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La protection de l'environnement dans le processus d'intégration de la communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (CEMAC).

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par Dieudonné MEVONO MVOGO
Université de Douala - Master II 2015
  

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SECTION II: Les avantages régionaux et mondiaux relatifs à la protection de l'environnement en Afrique Centrale

La protection de l'environnement devrait prendre de l'ampleur dans le processus d'intégration de la CEMAC. En effet, l'environnement doit gagner une place de choix au sein du processus d'intégration de la CEMAC. Les préoccupations environnementales lorsqu'elles avaient été exposées n'avaient pas bonne presse auprès des pays en développement234, c'est la raison pour laquelle, le Sommet de Stockholm de 1972 n'avait pas occupé une place importante parmi les préoccupations de ces pays. La tendance observée au Sommet de Rio de Janeiro était toute autre ; les Pays En Développement ont ainsi procédé à une considération de la protection de l'environnement235. Le vent qui a soufflé dès lors a impacté sur la conception par ces pays du développement ; ils ont vu ce qu'il y a à gagner ou à perdre si l'environnement est ou non protégé.

Il existe une pluralité d'enjeux relatifs à la protection de l'environnement notamment dans l'intégration de la CEMAC. Au-delà des enjeux économiques ou sociaux qui feront l'objet d'analyse dans les paragraphes suivants, l'intégration bénéficie du fait que le droit qui y est secrété est efficace. Ce qui a fait dire à S. CHARBONNEAU que « le droit communautaire permet à l'ordre juridique international de mieux s'imposer que dans le cadre des relations classiques »236. En plus du fait que le droit communautaire permet à l'ordre juridique international de mieux s'imposer, il y a aussi le fait que l'intégration est un processus essentiellement économique ; y adjoindre la protection de l'environnement, concourt à la promotion du développement durable. Par ailleurs, l'intégration régionale ou sous régionale constitue un relais pour le droit International notamment le droit international de l'environnement. Pour cette raison, Michel PRIEUR indique que l'on doit « penser globalement et agir localement »237, si l'on veut protéger efficacement l'environnement ; l'action régionale ou sous régionale devient ainsi fondamentale et complète l'action

234 En réalité, sortis de la Colonisation pour la plupart, les pays en développement voyaient en ces mesures environnementales un dirimant pour le développement économique ; tant ces mesures sont à première vue contradictoires aux objectifs économiques. Pour ces pays, l'Occident qui pollue pour se développer, voudrait maintenir les pays sous-développés en l'état. D'où la méfiance que les pays en développement avaient marqué face à la protection de l'environnement.

235 L'Occident a procédé à une véritable campagne de séduction auprès des pays en développement.

236 S. CHARBONNEAU, droit communautaire de l'environnement, l'Harmattan, 2002, p. 112.

237 Michel PRIEUR, « Mondialisation et droit de l'environnement », cité par Caroline MIGAZZI et Françoise PACCAUD, « La régionalisation du droit international de l'environnement », in S. DOUMBE BILLE (Coord.), La régionalisation du droit international, Bruylant, 2012, pp. 71-95, (spéc. 73).

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universelle238. D'où la conjugaison des enjeux régionaux et globaux liés à la protection de l'environnement dans le processus d'intégration de la CEMAC.

Il semble judicieux de présenter les enjeux sous régionaux et régionaux (Paragraphe I) et les enjeux globaux (Paragraphe II) relatifs à la protection de l'environnement dans le processus d'intégration de la CEMAC.

Paragraphe I : Les enjeux sous régionaux et régionaux de la protection de l'environnement dans le processus d'intégration

Les enjeux ici sont de deux ordres : sous régional et régional ; l'un n'excluant pas l'autre pour autant. En fait, à quoi correspond la région ? A quoi correspond la sous-région ? Ces deux notions font l'objet de confusion. En effet, il est difficile de déterminer une région ou une sous-région. Cette ambiguïté découle du fait qu'il y a contradiction entre les institutions telles l'ONU et l'UA dans ce domaine239. La doctrine n'échappe pas elle aussi à cet embrouillamini. Ainsi pour J. François GONIDEC, la région correspond à « la totalité du continent africain [et les sous-régions à] des regroupements d'Etats qui couvrent un espace plus ou moins étendu »240. C'est ce dernier découpage que nous retiendrons dans le cadre de cette analyse.

C'est donc dans le cadre sous régional (A) et régional (B) que nous chercherons les enjeux de la protection de l'environnement dans le processus d'intégration de la CEMAC.

A. ENJEUX SOUS REGIONAUX DE PROTECTION DE L`ENVIRONNEMENT

Les enjeux sous régionaux de protection de l'environnement dans le processus d'intégration de la CEMAC se résument sur les plans socio-économiques (1) et écologiques (2).

238 C. MIGAZZI et F. PACCAUD, op. cit., p. 73.

239 Ainsi pour la Communauté Economique Africaine (ci-après : « CEA »), «par région, l'on se réfère à l'espace géographique de l'OUA/UA « telle que prévue par la Résolution CM/Res.464 (XXVI) du Conseil des Ministres de l'OUA relative à la répartition de l'Afrique en cinq (5) régions, à savoir : Afrique du Nord, Afrique de I `Ouest, Afrique Centrale, Afrique de I `Est et Afrique Australe ». La Sous-région, quant à elle serait « l'ensemble d'au moins trois (3) Etats d'une même région » ».Consulter JANAL LIBOM Yanick Jacquinos, harmonisation et rationalisation des Communautés Economiques Régionales (C.E.R) en Afrique : le cas de l'Afrique centrale (1991-2010), Yaoundé, 2011, p.107.

240 P. F. GONIDEC, Les organisations internationales africaines : études comparatives, l'Harmattan, 1987, p.18

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1. Les enjeux socio-économiques

Les pays de la CEMAC comme tous les pays de la sous-région Afrique Centrale se caractérisent par une extrême pauvreté. Cette situation criarde est expressive tant sur le plan économique que social. En effet, le niveau de développement économique encore peu élevé de ces Etats entraîne des conséquences graves sur le plan social. La protection de l'environnement dans le processus d'intégration de la CEMAC se présente dès lors comme une opportunité. C'est à juste titre que BAKARY OUATTARA a soulevé que « le financement des activités liées à l'environnement peut servir non seulement à la protection de celui-ci mais aussi à d'autres secteurs »241. C'est le cas notamment pour le développement économique (a) et social de la sous-région (b).

a. Les enjeux économiques

A priori, il semble para doxal de parler d'enjeux économiques quand on évoque la protection de l'environnement ; surtout lorsque l'on sait l'antagonisme qui existe entre les deux domaines. Ce n'est pas les Etats membres de la CEMAC qui le démentiraient. Car ils veulent réduire le retard de développement économique qui les sépare de leurs modèles occidentaux242. Il reste tout de même que la protection de l'environnement est désormais un secteur économiquement viable. D'ailleurs, les fonds investis dans ce secteur donnent lieu à beaucoup d'emplois. Aussi, la protection de l'environnement concourt au développement industriel de la sous-région. De fait, la protection de l'environnement exige une technologie de pointe que les Etats membres n'hésitent pas à acquérir. Au de-là de la protection de l'environnement, cette technologie contribue au développement économique, au demeurant, il existe de nos jours une économie environnementale.

Par ailleurs, la protection de l'environnement rend les politiques économiques saines. C'est la raison pour laquelle l'on peut dire sans ambages avec Nicole Rose SIME que la « protection de l'environnement est indubitablement indissociable du développement durable »243. Les économies des pays d'Afrique Centrale dépendent de l'exploitation des ressources naturelles. Leur exploitation anarchique mettrait l'avenir des populations de cette localité en péril ; d'où la nécessité d'intégrer les exigences environnementales pour une

241 BAKARY OUATTARA, op. cit., p.191.

242 Gilles FIEVET, « Réflexions sur le concept de développement durable : prétention économique, principes stratégiques et protection des droits fondamentaux », in Revue Belge de Droit International, 2001/1-Eition Bruylant, Bruxelles, pp. 129-184, spéc. 129.

243 Rose Nicole SIME, op. cit., p.170.

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gestion parcimonieuse de ces ressources. Finie donc l'époque où les pays africains étaient frileux à l'idée qu'ils devaient protéger l'environnement ; car selon eux les exigences environnementales risquaient de freiner leur développement économique244. L'environnement et l'économie sont désormais conciliables. Les acteurs de l'intégration de la CEMAC ont dès lors intérêt à protéger l'environnement ; car selon Alice JARDILLIER, « la détérioration de l'environnement peut amener à miner le développement économique »245. La nécessité pour les Etats membres de la Communauté de protéger voire de renforcer cette protection ne se pose plus. La gradation de l'environnement est donc enclenchée. Il n'est plus seulement intégré par l'économie246, désormais l'on constate une autonomisation de la protection de l'environnement. D'ailleurs, les préoccupations de l'environnement n'hésitent pas à investir le domaine de l'économie.

b. Les enjeux sociaux de protection de l'environnement sous régional

Il a été établi que la dégradation de l'environnement et la pauvreté sont consubstantielles. C'est d'ailleurs à juste titre que JARDILLIER indique que la « pauvreté est à la fois effet et cause des problèmes mondiaux d'environnement » 247 . En effet, une population pauvre est encline à dégrader l'environnement ; et la dégradation de l'environnement concourt à la paupérisation voire à la fragilisation des populations. Au demeurant, « ceux qui ont le moins de ressources ont la plus faible capacité d'adaptation et sont les plus vulnérables »248 face aux effets de la dégradation de l'environnement. La destruction de l'environnement cause des conflits sociaux entre les populations autochtones par exemple249. Mais, la protection de l'environnement pourrait contribuer à ces défaillances sociales, en intégrant les populations dans la gestion des affaires publiques ; car d'après l'Agenda 21 des Nations Unies, ces populations doivent être impliquées dans la protection de l'environnement. Ainsi, elles pourraient bénéficier des retombées de la protection. Il faudrait peut-être le rappeler, l'environnement est un secteur pourvoyeur d'emplois. Les populations de ces Etats, pour la plupart illettrées, bénéficient des sessions d'instruction à travers les

244 BAKARY OUTTARA, op. cit., p.177

245 Alice JARDILLIER, op. cit., p.7.

246Ibidem, p.20. 247Ibidem, p.7.

248 Cette articulation est contenue dans un document produit par IPCC intitulé : « le Bilan 2001 des changements climatiques : conséquences, adaptation et vulnérabilité », sous l'égide de l'OMM-PNUE, p.6. Voir Sandrine MALJEAN-DUBOIS, « Environnement, Développement Durable et Droit International. De Rio à Johannesburg et au-delà ? », AnnuaireFrançaisdeDroitInternational, XLVIII CNRS Edition, Paris, 2002, p. 593.

249 En effet, « une politique qui consacre une utilisation rationnelle des ressources naturelles permet d'éviter des conflits sociaux ». Voir BAKARY OUATTARA, op.cit. 158.

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programmes d'éducation environnementale. En effet, mieux placées pour comprendre leurs écosystèmes, ces populations doivent être associées aux programmes environnementaux, lesquels passent par des séances éducatives.

2. Les enjeux écologiques de protection de l'environnement de la sous-région

La sous-région Afrique Centrale est le théâtre d'une variété d'activités. Celles-ci sont l'oeuvre soit des populations autochtones soit des les firmes qui exploitent pour la plupart les ressources naturelles. Les actions réalisées dans le cadre de ces activités constituent des menaces pour l'environnement. Il est nécessaire que le processus d'intégration de la CEMAC s'approprie la protection de l'environnement, ça en vaut la chandelle. En effet, les risques que ces activités laissent planer sur l'environnement rendent nécessaire la protection de l'environnement voire son renforcement dans le processus d'intégration de la CEMAC. Qu'en est-il exactement s'agissant de ces risques ?

a. L'encadrement des activités des populations

Dans leur combat quotidien de recherche du pain quotidien, les populations des Etats membres de la CEMAC polluent l'environnement. En réalité, force est de constater que la société africaine demeure encore archaïque. Ce qui induit que les populations, au départ pauvres, polluent leur environnement immédiat, dit microenvironnement. De fait, qu'elles soient en campagne ou en zone urbaine les actions des populations polluent l'environnement : c'est par exemple le cas des ordures dont la gestion demeure un défi à relever pour ces pays. En zone rurale par exemple, les activités de ces populations sont généralement agropastorales. Ainsi, les activités culturales sont généralement menées suivant des pratiques susceptibles de causer les dommages à l'environnement. C'est le cas de l'agriculture sur brûlis qui consiste à défricher une aire de culture pour ensuite brûler l'herbe préalablement coupée et séchée. Cette pratique conduit à l'appauvrissement du sol. Par ailleurs, la coupe incontrôlée de bois favorise l'avancée du désert. Il en va ainsi pour la protection des espèces ; car, nul besoin de le rappeler, l'Afrique Centrale est le théâtre d'un braconnage exacerbé250. Au regard de cet ensemble de préoccupations, l'intégration de la CEMAC se doit d'étendre son champ d'actions dans la protection de l'environnement, tant il est avéré que toutes les activités sont susceptibles de polluer l'environnement d'une manière ou d'une autre.

250 Plusieurs pays de la sous-région font l'objet d'activités de braconnage. Le Cameroun a été récemment victime avec le massacre d'éléphant au parc national de BOUBA NDJIDA.

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Pour ce qui est des activités en zone urbaine, l'on doit relever avec regret que les villes africaines et les villes des pays de l'Afrique Centrale souffrent encore des problèmes de gestion des déchets domestiques. De fait, les citadins continuent de déverser les déchets ménagers dans la nature, très souvent dans les cours d'eau. Ces pratiques polluent généralement l'environnement immédiat de ces populations.

b. L'encadrement des activités industrielles

L'activité industrielle en Afrique Centrale pollue aussi l'environnement. En réalité, cette aire géographique est très riche, l'une des plus riches d'Afrique. Que ce soit sur terre ou en mer. L'exploitation de ces ressources est souvent l'objet de débats. En réalité, les firmes multilatérales, majoritairement occidentales, procèdent à une surexploitation des ressources naturelles. Ceci ne va pas sans répercussions sur l'environnement. L'exploitation forestière par exemple indicative. La coupe anarchique de bois met en péril l'environnement. Cet aspect sera abordé dans les lignes à venir. Du reste, l'exploitation des ressources naturelles à l'instar des hydrocarbures, des ressources minières ou encore des ressources halieutiques fait l'objet de débordement. Somme toute, les activités réalisées en Afrique Centrale sont susceptibles de dégrader l'environnement. Etant donné que les écosystèmes sont étendus sur les territoires de plusieurs pays, il est important que ces Etats mutualisent leurs forces pour une maîtrise optimale de cette préoccupation. D'où la nécessité de renforcer la protection de l'environnement dans le processus d'intégration de la CEMAC.

Si la nécessité de protéger l'environnement s'impose dans le processus d'intégration de la CEMAC s'impose pour des enjeux sous régionaux, qu'en est-il des enjeux régionaux ou encore continentaux ?

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo