Artificialisation et trame verte et bleue : de la protection de la biodiversité à un outil d'aménagement. Le cas de Lille métropole depuis 2002.( Télécharger le fichier original )par Daphné Lecointre Université de Lille II - Master 2015 |
3. Quelle place pour la nature en ville ? 3.1.La biodiversité urbainea. « Faire place à la nature en ville »376La Trame verte et bleue lilloise cherche à associer la nature et la ville, mais « de quoi parle-t-on lorsqu'on parle de nature en ville ? « Dans les villes, la nature matérielle n'existe donc pour la société qu'en tant qu'elle est expliquée ou incomprise, qualifié ou déqualifiée, manipulée ou non manipulée par les hommes. Ceux dont le métier est de produire et de gérer la nature dans les villes, comme les paysagistes, les écologues et les jardiniers s'intéressent particulièrement aux espaces non construits qui sont occupés par les espaces verts, boisés et cultivés, et par la vie végétale et animale qui leur est associée ».377 La nature en ville est donc une nature qui est produite et gérée, et qui se doit de répondre aux représentations citadines. Elle peut être à la fois un « décor urbain » qui qualifie l'attractivité des villes, et la qualité de vie des habitants. Dans cette fonction, elle se doit d'être en adéquation avec les attentes esthétiques de citadins. « La nature spontanée, qui est valorisée par les naturalistes et parfois pas les paysagistes, suscite en général chez les citadins à la fois rejet et fascination »378. Mais la nature n'occupe pas seulement une place de décor, elle est également sujette à des jugements qui en font une nécessité, ou une menace pour la ville. La nature permet en effet de lutter contre les îlots de chaleur grâce à un 376 Pierre Donadieu, « Faire place à la nature en ville, la nécessité de nouveaux métiers », Métropolitiques.eu, le 11/02/2013 377 Ibid. 378 Pierre Donadieu, « Faire place à la nature en ville, la nécessité de nouveaux métiers », Métropolitiques.eu, le 11/02/2013 90 phénomène de micro-climatisation. Mais il existe également une résistance sociale vis-à-vis de cette nature, contre les pigeons, les étourneaux, certains rongeurs ou encore les racines destructrices de certains arbres. Ainsi, la question de la nature en ville recouvre un ensemble de problématiques qui participent de sa représentation, et de ses effets sur le milieu urbain. L'idée de laisser sa place à la nature en ville ne s'impose pas d'elle-même, et si elle doit progressivement coloniser les esprits, elle répond pourtant à un certain imaginaire. Dans le cas de la Trame verte et bleue, les espaces de nature périurbains reçoivent le soutien des usagers, qui profitent de cette offre récréative et paysagère. Mais qu'en serait-il si cet aspect social était soumis aux priorités écologiques ? |
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