2- LES ORIENTATIONS DE LA GESTION DES RISQUES
ENVIRONNEMENTAUX AU SEIN DU PROJET
La gestion du risque environnemental dans un projet
structurant de grande envergure comme celui de l'eau potable à Douala
impacte plusieurs domaines, aussi sensible les uns que les autres et qui
nécessitent beaucoup de prudence, c'est-à-dire en fait beaucoup
de tact et de méthode pour sa conception, sa réalisation, et son
suivi pour qu'il puisse garantir durablement de l'eau potable aux citadins. Il
en est ainsi de l'environnement politique, économique,
écologique, social et sécuritaire qui nécessite à
tous les niveaux l'implication éclairée de l'Etat.
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2.1- Les Risques de l'Environnement Politique
Le Cameroun est un pays en développement qui se
déploie dans un monde de plus en plus globalisé où les
rivalités de toutes sortes et les pressions politiques et
géopolitiques sur nos petits pays sont de plus en plus féroces.
Pour ce projet, il a fallu d'abord que le Cameroun se débatte pendant
une vingtaine d'années pour sortir des griffes des plans d'ajustement
structurel imposés par le Fonds Monétaire International (FMI) et
la Banque Mondiale. Sans cette libération des chaines du concept «
pays pauvres très endettés » (PPTE) développé
par ces Institutions de Breton Woods, aucun partenaire bilatéral ou
multilatéral ne pouvait accepter d'accompagner la Cameroun pour
réaliser ses « grandes ambitions », c'est-à-dire ses
projets structurants de grande envergure comme CAMWATER Phase (I et II à
Douala).
Ensuite, l'Etat devait élaguer parmi les bailleurs de
fonds et les entrepreneurs pour choisir ceux qui devaient l'accompagner pour la
réalisation de cet important projet. Pour se faire, il fallait
éviter des pièges, des chantages, opérer un management
politique prudentiel qui tient compte et qui sauvegarde les
intérêts du Cameroun et des Camerounais. Car « les Etats
n'ont pas d'amis, ils n'ont que des intérêts ». Le choix de
la Chine, d'EXIM BANK of CHINA et de l'entreprise Chinoise CGCOC nous a
semblé judicieux et pertinent parce que non seulement il est
financièrement fiable, mais aussi il s'est opéré sans
aucun chantage dès lors que la coopération avec la Chine est un
modèle « gagnant-gagnant ».Les travaux ont
été réalisés en respectant les délais (4
ans).
Pour cette opération, les risques liés à
l'environnement politique et géopolitique étaient donc
énormes. Car il fallait que le Gouvernement du Cameroun développe
une « stratégie à deux volets gagnants
» c'est-à-dire permettre la réalisation à
Douala du projet CAMWATER avec la coopération Chinoise sans compromettre
la réhabilitation à Yaoundé de la vielle station de la
Méfou (50000m3/ jour) avec la coopération
Française. Dans les deux côtés, le Cameroun a réussi
à tirer son épingle du jeu.
Les risques de l'environnement politique deviennent encore
plus grands pour le Cameroun lorsque, face à des grands pays bailleurs
de fonds, la réalisation des projets structurants comme CAMWATER Phase
II et le 2eme pont sur le Wouri, les amènent à ne plus
cacher leur rivalité Géostratégique pour se positionner
dans notre pays afin d'arracher des parts de marché. Cette
rivalité au centre de laquelle se trouve le Cameroun devient encore plus
visible quand on se tient sur le pont du Wouri, le regard fixé vers
Bonaberi. On observe : à droite le pont-tuyau du projet CAMWATER Phase
II avec le drapeau de la Chine qui flotte à côté du drapeau
Camerounais ; à gauche le deuxième pont sur le Wouri en
construction
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avec le drapeau de la France qui flotte à
côté du drapeau Camerounais. Le management des risques politiques
dans une telle situation avec d'éventuels incidents de chantier n'est
pas facile. Il prouverait donc la maturité politique du Cameroun et
confirme la déclaration que le Président de la République
M. Paul Biya avait faite en Allemagne il y'a quelques années selon
laquelle : « le Cameroun n'est la chasse gardée de personne
! ».
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