SECONDE PARTIE : L'EDUCATION EN RDC ET LA SENSIBILITE
AU GENRE
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INTRODUCTION DE LA SECONDE PARTIE
Dans la première partie de ce travail, nous avons
démontré que le but de l'éducation pour tous ne se limite
pas uniquement à la promotion de l'accès des filles et
garçons à l'éducation. Elle implique aussi et surtout
l'équité dans celle-ci. Cela implique, comme le mentionne MARTIN
MICHAELA (2010) «une représentation et une réussite des
filles et des garçons durant tout leur processus
éducatif».
La partie a également révélé que
les efforts de la RDC en matière de l'éducation pour tous n'ont
pas su conduire à l'accroissement de l'équité. Et
pourtant, la théorie d'égalisation des capacités et
opportunités de Sen nous ont démontré que
l'égalité de sexe nécessite plutôt
l'équité entre filles et garçons en termes de
possibilités d'éducation. Ainsi, la lutte pour l'éducation
pour tous devrait également s'attaquer aux facteurs qui constituent des
barrières aux possibilités d'une éducation
égalitaire.
Partant de ce constat, la seconde partie de notre
mémoire se met à la quête d'une stratégie permettra
d'atteindre cet objectif. De manière pratique, nous comptons effectuer
une évaluation du degré de prise en compte des problèmes
des filles et des femmes dans les politiques publiques en matière
d'éducation, et proposer, par la suite, un ensemble d'objectifs qui,
selon nous, méritent d'être intégrés parmi les axes
prioritaires de la stratégie pour le développement du
sous-secteur de l'EPSP. Mais avant d'y parvenir, il nous semble opportun de
clarifier le concept d'autonomisation (de la femme).
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TROISIEME CHAPITRE : GENERALITES SUR
L'AUTONOMISATION DE LA FEMME
INTRODUCTION DU TROISIEME CHAPITRE
L'autonomisation fait partie de ces concepts pour lesquels
tout le monde semble comprendre ou ignorer les sens. Dans le langage courant,
ce concept est principalement réduit à la seule
indépendance économique. La précision du sens
accordé à ce concept nous a paru une étape primordiale et
nécessaire pour la compréhension de notre travail. Raison pour
laquelle tout un chapitre lui a été dédié.
Ainsi, ce troisième chapitre relève la
définition de l'autonomisation de la femme et recense les engagements
pris tant au niveau international que national pour atteindre ce but social.
3.1. Conceptualisation de l'autonomisation de la
femme
L'autonomisation est actuellement l'un des termes les plus
employés en matière de développement. Pourtant, il n'en
reste pas moins vrai que ce terme soit également l'un des moins compris
si l'on s'en tient à son observation et à sa mesure.
Théoriquement, autonomisation provient du concept
autonomie, lui-même
issu des mots « auto » (soi-même) et «
nomos » (loi, règle). Donc étymologiquement autonomie
signifie la capacité ou le droit de se donner à soi-même
(c'est-à-dire à ses actes et décisions) sa propre loi (ou
sa propre règle).
Ce concept présente diverses significations selon qu'il
s'agit de tel ou tel autre domaine.
En philosophie, l'autonomie signifie la faculté d'agir
par soi-même en se donnant ses propres règles de conduite.
L'autonomie caractérise, selon les philosophes de Lumières, la
raison humaine, la raison pratique ou morale. C'est dans cet angle que,
s'exprimant sur l'autonomie, KANT EMMANUEL encourage «l'homme à
sortir de l'état de minorité en l'invitant à penser par
lui-même pour ne
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pas être dirigé par un autre » ; et
DESCOMBES VINCENT pense que « être autonome n'est pas s'inventer,
mais être capable de se diriger seul »17.
Quand il s'agit de la médecine, l'autonomie
réfère au respect de la volonté du patient dans la prise
des décisions le concernant.
Par ailleurs, dans un sens restreint de la sociologie,
l'autonomie réfère à l'aptitude d'une personne à
s'intégrer de manière individuelle dans la société.
Ceci est en opposition à la situation d'assistance de la part des tiers
et des pouvoirs publics. Elle correspond donc à la capacité
à s'auto-suffire et/ou à s'autogérer.
Au fil du temps, le terme autonomie a été
récupéré par le mouvement féministe. Militant pour
les droits des femmes, ce mouvement utilise beaucoup plus le mot
autonomisation18 qui est la traduction française du concept
anglais «empowerment».
D'après STROMQUIST (1993), le concept
empowerment serait utilisé pour la première fois aux
Etats-Unis d'Amérique, lorsque des groupes des femmes luttaient pour la
reconnaissance de leurs droits. A l'origine, il signifiait l'octroi de plus de
pouvoir aux individus ou aux groupes défavorisés pour agir sur
les conditions sociales, économiques, politiques et écologiques
qu'ils subissent. Ainsi, cette auteure définit l'autonomisation de la
femme à partir de quatre composantes essentielles:
? La composante cognitive : inclut la
compréhension par les femmes de leurs conditions de subordination et de
leurs causes au niveau macro et micro de la société. Elle
implique l'acquisition des nouvelles connaissances engendrant une nouvelle
conception des rapports entre les sexes ainsi que la suppression des vielles
croyances qui structurent les idéologies traditionnelles entre femmes et
hommes;
? La composante psychologique : inclut le
développement des sentiments que les femmes peuvent influencer
l'amélioration de leur condition. Ce qui signifie croire au
succès de leurs efforts initiant tout processus de changement
positif;
? La composante économique: requiert
que les femmes soient capables de s'engager dans une activité productive
qui leur permettra d'accéder à un certain degré
d'autonomie, peu importe qu'elle soit faible ou difficile à obtenir au
départ ; et, en fin ;
17 Cités par Molenat (2010)
18Cette traduction ne comporte cependant pas tous les
sens donné par empowerment
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? La composante politique comprend la
capacité à s'organiser et à se mobiliser en vue de tout
processus de changement.
Ainsi donc, par l'autonomisation de la femme nous comprenons
le processus qui permet à la femme de renforcer le pouvoir de choisir,
de façon consciente et libre, le style de vie qu'elle considère
bon et la manière qu'elle croit être la meilleure pour mener cette
vie.
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