l'échec de certains programmes de l'UE est dû au fait que
« l'UE accorde une participation très limitée, en ce sens
que l'exclusion des ANE de certains processus essentiels, comme le choix des
secteurs prioritaires d'attribution de l'aide ou les négociations
commerciales, constitue un grief récurrent83 »
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