2.2-Les Risques de l'Environnement Economique
Le Cameroun vient de traverser une longue crise
économique et financière qui, pendant 20 ans a mis l'Etat
à genoux, le contraignant à une double baisse de salaire et
à des délestages du personnel au niveau de la Fonction Publique,
mais aussi à des privatisations massives des entreprises d'Etat comme la
SNEC. Cette crise économique et financière a été
aggravée par l'iniquité des termes de l'échange entre les
matières premières de nos pays en développement dont les
faibles prix sont fixés par les pays développés et leurs
produits manufacturés que nous achetons de plus en plus cher. A cela, il
faut ajouter la dévaluation de 50% du Franc CFA ; la non-maîtrise
de notre outil monétaire dont la moitié de nos réserves de
change est logée dans le trésor Français ; l'importation
massive des produits étrangers tels que la friperie, la brocante et
même les denrées alimentaires comme le riz...Tout ceci traduit
notre incapacité à transformer nos produits du sol et du sous-sol
et à produire la richesse par la valeur ajoutée.
Bref, l'environnement économique du pays était
tel que par orgueil ou par témérité, le Cameroun ne
pouvait pas tout seul s'engager à financer un projet aussi lourd que
celui de l'eau potable à Douala où le déficit était
énorme (150 000m3/jour). Les besoins étaient tout
aussi urgents à Yaoundé et dans les autres villes du pays. Pour
que les robinets ne tombent pas à sec partout, l'Etat a dû prendre
une mesure chirurgicale douloureuse à savoir la liquidation de la SNEC
qui était chargée de la gestion du Service Public de l'eau et son
remplacement par la CAMWATER pour la mise en place des infrastructures de
production et la CDE pour la distribution. Cette société
d'affermage qui marque une reprise par les Marocains d'une activité de
Service Public dans notre pays était peut-être le moindre mal pour
la sauvegarde du patrimoine, mais traduit à la limite une perte
partielle de la souveraineté de l'Etat sur le service public de l'eau
qui est un service stratégique. Car dès qu'on affirme et qu'on
proclame que « l'eau c'est la vie », on comprend douloureusement que
l'eau potable que les Camerounais consomment soit remise dans les mains des
étrangers même s'il s'agit d'un pays Africain. Certes, on n'avait
pas le choix, mais que vivement soit
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appliqué rigoureusement la règle administrative
selon laquelle « la confiance n'exclut pas le contrôle ! »
Le fait que selon le contrat d'affermage la CDE qui exploite
les infrastructures d'eau potable mises en place par l'Etat à travers la
CAMWATER soit également chargée d'en assurer la qualité
jusqu'au robinet du consommateur semble certainement logique, une condition
nécessaire pour que cette société soit complétement
engagée pour fournir de l'eau potable à la population . Mais au
bout de la chaîne, si nous tenons compte du fait que cette
société obéit avant tout à une logique commerciale
en cherchant à maximiser ses bénéfices , la
sécurité environnementale du réseau pour éviter les
incidents intempestifs d'origine externe, par exemple les agressions
éventuelles sur les canalisations, les châteaux d'eau ou sur le
pont-tuyau ne sauraient constituer une priorité pour la CDE. Elle ne
pourrait non plus s'engager à réparer avec le maximum de
promptitude nécessaire les cassures des tuyaux par les riverains des
canalisations ou par les véhicules qui roulent sur les chaussées
en terre dans les quartiers où les conduits d'eau potable sont
enterrés. Cela ne semble pas être non plus sa priorité !
En effet, les tuyaux en matière plastique
enterrés dans les tranchées sont souvent découverts par
les eaux de pluie de ruissèlement et exposés au soleil. Ils
risquent à tout moment d'être cassés et l'eau potable
qu'ils transportent d'être polluée par les eaux de pluie de
ruissèlement. Il nous a été donné de constater que
les incidents du réseau signalés directement chez les agents de
la CDE au niveau des agences de cette société restent souvent
pendant de longs mois sans réparation et même sont parfois
oubliés, alors que la potabilité de l'eau est en train de se
dégrader à cause de multiples attaques du réseau par la
pollution au niveau des points de cassure des tuyaux.
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