CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
Le cadre juridique congolais, en commençant par la loi
fondamentale, reconnait l'égalité en droit et en devoir entre
l'homme et la femme. Mais, dans les structures éducatives congolaises,
ces prérogatives semblent être ignorées. Les femmes et les
jeunes filles continuent de subir des inégalités, des
préjugés et clichés sexistes.
Pourtant, l'analyse des théories de la justice nous a
permis de relever les éléments de base d'une justice sociale.
Ainsi sommes-nous arrivés à la conclusion qu'une politique
d'éducation pour tous doit non seulement répondre aux besoins
éducatifs des filles et des garçons mais aussi et surtout
combattre les stéréotypes qui maintiennent les femmes dans
l'état de subordination.
A cet effet, faut-il admettre que les objectifs prioritaires
retenus par la stratégie pour le développement du sous-secteur de
l'ESPS sont-ils suffisant pour parvenir à l'équité dans
l'éducation en RDC ?
Les données officielles et les enquêtes que nous
avons menées sur la situation de la femme dans l'éducation en RDC
ont révélé les faits suivants :
? La grande majorité de la population congolaise vit en
milieu rural, milieu où le changement social évolue très
lentement;
? En 2009, La différence du taux brut de scolarisation
est faible entre les filles et garçons (83 % contre 97,5%) au cycle
primaire et beaucoup plus accentuée au niveau secondaire (28,2 % contre
51,2%). Cette tendance montre que dans la globalité, il n'existe pas de
discrimination directe à l'encontre des filles quant à
l'accès à l'école en RDC.
? La même année, de tous les enfants inscrits
à l'école 34 % des filles ont achevé le cycle primaire
(contre 55,9 % des garçons), et 13,4 % des filles le cycle secondaire
(contre 36,2 % des garçons). Donc le premier problème
d'équité dans l'éducation se pose en termes de
rétention.
? Parallèlement, les femmes jouent le rôle
plutôt secondaire dans toutes les structures éducatives, allant du
comité des élèves à l'inspection. Cela
démontre, aux yeux des élèves que les
responsabilités sociales sont l'apanage des hommes.
? Enfin, il existe énormément des
stéréotypes et clichés sexistes présents dans les
manuels scolaires et propagés par l'éducation en RDC.
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Face à cette situation, les efforts du gouvernement,
qui visaient entre autre l'équité, ont été
exclusivement focalisés sur la gratuité de l'enseignement
primaire, la construction des infrastructures scolaires et la distribution des
manuels scolaires (pourtant porteurs des stéréotypes).
A cet effet, les analyses effectuées au travers de
cette partie permettent de confirmer notre première hypothèse.
Car, s'il faut prendre en compte le contexte mentionné ci-dessus,
l'application des mesures de gratuité de l'enseignement primaire, la
construction des salles de classe et la distribution des manuels scolaires ne
constituent pas la principale voie pour favoriser l'équité dans
l'éducation.
Nous retenons ainsi qu'une politique soucieuse de
l'équité dans l'éducation doit plus s'investir dans la
rétention des filles à l'école, l'amélioration de
la place de la femme dans les structures éducatives formelles et dans le
combat contre les stéréotypes et les préjugés
existant dans l'éducation.
A cet effet, les programmes et projets visant à assurer
l'inscription de « toutes les filles, ou tous les enfants à
l'école » doivent être remplacés par ceux qui
permettent que « tous les enfants finissent l'école». Aussi,
les efforts doivent être concentrés au niveau secondaire et, dans
les limites des moyens disponibles, élargis au supérieur. Il en
serait de même pour les mesures de l'autonomisation de la femme.
Celles-ci doivent retenir les indicateurs au niveau secondaire et
supérieur et non au niveau primaire.
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