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Coopération internationale et appropriation parles osc des mécanismes de concertations avec l'état au Cameroun. Cas du programme d'appui à  la structuration de la société civile ( pasoc ) dans la ville de Yaoundé.

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par Théodore ENAMA AYISSI
Université Catholique dà¢â‚¬â„¢Afrique Centrale - Master 2 en Gouvernance et Action Publique 2013
  

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B. Au niveau national

Le Cameroun a vécu une situation caractérisée par un système politique de parti unique. Ce contexte ne permettait pas aux citoyens de s'exprimer librement. En 1967, une loi 59sur les associations a été adoptée. Selon cette loi, pour créer une association, il fallait obtenir une autorisation de l'autorité administrative. A partir de 1990, le Cameroun entre dans une phase nouvelle avec l'ouverture de son système politique au pluralisme. Cette phase qui marque la fin du monolithisme sera suivie d'une vague de contestations menée par l'opposition à l'encontre du gouvernement.

L'établissement du dialogue entre le pouvoir et l'opposition lors de la tripartite au cours de laquelle la société civile a largement contribué, va de manière progressive désamorcer les tensions politiques consécutives aux villes mortes et à la première élection multi - partisane présidentielle d'octobre 1992. De nouvelles élections présidentielles ont été organisées en 1997 et d'autres, de manières récentes ont eu lieu en 2004 et en 2011.

Parallèlement, on assiste à l'éveil de certaines forces sociales jusqu'alors écartées du débat politique et désignées par le concept de société civile. Bien qu'il soit nouveau, il ne désigne pas autre chose que les différentes organisations sociales qui existaient déjà et qui vont simplement prendre de l'ampleur avec cette libération politique. Cette lame de fond des mouvements sociaux va à la faveur des lois 90/052 et 90/053 respectivement sur la liberté de communication sociale et la liberté d'association, servir de catalyseur aux nouveaux processus de développement. Avec cette loi sur les associations dont l'innovation principale consiste à alléger la procédure de création, on passe du régime d'autorisation à celui de déclaration60. La conséquence immédiate sera la création d'un grand nombre d'organisations de la société civile en termes d'associations, mais également de confessions religieuses et d'autres formes d'organisations suivant d'autres lois qui suivront en 1992 sans oublier la multitude des partis politiques.

Plusieurs textes de lois, notamment la constitution du 18 janvier 1996, ont résolument inscrit le Cameroun dans une nouvelle donne consacrée à la concertation entre les pouvoirs publics et le secteur local dans la gestion des affaires publiques. En effet, cette dernière franchit un pas décisif en faisant du pays un Etat unitaire décentralisé avec une redistribution des pouvoirs aux niveaux local et régional (communes et régions). La promulgation des lois d'orientation de la décentralisation et sur les règles applicables aux communes et aux régions

59 Loi inspirée de la législation française de 1901.

60 Notamment par le changement de la loi de 1967 qui soumettait la formation d'association à la seule approbation préalable des pouvoirs publics.

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en 2004 est venue impulser le processus de décentralisation en fondant des cadres propices à la concertation entre l'Etat et d'autres acteurs. Les textes d'application pour la mise en oeuvre auront des conséquences importantes en matière de développement participatif. Une des conséquences de ce nouveau processus de décentralisation est l'émergence d'une société civile locale qui doit dorénavant s'affirmer comme un acteur à part entière à côté des élus locaux, des services déconcentrés de l'Etat et d'un secteur privé local.

Il est également important de signaler qu'une loi de programmation avant la mise en oeuvre du programme était en cours de préparation au niveau du Ministère du Plan, de la Programmation et de l'Aménagement du Territoire (MINEPAT). Par ailleurs, il existe plusieurs cadres de concertation et de dialogue entre les pouvoirs publics et les organisations de la société civile (OSC).

En dehors des cadres de concertation entre OSC et Etat mis en place sur le plan sectoriel, notamment dans les ministères, il y a le Comité de Gestion des Ressources (CGR) PPTE dans lequel les acteurs non étatiques ont 7 représentants contre 7 pour le gouvernement et 5 pour les bailleurs de fonds. Il y a également un Comité de Suivi (CS) du DSRP et un autre sur l'Initiative sur la Transparence des Industries Extractives (ITICE). A ces points, on peut également noter l'existence du Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi (DSCE) qui, se fondant sur les besoins et perceptions des populations recueillies à la base, se définit comme cadre fondamental des mécanismes de concertation entre l'Etat et les OSC dans l'optique d'une planification du développement socio-économique pour la période allant de 2010 à 202061.

Il existe également un Programme National de Gouvernance (PNG) qui met en exergue des rapports de complémentarité entre l'Etat et les OSC via une gestion collective sur des points de gouvernance tels :

61 République du Cameroun, Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi, notamment : « Résumé exécutif » : « Le DSCE se présente comme (...) « iv) un cadre de consultation et de concertation avec la société civile, le secteur privé et les Partenaires au développement. » p.27 : « le Gouvernement a organisé des consultations participatives couvrant l'ensemble du territoire afin d'inclure les populations et la société civile dans l'identification des problèmes économiques et sociaux et dans la formulation de la stratégie. » Chapitre 5 p.92 : « Gouvernance et Gestion Stratégique de l'Etat » : « améliorer la participation des citoyens et de la société civile à la gestion des affaires publiques. » Chapitre 5.1.4, section 376, p.94 : « Amélioration de l'accès du citoyen à l'information pour le contrôle de la gestion des affaires publiques ». Chapitre 7, p.125 « cadre institutionnel et mécanisme de mise en oeuvre et de suivi du DSCE » : « le secteur privé et la société civile, en tant que partenaires de l'Etat, seront également sollicités pour leur contribution dans la définition et la réalisation de certains volets spécifiques. (...) « L'Etat inscrira davantage son rôle économique dans le paradigme d'un « Etat stratège et pragmatique » et déclinera son action dans les domaines de la planification du développement, de la régulation du marché et de l'emploi et de l'appui à l'émergence du secteur privé et de la société civile afin qu'ils soient davantage en mesure d'assurer leurs rôles ».

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La rationalisation de la justice ; La lutte contre la corruption ; Une meilleure gestion des finances publiques ; La participation à la vie publique par les populations à la base,

particulièrement les couches les plus défavorisées (femmes,

jeunes et paysans) ainsi qu'au renforcement des capacités de la

société civile.

Adopté en fin 2005, ledit programme se fonde de manière spécifique sur « l'amélioration de la participation des citoyens et de la société civile à la gestion des affaires publiques ». Et dans ce dernier, figure en bonne place le renforcement de la société civile. Dans le premier plan d'action qui vient de s'achever, le PNG avait déjà réalisé une étude sur les OSC au Cameroun. Cette étude a montré qu'en 2003, il existait environ 56000 62organisations de toute nature qui conjuguent des apports significatifs auprès des pouvoirs publics en matière de développement socioéconomique.

Dans le nouveau plan d'action du PNG, il avait été prévu à court terme (2006-2007) d'élaborer un recueil des textes régissant le secteur des associations, enrichir le droit associatif, renforcer les capacités d'interactions du MINATD avec la société civile, établir un cadre de concertation coordination des activités de la société civile. Cette stratégie d'action entend éveiller de manière significative les OSC afin qu'elles soient des interlocuteurs stratégiques des pouvoirs publics. Ainsi, elle est fondée sur :

? La révision et l'harmonisation des textes principaux encadrant la société civile ;

? La dotation à la cellule OSC du MINATD d'outils d'amélioration de la gestion des OSC (répertoire informatisé des associations, base de données des personnes ressources de la société civile, base de données des organes consultatifs), qui seront également distribués aux futurs collectifs d'OSC ;

? La création d'un Réseau National (RN) d'OSC, structure faitière, auquel seront rattachées des plates-formes spécialisées dans les domaines substantifs de gouvernance (droits humains, observation électorale, lutte contre la pauvreté et lutte contre la corruption) dont le fonctionnement sera défini par des chartes de bonne conduite.

A moyen terme (2008-2010), il était prévu de déconcentrer le réseau national OSC et d'établir un fonds pilote de soutien aux activités de la société civile. La stratégie d'action est fondée sur :

62 Cf. Les cahiers du PASOC N°13, Décembre 2010, p.43.

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? La mise en place de cadres de concertation locaux ayant pour objet de fédérer les associations de base qui le désirent et la mise en place à titre pilote, d'un mécanisme de financement avec une part contributive de l'Etat de certains projets prioritaires des OSC.63

Par ailleurs dans les faits, en concordance avec ces dispositions pré illustrées, les acteurs de la société civile constituent une préoccupation majeure depuis plusieurs années dans les volets de la gouvernance au Cameroun. Beaucoup de leurs activités ont été suscitées et facilitées dans le cadre de plusieurs programmes relatifs à leur renforcement afin qu'elles s'approprient des mécanismes de concertation avec l'Etat. On peut noter entre autres programmes, le PRO-OSC de la coopération Canadienne, du PCPA porté par la coopération française.

A ces initiatives s'ajoutent un intérêt croissant de plusieurs partenaires techniques et financiers pour les questions relatives aux dynamiques de la société civile, notamment par la mise en oeuvre du Programme Concerté Pluri Acteurs Cameroun (PCPAC) financé par la Coopération française. Monté dans le cadre de la remise de la dette française, ce programme qui était rattaché de manière objective sur l'appui au plaidoyer a obtenu le mérite de mettre en lien les ONG, les syndicats et les organisations confessionnelles. Ceci a abouti à la création de deux réseaux à savoir, la dynamique citoyenne (suivi des politiques publiques) et les observatoires des Droits de l'Homme.

En outre, dans le cadre du suivi des projets découlant de la remise de la dette (D), l'agence française de développement et la coopération française subventionne le suivi autonome du dispositif D par la plateforme dette. A cela peut être ajouté le renforcement des capacités organisationnelles des OSC par la GTZ-DED (Allemagne) dans le cadre du PADDL et techniques (aux activités économiques de la société civile) par la SNV (Hollande) qui ont aussi permis de structurer les organisations locales dans le processus de décentralisation et à la promotion des économies locales et au développement durable.

Dans le cadre du 7ème et 8ème FED des programmes comme FOURMI I, FOURMI II, PACDDU et PACDET ont été mis en oeuvre dans l'optique d'appuyer les Organisations de la Société Civile au processus de programmation, d'exécution et d'évaluation des politiques publiques, dans une approche générale.

63 République du Cameroun, Programme National de Gouvernance (2006-2007), pp, 53-54.

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En définitive, tant au niveau international que national, beaucoup d'actions visent l'accroissement des capacités des OSC à participer dans la dynamique des politiques nationales de développement. Toutefois, au vu de la succession croissante des programmes d'appui à la société civile, l'on pourrait être convaincu de la présence d'un ensemble de pesanteurs susceptibles de rendre difficile l'appropriation des mécanismes de concertation par les OSC avec les pouvoirs publics.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo