2) Être assertif
Définissons dans un premier temps cette notion.
D'après Dominique Chalvin38,
« L'attitude assertive suppose que l'individu se sent des
droits légitimes à s'affirmer et se sent la capacité de le
faire tout en continuant d'être accepté socialement parce qu'il
sait développer une certaine habileté, même en milieu
critique ou agressif. »
Cela signifie en d'autres termes, qu'une personne
exerçant son assertivité est un individu qui ose dire « oui
» tout comme « non » d'ailleurs, considérant cette
expression de ses sentiments comme naturelle, normale. Cet individu use de tact
et de respect nécessaire lorsqu'il agit de la sorte afin que ses
collaborateurs, que les personnes qui l'entourent, ne soient pas
choquées, outrées, ou vexées, et continuent de le
considérer et de l'écouter. Dominique Chalvin ajoute à
cela39
« Être assertif c'est aussi estimer que sa vie, et,
en particulier, sa vie professionnelle, n'est pas le seul fait du hasard ou des
bonnes relations. Être assertif, c'est gérer sa vie
professionnelle et être responsable de son propre comportement en se
dotant de buts assertifs. »
Ce que D. Chalvin souhaite nous expliquer ici, c'est que
l'individu ayant une attitude assertive est conscient qu'il faut se donner les
moyens pour réussir, que rien n'est le fruit du hasard, mais qu'en
fonction du but que l'on s'est fixé, l'attitude, le comportement, la
façon de faire, sera différente selon l'objectif à
atteindre. Nous définirons plus bas, ce que signifie un « but
assertif ».
Il existe deux types de buts, les buts assertifs et les
non-assertifs, et chaque être humain se sent attiré plus par l'un
que par l'autre, en fonction de ce qu'il souhaite, consciemment ou
inconsciemment.
Les buts non-assertifs sont des objectifs fixés pouvant
conduire à des attitudes très borderline et pas forcément
bien acceptées ni considérées par les personnes
extérieures à la situation, par les observateurs. En effet, il
peut arriver que l'individu devienne passif, agressif ou se découvre
manipulateur. Dominique Chalvin distingue cinq buts non-assertifs40
pouvant engendrer ces attitudes. Le premier est d'être aimé
plutôt que respecté. Une personne avec un tel penchant court le
risque d'entrer dans une situation de chantage affectif, prête à
tout faire pour un ou plusieurs individus, dans la vie professionnelle ou
personnelle, dans le seul but d'être aimée. Cette personne passive
entre dans un cercle vicieux, qui ne risque que d'empirer, et ne lui apportera
certainement plus satisfaction à un moment donné. Le second but
non-assertif auquel fait référence D. Chalvin, est le besoin de
se rendre indispensable aux yeux d'autrui. Cet état crée une
dépendance à l'autre, apportant très certainement à
cette personne une estime de soi, mais qui n'est pas saine sur le long terme.
Le troisième objectif non-assertif est la volonté de
posséder une totale maitrise, jusque dans les situations les plus
improbables. Cet individu souhaite se placer comme un héros, comme un
sauveur de l'humanité. « Gagner l'approbation permanente
38 Dominique Chalvin, L'affirmation de Soi,
p.71, ESF Editeur, 2011
39 Dominique Chalvin, L'affirmation de Soi,
p.71, ESF Editeur, 2011
40 Dominique Chalvin, L'affirmation de Soi,
p.71 - 72, ESF Editeur, 2011
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de son entourage » est le quatrième but
non-assertif dont peut faire preuve un individu. En extrapolant, cela
reviendrait à dire, que la personne se soucie constamment de ce que
pense les autres, mais agit aussi pour les autres, n'ayant aucun contrôle
ni autonomie sur ces actes et ses pensées ! Le dernier but non-assertif
répertorié par D. Chalvin, est
d' »inspirer l'admiration ou la sympathie par son
abnégation au travail ou d'être plaint car surmené ».
Il ne faut pas confondre ici une personne carriériste, et une personne
fait preuve d'un dévouement sans limite pour son travail et souhaite
être reconnue pour cet abandon de soi à son entreprise ! Cette
aspiration à ce but, tout comme à celui d'être plaint d'un
éventuel surmenage, amène à des situations où le
collaborateur, le personnel, l'employé, devient un esclave de l'opinion
des autres.
Nous devons garder à l'esprit, que ces objectifs
non-assertifs, conscients ou inconscients, ne peuvent, sur le long terme, nous
conduire à des situations satisfaisantes, dans lesquelles nous sommes
épanouis et heureux. Il est ainsi plus que nécessaire d'imaginer,
de réfléchir et de développer des buts assertifs, qui ne
nous porteront pas préjudice et nous permettront de créer des
relations saines car respectueuses et durables avec autrui.
Nous avons vu ci-dessus
« Qu'être assertif c'est estimer que sa vie, et, en
particulier, sa vie professionnelle, n'est pas le seul fait du hasard ou des
bonnes relations. Être assertif, c'est gérer sa vie
professionnelle et être responsable de son propre comportement en se
dotant de buts assertifs. »41
Revenons à présent sur la notion de « buts
assertifs ». Au regard de la définition de l'attitude assertive,
nous pouvons considérer qu'un but assertif est un objectif que nous
avons choisi nous-mêmes en connaissance de cause. Cela signifie donc que
ce choix a été mûrement réfléchi, que les
avantages et les inconvénients inhérents ne nous étaient
pas inconnus, correspondant ainsi à ce que nous attendions comme
situation de vie, professionnelle comme privée. (Nous nous attacherons
ici uniquement au domaine professionnel.) Cela implique aussi que notre
réflexion nous a permis d'évaluer si ces buts étaient
compatibles avec l'environnement qui nous entoure, réalisables, et nous
a permis d'élaborer le cheminement à suivre pour les atteindre.
D. Chalvin, propose ici également cinq buts assertifs en relation
directe avec la vie professionnelle, que nous allons étudier. Il s'agit
de :
« Savoir situer son travail dans l'ensemble de son
existence parmi les autres buts de sa vie, obtenir un travail adapté
à ses goûts, traiter les difficultés avec lucidité
et réalisme, élaborer de bonnes relations professionnelles et
négocier avec le système pour optimiser buts personnels et autres
buts. »42
Il est donc nécessaire pour l'individu qui se veut
assertif, d'élaborer et de suivre une stratégie personnelle face
à sa vie professionnelle. Il est important de se demander ce que nous
attendons de notre travail et de nous donner les moyens de l'atteindre. Cela
passe par la définition de différents critères contribuant
à nos attentes, qu'il faudra comparer avec ceux des différents
postes vacants sur marché ou les diverses évolutions ou
possibilités dans notre emploi. Nous en venons ainsi au second point. En
ayant retenu différents critères, ceux contribuant à
l'accomplissement de nos attentes, nous sommes à même
41 Dominique Chalvin, L'affirmation de Soi,
p.71, ESF Editeur, 2011
42 Dominique Chalvin, L'affirmation de Soi,
p.72, ESF Editeur, 2011
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d'accéder à un travail qui correspond à
nos goûts. Cela passe, comme énoncé
précédemment, par le choix entre deux voies. « Changer de
travail »43, impliquant de recommencer toutes ces
démarches administratives, longues et éprouvantes, ou simplement
gérer sa position professionnelle. Cette possibilité passe par la
connaissance du fonctionnement de son entreprise, notamment du processus
décisionnel. Il est bien entendu nécessaire de savoir où
nous nous situons dans l'entreprise, quelles sont nos aptitudes (savoir,
savoir-faire, savoir-être et savoir-évoluer). Forts de ces
fondements, nous nous devons d'être réalistes face aux
difficultés professionnelles. Nous devons être conscients du
stress, des déceptions et de l'implication que cette évolution va
engendrer. L'angoisse et l'anxiété doivent pouvoir être
maitrisées. Différentes méthodes permettent de diminuer
ces contrariétés, comme par exemple s'efforcer de cerner les
difficultés avec réalisme, objectivité et lucidité
en se posant les bonnes questions, ou encore adopter une ou plusieurs des cinq
attitudes assertives suivantes44 :
« Se défendre (à l'opposé de
l'attitude passive), exprimer son désaccord à un
supérieur, repérer les situations qui vous font des
problèmes et chercher à les débloquer, contrôler
l'image que vous produisez, ou encore reconnaitre que les autres ont des
idées, des talents, des sentiments différents des nôtres.
»
Nous reviendrons à ces attitudes plus loin lorsque nous
traiterons des relations hiérarchiques, car la frontière, entre
l'individu en tant que personne et l'individu au sein d'un groupe, est ici
très fine.
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