2) L'expansion du christianisme à
l'intérieur pendant la période Coloniale allemande : la Mission
de Bâle (1886-1915)
La Mission de Bâle54 ou Basler Mission
(B.M.) en Allemand remplaça la Mission Baptiste de Londres en 1886,
après la prise de Douala par l'Allemagne à l'issue de
Traité Germano-Douala du 12 juillet 1884. Du fait que la B.M.S.
exerçait une grande influence sur le peuple et surtout du fait qu'elle
détenait des points stratégiques dans la ville de Douala, il
était devenu tout à fait évident qu'elle ne saurait se
retirer au profit d'une Mission religieuse, qui était tenue en respect
par l'administration coloniale.
La B.M. était inter-dénominationnelle et en
particulier luthéro-réformée. Au cours de la colonisation
allemande, le Cameroun reçoit des missionnaires luthériens et
réformés. C'est pendant cette période qu'on peut
précisément situer le début de l'émergence de
l'Église qui deviendra, en 1957, par la reconnaissance officielle de sa
constitution, l'Église Évangélique du Cameroun.
Ce fut à la conférence des Missions de toute
l'Allemagne qui se tint à Brème du 27 au 29 octobre 1885, que
l'on demanda à la B.M. de s'occuper de l'évangélisation du
Cameroun. Cela en raison de son expérience acquise depuis plusieurs
années en Afrique, plus précisément sur la Côte
d'Or, et en raison aussi des obligations des sociétés allemandes
dans d'autres parties du monde. La Côte d'Or avait déjà
coûté trop de sacrifice en hommes et femmes missionnaires pour
qu'elle pût se doter de bonne grâce d'un second « champ des
morts ». En outre, la B.M. eut peur de sacrifier le caractère
international de la Mission chrétienne aux buts nationaux. Cependant,
à l'issue de longs pourparlers, tout à la fois au sein du
Comité Directeur de la B.M. avec la B.M.S., les sociétés
soeurs allemandes et avec le gouvernement allemand, la B.M. finit par accepter.
De la part du gouvernement, elle obtint le droit d'acquisition des terrains,
dont elle aurait besoin pour l'extension de l'oeuvre, le droit d'interdiction
du commerce des boissons alcooliques à l'intérieur des
agglomérations chrétiennes, et le droit de réglementer les
modalités de vie des Églises et des écoles à
fonder55.
53 I. J. Comber, "Explorations inland from Mount
Cameroun", in proceedings of the Royal Geographical Society, april 1879, p. 225
ff.
54 L'Appellation française officielle de la
Basler Mission est : La Société des Missions
Évangéliques de Bâle.
55 W. Oettli,
Gegenwärtige Missionsprobleme, Basel, 1911,
p. 174.
23
Du côté du public chrétien d'origine
allemande, la B.M. qui était une société de la Suisse
Allemande et de la région Wurtembergeoise en Allemagne du Sud-Ouest,
reçut l'assurance que les allemands se sentiraient tout
particulièrement responsables du nouveau champ du Cameroun. Les premiers
missionnaires à destination du Cameroun furent en effet les allemands.
Il s'agissait de : Christian Dilger, Johannes Bitzern Friedrich Becher et
Gottlieb Munz qui arrivèrent à Douala le 26 décembre 1886.
Ils furent bien accueillis par J. J. Fuller qui avait été
accrédité pour régler le transfert des biens meubles et
immeubles de B.M.S. à la B.M. Leurs débuts furent difficiles.
L'un d'eux, Becher, mourut quatre jours après leur arrivée.
Aussi, la première nouvelle à envoyer à Bâle
fut-elle celle d'un décès. Mais, bien d'autres tristesses ne
tardèrent pas à s'annoncer. Les contributions pour l'oeuvre du
Cameroun commencèrent aussitôt à venir des cercles
missionnaires du Würtemberg, Baden, Rheinpfalz et Hessen. A Stuttgart, un
centre d'entraide du Cameroun fut constitué pour assurer l'acquisition
des fonds allemands pour la Mission du Cameroun56. C'était
donc ces adhérents qui adoptèrent ce nouveau champ et, à
cet effet, la B.M. se présentait au Cameroun, en tant qu'une mission
allemande qui devait fait aux Églises en place.
a) La Mission de Bâle contre la
Native Baptist Church
Aux termes de l'accord de passation de service entre la B.M.S.
et la B.M., la condition de transfert était que, les Églises
baptistes « natives » seraient en droit de garder leurs
chapelles, leur confession baptiste et leur indépendance
vis-à-vis d'une Mission étrangère. Dans toutes les
stations, sauf à Bethel, les temples étaient construits sur des
terrains de biens publics, en dehors de la propriété de la B.M.S.
Ces temples étaient par conséquent reconnus comme
propriété légale de l'Église Baptiste «
native »57. En plus, durant des années, la
B.M.S. avait appris aux chrétiens autochtones à subvenir aux
besoins de leur Église, à payer les ouvriers et à financer
le programme d'éducation des enfants. C'est ainsi que l'évangile
avait crée ipso facto des communautés, des Églises qui
deviendraient d'elles-mêmes, porteuses du message
évangélique. Parmi les membres des Églises de Douala et de
Victoria, il y avait de bons leaders, qui savaient faire abstraction
d'eux-mêmes et se donner corps et âme à l'Église
qu'ils aimaient. Bref, la Native Baptist Church était en voie
de s'épanouir à travers les tentacules de la vieille tradition,
en une Église vraiment autochtone et chrétienne.
Il va de soi que la B.M., en vertu de ses idées
occidentales, devait se heurter à la mentalité chrétienne
camerounaise. Il paraît que les dirigeants de la B.M. eurent un
pressentiment de ce
56 W. Schlatter, Geschichte der Basler Mission,
Basel, 1916, III : 221.
57 Th. Lewis, These Seventy Years, an Autobiography,
London, 1929, p. 90.
24
qui devait arriver, parce que, dans l'instruction que
reçurent les premiers missionnaires en partance, il est dit :
Il s'agit d'établir de bonnes relations entre la MB et
les chrétiens baptistes autochtones et leurs dirigeants. La
méthode à suivre est de les soumettre à la direction de la
B.M. et aux principes de son organisation ecclésiastique. Si les
chrétiens témoignent de leur désaffection, la B.M.
préfère un développement autonome des Église s
baptistes, tout en essayant d'établir des relations fraternelles avec
elles58.
D'autres parts, on conseilla aux missionnaires d'user de
prudence, en ce qui concerne le rite de baptême des adultes et par
immersion, qui devrait être pratiqué conformément aux
usages des Églises du Cameroun, du moins pendant les premiers temps. Ce
ne serait que plus tard que la pratique bâloise deviendrait la forme
normale.
Les difficultés ne provenaient donc pas d'une
différence doctrinale entre les deux confessions, en ce qui concerne le
baptême des enfants. Il semble que les deux confessions
s'entrechoquèrent sur le plan de l'organisation ecclésiastique.
Les chrétiens autochtones revendiquaient, d'après leur tradition,
un système d'union des paroisses (églises), plus ou moins
autochtone et indépendantes. Mais, les bâlois rejetèrent
cette conception congrégationaliste en soulignant en outre que, les
différentes communautés devaient être dirigées et
surveillées par les missionnaires. Sur le plan moral, les deux
confessions étaient opposées. De même, la nouvelle Mission
reprochait aux chrétiens leur commerce lucratif en boissons alcooliques
et désapprouva l'esprit léger dont témoignaient les
pasteurs dans l'exercice de leur ministère. En effet, le pasteur Fuller
fut accusé d'avoir baptisé un bigame et son collègue
Dibundu un autre, marié à trois femmes. Un moniteur aurait
été exclu de l'église pour adultère et
réadmis après un délai de quatre mois59. Enfin,
la B.M. eut le chagrin de constater que les écoles ne marchaient pas
normalement à cause du fait que le système autochtone s'adaptait
mal à la discipline et à la culture germanique que l'on a voulu
lui inculquer.
La rupture se produisit le 18 mars 1888, après de
multiples réunions tumultueuses. La tension était
accentuée principalement entre le pasteur Dibundu et ses anciens
Tundé, Nkwe, Collins et G. Munz, surintendant de la Mission. Le 9 mars,
les anciens de l'Église de Bethel avaient déposé un
mémorandum contenant les quatre points suivants : la
désapprobation du baptême d'adultes par aspersion, la maintenance
du droit de contribution au salaire du pasteur et aux frais
généraux ecclésiastiques, la reconnaissance du droit
d'autonomie de l'Église, la proposition d'introduction du baptême
d'enfants suivant le rite par aspersion.
58 E. Scheve, Die Mission der deutschen Baptisen
in Kamerun, 1884-1901, Berlin, 1901, p. 6.
59 W. Oettli,
Gegenwärtige Missionprobleme, Basel, 1911,
p. 177, in J.V. Slageren, Les origines de
l'Église Evangélique,
p.48.
25
Munz de son côté avait formulé les
recommandations suivantes : la prohibition du commerce des boissons
alcooliques, l'interdiction de l'adultère, l'abolition de la coutume de
s'acheter des femmes.
L'entente étant devenue impossible, la Native
Baptist Church abandonna le centre de Bethel et se constitua en une
Église indépendante, sous la direction du pasteur Dibundu. Ses
fidèles connurent une période d'entraînement
passionné. Des temples se construisirent à Bonaku, Bonanjo,
Bonabela et l'oeuvre se répandit plus loin dans les environs de Douala.
Mêmes les écoles se maintinrent par l'engagement d'enseignants qui
ne recevaient sous forme de traitement : « qu'un peu de savon, de tabac,
des allumettes, des cadeaux qui représentaient alors les dons des
chrétiens »60. Cependant, à la suite des
protestations de la B.M. auprès des autorités allemandes, les
« natives » se virent privés du droit de
pénétrer dans les zones d'influence de la B.M.61.
b) Le développement de la Mission de Bâle
à Douala
Malgré la rupture avec les « natives
», la B.M. réussit à organiser un programme scolaire
correspondant aux idées acquises à la Côte d'Or,
c'est-à-dire, la surveillance stricte des élèves et
l'infusion des notions chrétiennes au moyen de la langue locale. A cet
effet, les bâlois utilisaient les données linguistiques
élaborées par Saker. C'est par leur contribution à
l'étude de la langue Douala que celle-ci devait prendre une ampleur,
telle qu'elle évolua peu à peu jusqu'à être un moyen
de communication des pensées évangéliques et
civilisations, dans tout le Sud-Cameroun. En 1887, l'un des professeurs de la
B.M., Christaller, fut envoyé, d'entente avec la B.M., au service du
gouvernement allemand pour mettre sur pied un programme d'enseignement officiel
à Douala. Il prépara de nombreux livres scolaires, une grammaire
de la langue Duala et fonda une école dans le quartier Bell en
1888, puis à Déido, ainsi qu'à Victoria. Christaller
s'efforça aussi de donner une formation supérieure en Allemand
à ceux qui étaient déjà engagés au service
du gouvernement allemand. De fait, la B.M. réussit, en relativement peu
de temps, à consolider sa position dans la cité de Douala d'une
part, et à jeter les bases pour faire progresser l'oeuvre vers
l'intérieur d'autres parts. Il est tout à fait évident que
le succès bâlois résidait dans l'application de sa
méthode éducative.
60Ngando Nsangué, " L'oeuvre Baptiste du
Cameroun ", "Dikalo", Journal édité par la Mission
Protestante Française au Cameroun, numéro spécial, 1945,
pp. 87-91.
61 E.Hallden, The culture Policy of the Basel
Mission in Cameroons, 1886-1905, Studia Ethnographica Upsaliensa XXXI,
Lund, 1968, p. 87-91.
26
Les Douala, déjà conscients de l'importance de
la culture européennes, s'arrangèrent à en tirer
profit.
c) La pénétration de la Mission de
Bâle à l'intérieur
La B.M. avait d'abord consolidé sa base à
Douala. Ensuite, son oeuvre se propagea rapidement. Les bâlois devaient
bénéficier de la colonisation allemande : voies de communication
permettant le contact avec l'intérieur, la pacification des tribus en
guerre, la protection des vies et des biens missionnaires et la destruction des
puissances hostiles à la pénétration européenne se
nommant : « Die Losangoleute »62. La
première station s'ouvrit à Mangamba, dans le pays Abo en 1889.
Les bâlois parvinrent cependant à y établir leur
prédominance et le travail y prit un grand essor sous l'impulsion du
chef chrétien Joseph Kotto. Mangamba devint également une base
expéditionnaire vers les tribus situées à
l'intérieur. En mars 1893, une caravane missionnaire atteignit le
village de Nkossi, et en 1906, Autenrieth installa la station de Nyasosso. Les
débuts du christianisme s'y révélèrent plus
pénibles à cause de l'absence de préparation de B.M.S.
d'une part, et des hostilités entre les troupes allemandes et les
autochtones d'autres parts.
Entretemps, un nouveau champ d'opération s'était
ouvert vers l'est de la région de la Sanaga Maritime, notamment dans les
villages Bakoko et Malimba. Le centre d'expansion cette fois était la
station de Bonaku à Douala. Cependant, la progression était
dictée par une nouvelle circonstance : l'installation de la Mission
Catholique Romaine à Mariemberg, situé en amont du fleuve Sanaga,
en 1890. Les catholiques y enregistraient deux ans plus tard près de
deux mille chrétiens. De peur que le catholicisme puisse se
répandre dans le grand peuple Bassa de la Haute Sanaga aux dépens
de l'influence bâloise, les missionnaires Schuler et Schkölziger
fondèrent en 1892 la station de Lobethal63. Les débuts
ici furent difficiles à cause du soulèvement du peuple contre
l'armée allemande et d'une concurrence parfois navrante des catholiques.
En 1896, l'oeuvre s'étendit jusqu'à Edéa.
Bien de facteurs ont commandé l'histoire de la
pénétration de la B.M. La conquête coloniale était
pour la Mission une circonstance matériellement favorable. Le
missionnaire apparut dans le sillage du colonisateur, du commerçant et
du soldat. Les terrains des stations missionnaires lui furent accordés
par les administrateurs ou les commerçants et non par les
62« Losangoleute » ou «
Losangowesen » était un terme désignant
les sociétés secrètes des tribus de l'intérieur. Ce
terme, dérivé du dieu supérieur Isango
abonde tous les récits missionnaires.
63Ce nom est dérivé du texte de 2
Chronique20: 26 version Martin Luther: « Am vierten Tage
aber kamen sie zusammen im Lobethal ». Ce nom fut donné
à ce centre d'après la volonté d'une famille allemande qui
avait contribué au budget de construction.
27
autorités locales64. Ainsi s'établit
inévitablement une solidarité de fait entre la colonisation et
la mission.
d) La Mission de Bâle dans les
Grassfields
L'effort de pénétration de la B.M. aux
Grassfields était en partie dicté par des circonstances
matérielles favorables à la Mission. Les conditions
géographiques (climat, relief, etc.) étaient favorables à
des séjours de longue durée. Étant donné la
concentration de la population dans de grandes agglomérations, il
était possible d'exercer une action sur la masse.
À Bali dans le Nord-Ouest, la B.M. interprétait
le processus des bouleversements sociaux comme signe favorisant
l'éclosion des besoins religieux. Dans un rapport de 1903, il est dit :
« la chose principale, c'est que le roi et le peuple de Bali manifestent
un désir sérieux de l'oeuvre de la Mission. Même s'il est
difficile de dire s'ils éprouvent le besoin du message du salut, du
moins, l'aspiration des bénédictions évidentes de la
culture chrétienne est là »65. À cela
s'ajoute l'attitude favorable de Fonyonga envers la Mission. Son offre d'un bon
terrain au sein de la chefferie et sa promesse ferme d'épauler l'action
missionnaire avec toute son autorité furent interprétées
comme un acte providentiel66. L'occupation du nouveau poste
était due à la volonté formelle du Comité Directeur
de B.M. En 1902, ce Comité déléguait une équipe de
trois missionnaires à Bali pour y prospecter les possibilités
d'une oeuvre à fonder. A partir de ce moment commença une
nouvelle phase dans l'histoire de la pénétration
évangélique vers l'intérieur.
En novembre 1903, Ernst accomplit son premier voyage à
Bagam et à Foumban, accompagné de M. Habisch. La présence
devant le palais de Njoya d'une petite mosquée édifiée par
les Haoussa lui montra comment la situation était critique.
Les missionnaires bâlois se dirigèrent
également vers le plateau central et Sud Bamiléké. En
effet, en avril 1904, Ernst et Keller traversaient le plateau de Bali à
Bangangté et retour. Ils furent impressionnés par la vaste
étendue du village Bandjoun et le roi Fotso leur fit une bonne
réception. Durant leurs multiples voyages, les missionnaires firent un
premier effort d'évangélisation par des conversations qu'ils
eurent avec les différents chefs et par les chants des
élèves, qui se recrutaient parmi les fils des chefs ou dans les
milieux nobles du pays. C'est
64E. Hallden, The Culture Policy of the Basel Mission,
p. 100.
65 E. Schule, " Im Lander der Bali ", in E. M. M., p.
196.
66 Fr. Lutz, " Im Hinterland von Kamerun ", p. 380.
28
ainsi qu'en 1904, Ngankou Abraham, premier pasteur
Bamiléké, fut envoyé à Bali en tant que prince
Bansoa, bien qu'en réalité, il ne fût qu'un petit serviteur
à la chefferie.
e) La naissance de l'Église de
Foumban
La décision de Njoya de permettre à la B.M. de
s'installer à Foumban fut prise en 1905 lors de la visite aux
Grassfields du missionnaire Lutz, nouveau surintendant de la Mission
au Cameroun. En 1906, la B.M. ouvrit à Foumban, le premier centre et qui
allait devenir le plus important dans les Grassfields. La fondation de
la communauté y coïncida avec l'installation de l'islam. Par ces
excellentes relations avec la Mission, Njoya aidait effectivement à la
diffusion de la culture européenne dans le pays Bamoun. L'accent fut
surtout porté sur l'école et sur la formation professionnelle.
f) La fondation de la station de Bagam
En novembre 1908, s'ouvrit à Bamendjing le premier
poste missionnaire dans la région Bamiléké. Les
missionnaires qui l'occupèrent furent Vielhauer et Geprägs. Cet
emplacement fut choisi en vertu des bonnes relations qui existaient entre son
chef et les missionnaires de Bali et aussi, parce qu'il pouvait servir de
tête de pont pour les villages plus populeux du
Sud-Bamiléké 67 . Bien que l'oeuvre de la B.M.
débutât à Bamendjing, les missionnaires
s'installèrent pourtant dans la chefferie centrale de Bagam.
Malgré la prospérité de l'oeuvre à Bagam, les
résultats n'y furent pas pour autant très concluants. Si la
prédication de l'évangile avait pu continuer à la cour
royale de Bagam, sans jamais être interrompue, le roi Pufong se
soustrayait de plus en plus à l'influence directe de la Mission.
L'oeuvre de B.M. à Bagam a donné un grand nombre d'ouvriers que
l'on allait retrouver un peu partout à la tête d'Églises
importantes telles que : Bangwa, Nkongsamba, Victoria, New-Bell Douala. Bref,
de tous les villages Bamiléké, Bagam est, en effet, celui qui a
fourni à la Mission le plus de catéchistes68.
Au demeurant, nous constatons que l'oeuvre de la B.M. aux
Grassfields était loin de mener à des résultats
concluants. Les classes dominantes avaient su profiter de la culture
occidentale à travers l'éducation fournie à leurs enfants
et à leurs subordonnés. Après une période de
consolidation des stations existantes sur la côte, c'est-à-dire,
dans les environs de Douala, la B.M. étendit ses activités vers
l'intérieur du pays. Aussi, les événements de la guerre,
qui occasionnèrent un brusque départ de tout le corps
missionnaire, à la fin de 1915, furent-ils interprétés
comme une catastrophe, anéantissant toute oeuvre amorcée.
67 A. Vielhauer, " Missionanfänge in Bagam ", in
E.M.M., p. 151.
68 Ed. Oeschner de Conick, " L'oeuvre au Grassfields
", in J. M. É., 1935, p. 633.
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