II. LES INCERTITUDES LIEES A LA DIFFICILE APPROPRIATION
DES MECANISMES DE CONCERTATION PAR LA SOCIETE CIVILE AVEC LES POUVOIRS
PUBLICS
Le contexte lié aux enjeux d'incertitude d'une
véritable appropriation des mécanismes de concertation par les
acteurs de la société civile avec les pouvoirs publics renvoie
d'une part aux faiblesses de la société civile elle-même et
d'autre part à la centralité des pouvoirs publics malgré
l'ouverture démocratique.
A. Les principales faiblesses des OSC à s'approprier
les mécanismes de concertation avec l'Etat
Les principales faiblesses susceptibles de constituer un frein
à l'appropriation des mécanismes de concertation par les OSC
peuvent se schématiser en deux points : les problèmes majeurs de
déficit en renforcement des capacités et les lacunes
managériales et démocratiques.
1. Les problèmes majeurs de déficit en
renforcement des capacités
On constate que l'appui n'est jamais
désintéressé et ne répond pas directement à
une demande du Sud. Dans la mesure où les bailleurs de fonds
reconnaissent de nouveaux rôles aux organisations du Sud, ils vont les
renforcer pour qu'elles puissent accomplir ces tâches, « les projets
correspondent à une logique d'offre et non pas de demande ». Ainsi,
l'appui institutionnel correspond souvent à de la formation individuelle
à la gestion et à la maîtrise des procédures des
bailleurs et fait l'impasse sur leurs capacités de leadership, leur
gouvernance interne et leur positionnement politique.
Par ailleurs, les politiques de développement des
compétences du personnel existent sur les documents des OSC, mais ne
sont généralement pas appliqués. Ceci est à
l'origine d'une crise de motivation et de créativité du personnel
qui estime ses compétences mal valorisées.
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Comme conséquence de l'inapplication des politiques de
développement des compétences du personnel, « il n'existe
pas de plan de renforcement des capacités à proprement parler
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2. Les lacunes managériales et
démocratiques
La montée du chômage a ouvert aux jeunes
diplômés la porte des OSC dont les conditions de création
sont moins contraignantes (simple déclaration à la
préfecture pour les associations) que les autres secteurs comme le
commerce qui est assujetti aux impôts, souvent à des
investissements lourds, à la forme notaire, registre de commerce Ainsi
pour certains promoteurs, les OSC constituent une affaire à rentabiliser
qui, loin de promouvoir une quelconque vision ou encore des stratégies
prospectives propres. Cela génère un management principalement
orienté vers le court terme, et qui permettrait difficilement aux
organisations de la société civile de survivre en cas
d'indisponibilité de leurs promoteurs et même à une
dépendance de l'aide extérieure sans une capacité
réelle de capitalisation.
Par ailleurs, dans les instances de prise de décisions,
on constate bien que la concentration des pouvoirs est entre les mains des
fondateurs. Dans cette logique, les fonctions exécutives se confondent
très souvent avec les fonctions de gouvernance. Cela pose un
problème de gouvernance interne, dont l'accent est mis sur une
appropriation privative et personnelle des organisations par une poignée
de leaders qui confisquent les moyens de décision au mépris des
textes.
Dans la pratique, de nombreux facteurs semblent limiter une
participation effective des acteurs de la société civile à
la définition des politiques. Dans les cas où un processus
participatif est mis en place, le manque d'information, l'absence de prise en
compte des avis des acteurs de la société civile et la mauvaise
restitution du processus sont des lacunes fréquentes qui
témoignent assez clairement du fait que l'Etat reste dans la plupart des
cas l'interlocuteur des bailleurs.
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