3) Les relations hiérarchiques : le manager face
à ses collaborateurs
Les relations entre le manager et ses collaborateurs
présentent des similitudes avec les relations entre le manager et ses
collaborateurs. La différence fondamentale réside
néanmoins dans le fait que le manager, contrairement à son
supérieur hiérarchique, a pour fonction de supporter ses
collaborateurs, dans le sens de coacher, mais aussi de veiller et d'encourager
à la cohésion d'équipe. Nous développerons ces
points dans la dernière partie de cette thèse.
Les managers, pour être efficaces face à leurs
collaborateurs, doivent développer des comportements managériaux
efficients. Après avoir clarifié leurs besoins avec leur
supérieur hiérarchique, et assouvi ces besoins, les managers ont
pu développer leur maturité relationnelle ainsi que leur
autonomie professionnelle. Forts de ces compétences, ils sont capables
de d'encourager leurs collaborateurs à faire de même. Cela passe,
rappelons-le, par une adaptation de leur comportement, de leur style de
management, aux caractéristiques de leurs collaborateurs, par la
transmission de feed-backs, outil intéressant de progression
générale, mais aussi en tenant compte des motivations
individuelles, des besoins et intérêts de chacun, sans oublier de
déléguer progressivement quand le moment est propice.
Des outils ont été mis en place afin d'aider le
manager, de lui fournir des repères pour comprendre ses comportements
managériaux et pour les adapter au mieux aux caractéristiques
individuelles de ses collaborateurs. Nous présenterons ici la typologie
de Cegos et les niveaux logiques de Robert Dilts.62
62 Anne Lautay & Jean-Pierre Testa,
L'intelligence managériale, p. 76, ESF Editeur, 2011 (pour la
typologie de Cegos, les auteurs ont trouvé leur source dans le livre
Les nouveaux styles de management, écrit par Jean-Louis
Muller)
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Cette typologie de Cegos se construit à partir de deux
dimensions. Ces deux critères sont des notions que le manager doit
intégrer simultanément dans son comportement avec ses
collaborateurs pour être compétent. L'engagement vers les
résultats et coopérations sont donc deux éléments
fondamentaux au bon déroulement de ces relations. Le tableau suivant en
reprend les spécificités. 63
Engagement
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Coopération
|
Mission, contributions, activités et tâches
|
|
Ambiance, esprit d'équipe et sentiment
d'appartenance
|
Techniques, processus et procédures
|
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Prise en compte des remarques et suggestion du personnel
|
Qualité perçue par les clients internes
externes
|
et
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Actualisation et développement des
compétences
|
Productivité et optimisation des coûts
|
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Conditions matérielles et psychologiques du
travail
|
Organisation et gestion
|
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Information et synergies
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Contribution aux progrès
|
|
Motivation et implication
|
Préservation et consolidation des valeurs
ajoutées
|
/
|
Nous retrouvons dans ce tableau récapitulatif des
notions dont nous avons fait état précédemment, comme par
exemple la connaissance des besoins des individus, la mise en place
d'objectifs, la confiance en soi, la nécessité de feed-back, etc.
Cela nous montre bien qu'il est impératif de suivre une démarche
de l'intérieur vers l'extérieur pour remplir son rôle de
manager d'une manière efficace.
Ci-dessous la typologie de Cegos des styles de management,
aussi appelée cartographie des styles de management.64
63 Anne Launay & Jean-Pierre Testa
L'intelligence managériale, p.76, ESF Editeur, 2011
64 Anne Launay & Jean-Pierre Testa
L'intelligence managériale, p.76, ESF Editeur, 2011
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L'axe vertical correspond à l'engagement et l'axe
horizontal à la coopération.
La place de la « bulle » par rapport à l'axe
vertical indique le degré d'implication du manager dans ses actions.
Vers le haut, le manager aura un degré d'implication personnelle
élevé, et au contraire, vers le bas, le manager s'effacera plus,
laissant de l'autonomie à ses collaborateurs.
La place de la « bulle » par rapport à l'axe
horizontale renseigne sur le degré de coopération du manager avec
ses collaborateurs. Vers la gauche, le manager sera très
procédurier, et traitera les problèmes individuellement avec
chacun de ses collaborateurs. A l'opposé, une « bulle » vers
la droite, illustrera un manager qui communique et recherche la
coopération de chacun, l'émergence d'idées communes et la
cohésion d'équipe.
Il faut garder à l'esprit, que pour qu'un style de
mangement soit efficace, il doit être adapté à la situation
du moment présent. Il se peut que le lendemain, le manager doivent
adopter un tout autre style de management en raison d'un imprévu, d'un
impondérable, et ce jusqu'à ce que la situation redevienne «
normale ». De manière générale, il est important que
le manager trouve un juste milieu entre l'engagement et la coopération.
Il doit toujours penser à l'impact financier de ses décisions,
ainsi qu'aux conséquences sur le personnel de l'organisation, sur ses
collaborateurs, mais également au stress que telle décision lui
apportera.
Dans le cas où le manager se rend compte que son style
de management ne porte pas ses fruits, ou pire, que ses effets sont contraires
à ce qu'il envisageait, il est important de changer très
rapidement de cap. Cela consiste en la première action à
entreprendre, mais ce n'est pas tout. Il est aussi fondamental de comprendre
les raisons de cet échec. Robert Dilts a imaginé une pyramide
illustrant cinq niveaux logiques65, pour expliquer ces
déconvenues.
65 Anne Launay & Jean-Pierre Testa
L'intelligence managériale, p.77, ESF Editeur, 2011
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Ce modèle, suit notre logique, il permet de
révéler les comportements du manager de l'intérieur vers
l'extérieur.
Commençons donc avec l'aspect spirituel, qui permet au
manager d'identifier le sens qu'il donne à sa vie professionnelle, par
des questionnements intérieurs tels : que représente pour moi la
réussite professionnelle ? À partir de quel moment, de quels
éléments considèrerai-je que j'ai réussi ?
L'identité s'apparente ici à l'identité
professionnelle. Il s'agit par exemple de la fonction, du poste occupé,
du nom de l'entreprise, etc.
Les croyances et les valeurs font référence aux
opinions, aux appréciations que le manager porte sur les autres, sur le
monde, mais également aux éléments qui incitent ses
comportements.
La capacité englobe les compétences, les
aptitudes inhérentes au manager, desquelles il a conscience. Il peut
ainsi s'agir du savoir, du savoir-faire, du savoir-être, et du
savoir-évoluer.
Le comportement fait appel à ce qui est observable.
Cela concerne donc autant ce que le manager dit ou fait, que ce qu'il ne dit
pas ou ne fait pas.
L'environnement représente les éléments
qui interagissent avec le manager. Il est composé des différents
interlocuteurs internes et externes, tout comme de facteurs matériels et
immatériels.
Rédigeons à présent un exemple pouvant
illustrer ce modèle en partant de l'intérieur vers
l'extérieur :
« Mon objectif est d'aider mes collaborateurs à
être performants (spiritualité). J'occupe le poste de manager dans
l'entreprise x (identité). Je crois en les compétences de mes
collaborateurs (croyances) et je respecte leurs besoins respectifs (valeurs).
Je suis à même de rendre mes collaborateurs plus autonomes et de
les aider à gagner en maturité relationnelle (capacité).
J'organise des réunions de brainstorming pour connaître leurs
idées et favoriser le travail en équipe (comportement). Tout cela
a permis à mes collaborateurs d'être plus autonomes et confiants,
ils s'occupent donc de nouvelles missions (environnement). »
Ainsi, pour adopter un comportement managérial
efficace, le manager doit partir de son intérieur vers
l'extérieur, passant par ces différentes étapes de
connaissance de soi. Nous retrouvons ici tout l'intérêt de se
connaitre soi-même pour pouvoir manager une équipe
efficacement.
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