2.1.5. Les causes structurelles des
inégalités dans l'éducation
? Les pesanteurs socioculturelles
Les efforts vers l'équité et l'autonomisation de
la femme se heurtent aux pesanteurs socioculturelles qui occultent le
rôle important que les femmes jouent dans la vie sociale et
économique du pays. Parmi ces facteurs, il y a lieu de citer :
- Le mariage et les grosses précoces largement rependu
dans les zones rurales de la RDC et qui peuvent s'expliquer par plusieurs
raisons : existence des préjugés (ex : les femmes qui se marient
en retard ont moins de possibilité d'avoir des enfants), le manque ou
l'éloignement d'institutions d'enseignement supérieur et d'autres
alternatives pour l'occupation des jeunes adolescents, etc. ;
- La répartition sexuelle du travail réservant
aux filles l'essentiel des travaux domestiques principalement dans les milieux
ruraux. En effet, des focus groups organisés (lors du stage) avec les
élèves lors des enquêtes précitées ressort le
fait que certains enfants sont obligés par les parents d'abandonner les
études afin de s'occuper de la garde des petits enfants quand les
parents s'occupent des activités agricoles ou du commerce
ambulatoire.
- Dans des situations où les parents ne disposent pas
assez des ressources pour scolariser les enfants, la priorité est
accordée aux jeunes garçons pour deux raisons: il est largement
admis qu'à l'absence du père, c'est le garçon qui assure
la charge de la famille ; et la fille se chargera des travaux de ménages
car il existe quelqu'un (un homme) qui prendra ses charges. Ces clichés
privent les filles des ressources pour poursuivre les études et
réduisent leurs motivations étant données qu'elles
développent moins de vision pour le future.
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CONCLUSION DU DEUXIEME CHAPITRE
Le gouvernement de la RDC a déployé
énormément d'efforts pour parvenir à l'éducation
pour tous. Mais, les inégalités entre filles et garçons
restent très prononcées dans le secteur de l'éducation. Si
elles ne sont pas perceptibles pour l'accès à l'éducation,
leur proportion est inquiétante quant à la rétention
à l'école et la poursuite des études. Ce chapitre a donc
clairement démontré le manque d'équité entre les
sexes dans l'éducation en RDC.
Cette iniquité s'observe à travers la
différence entre filles et garçons dans la rétention
à l'école (faible taux d'achèvement et taux d'abandon
élevé pour les filles), la participation de la femme dans la
gestion des structures éducatives (elle y joue un rôle secondaire)
et dans la présence des stéréotypes et clichés
sexistes (observables à travers la place et les rôles
réservés aux hommes et aux femmes dans les manuels scolaires).
Il est certes évident qu'à ce niveau la
responsabilité du pouvoir public face à ce problème doit
être assumée. Car, la stratégie nationale reconnait
l'existence de ces stéréotypes, bien qu'aucune analyse
approfondie à cet égard ne soit menée ; on ne peut donc
pas mentionner l'ignorance. Et, bien que, par exemple, les textes des manuels
scolaires constituent un héritage historique, le gouvernement a la
possibilité de les mettre hors d'usage et de concevoir des textes
porteurs des messages constructifs pour les enfants des deux sexes.
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