2. Du marketing territorial à promotion de la
biodiversité locale
Les politiques de verdissement de la ville sont initiées
dans le souci d'améliorer son
image, afin d'en faire un cadre de vie agréable pour
les habitants. Quand on parle de verdissement, celui-ci passe par le
développement d'une politique de protection de la biodiversité.
Mais de quelle biodiversité parle-t-on ? En effet, cette notion renvoie
à une multitude de réalité, et l'adéquation entre
l'idée d'une ville verte et sa matérialisation soulève de
nombreuses problématiques.
327 Entretien avec Pierre Dhenin, directeur d'Espace Naturel
Lille Métropole, le 27 février 2015 à Lille
328 Ibid.
329 Ibid.
330 Ibid.
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2.1.Une politique de biodiversité dans un objectif de
« marketing territorial »
a. La promotion de la ville verte
Toutes les métropoles sont soucieuses de l'image
qu'elles renvoient, que ce soit celle d'une ville minéralisée ou
celle d'une ville verte. Richard Florida défend l'idée selon
laquelle les métropoles sont en compétition331. La
performance de la ville dépend de la « classe créative
» qui recouvre une grande variété de métiers, de
l'ingénieur au journaliste. Le développement urbain dépend
de ces membres de la classe créative, qui sont les moteurs de la
création d'activités nouvelles. L'attraction de ces «
créatifs » apparait comme la solution pour obtenir le
développement des villes. Si la pertinence de cette hypothèse a
été remise en question, notamment par le sociologue Alain
Bourdin332, elle a été employée par les
métropoles car elle est peu onéreuse, attirer des personnes est
moins couteux que d'attirer des entreprises.
Lille est un exemple parlant de cette volonté d'attirer
les créatifs, et cela passe par la promotion d'une certaine image de la
ville. Ce marketing territorial débute avec Euralille qui «
peut apparaître comme un prototype de la ville marketing avec un lieu
générateur, la gare TGV, et un architecte médiatique, Rem
Koolhaas »333. La rupture induite par ses
aménagements a considérablement fait évoluer la perception
de la ville elle-même. Toutefois, « depuis Euralille, les temps
ont changé, et (...) nous avons fait le constat d'une contradiction
croissante entre deux types de marketing : le premier à destination des
décideurs économiques, qui a pour objectif d'inciter à des
implantations ou à des développements d'activités, et le
second à destination des habitants, visant à convaincre ceux-ci
de la qualité des services urbains locaux. Ces deux marketings ne
convergent pas spontanément, car les habitants n'aspirent par
d'emblée au « développement », mais plutôt
à l'amélioration constante de leur cadre de vie
»334.
Ainsi, la LMCU, afin de satisfaire les citadins,
développe une « ambition politique de faire du marketing
territorial »335 autour de la « création
d'espaces ludique et récréatifs »336. La TVB
est pensée à la fois comme un moyen d'attirer les classes
créatives et de satisfaire les
331 Richard Florida, The Flight of the Creative Class. The
New Global Competition for Talent, 2005
332 Alain Bourdin, « La classe créative existe-elle ?
» Revue d'Urbanisme, n°344, 2005
333 Antoine Loubière, « La ville marketing »,
Revue d'Urbanisme, n°344, 2005
334 Ibid.
335 Entretien avec Guillaume Schmitt, géographe, le 2
avril 2015 à Lille
336 Ibid.
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habitants en proposant un corrigeant l'image négative
dont souffre Lille, celle d'une ville minéralisée avec
très peu d'espaces verts. Pour Laure Cormier, cette dimension marketing
de des espaces de nature est une réalité partout en France, et
« la ville végétale, c'est surtout une question d'image
et d'attractivité des foyers »337. Ainsi, la Trame
verte et bleue reste fidèle à ce « projet de faire du
ludique, du récréatif alors que l'objectif initial était
plutôt écologique. Aujourd'hui, on constate qu'il y a plus de
projets relatifs au cadre de vie qu'à la biodiversité, et le
cadre de vie, c'est un peu de paysage et très peu de biodiversité
»338. Le paysage est donc « la clé
d'entrée pour l'attractivité »339.
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