2. Problématique
En 2010, la RDC a élaboré sa Stratégie
quinquennale (2011-2016) pour le développement du sous-secteur de
l'Enseignement primaire, secondaire et professionnel (EPSP). A travers cette
stratégie, le gouvernement congolais s'est engagé à
accroitre l'accès à l'éducation, l'équité et
la rétention, et à améliorer la qualité de
l'éducation. Pour y parvenir, deux plans ont été
élaborés: Le « Plan d'actions prioritaires» pour la
période 2010-2011 et le «Plan Intérimaire de
l'Education» mis en oeuvre de 2012 à 2014.
9
Cependant, plusieurs rapports mentionnent l'absence de
l'équité dans l'éducation congolaise. Il s'agit notamment
du rapport de l' « enquête nationale sur les enfants en dehors de
l'école, publié par le ministère de l'EPSP, et du rapport
bilan des OMD produits en 2015 par la RDC publié par le PNUD. A la
lecture de ces rapports on s'aperçoit que le pays a
déployé les efforts énormes dans le secteur de
l'éducation, et que ces efforts ont permis d'accroitre le taux brut de
scolarisation dans l'enseignement primaire. On dirait donc que le pays
enregistre une très faible différence entre les filles et les
garçons quant à l'accès à l'école de base,
donc l'absence d'une discrimination directe entre les sexes. Paradoxalement, le
niveau d'équité est resté faible dans l'éducation.
Les inégalités entre les sexes persistent, la rétention
à école et l'achèvement des cycles scolaires restent des
domaines dans lesquels les différences entre filles et garçons
sont profondes. Et cette différence reste très marquée en
milieu rural comparativement aux centres urbains, la situation de la femme
étant différente dans ces deux milieux.
Ainsi, partant de l'observation sur terrain, nous affirmons
que l'une des raisons fondamentales de la persistance de
l'inégalité entre filles et garçons est le fait que
l'autonomisation de la femme ne soit pas encore acquise dans le secteur de
l'éducation. C'est pourquoi, de ce paradoxe apparait un questionnement :
dans le contexte rural de la RDC, comment faire à ce que
l'éducation conduise à l'autonomisation de la femme?
Face à cette question, la théorie de la justice
sociale de Rawls et celle d'égalisation des opportunités de Sen
nous renseignent que l'éducation contribue à l'autonomisation de
la femme au travers de la promotion de l'équité dans
l'éducation et de la prise en compte de la dimension genre dans les
stratégies et plans de l'éducation.
C'est de cet enseignement que naissent ces deux interrogations
spécifiques:
a) Les objectifs prioritaires retenus par la stratégie
de développement de l'EPSP sont-ils suffisants pour promouvoir
l'équité dans l'éducation?
b) Se référant au « Cadre d'Habilitation
de la Femme », de quelle manière la Stratégie de
développement du sous-secteur de l'EPSP prend-t-elle en compte la
dimension genre?
|