1.3.Une notion qui recouvre des réalités
très différentes
Guillaume Schmitt rappelle la cartographie réduit la
réalité du territoire. D'après lui, « ceux qui
ont construit cette nomenclature le regardaient de loin
»42, et se concentraient sur
39 Bousquet Aurélie, Couderchet Laurent,
Gassiat Anne, Hautdidier Baptiste, « Les résolutions des bases de
données « occupation du sol » et la mesure du changement
», L'Espace géographique 1/2013 (Tome 42), p. 6176
40 Ibid.
41 Ibid.
42 Entretien avec Guillaume Schmitt, géographe,
le 2 avril 2015 à Lille
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les zones bâties pour qualifier l'artificialisation.
Dans les territoires artificialisés, « on aperçoit des
zones urbanisées, des routes, mais aussi des parcs et des jardins en
zone urbaine, considérés comme telle, ainsi que des friches
»43. La notion d'artificialisation décrit des
réalités différentes.
a. Les exigences de précision en milieux urbain
et périurbain
Les milieux à dominante urbaine sont des espaces
complexes, multiformes. Le périurbain apparaît tout
particulièrement comme un territoire hybride, et est qualifié de
« tiers espace » par Martin Vanier44, car il ne
répond pas à la distinction simplifiée entre ville et
campagne. Les bases de données d'occupation des sols de type CLC, bien
qu'elles soient utiles pour divers types d'études, apparaissent donc
comme simplificatrices et réductrices pour ces espaces. Ainsi, «
pour les espaces urbains et périurbains, les exigences de
précision sont plus élevées. Les bases d'occupation des
sols de type CLC étant fondées sur des images satellitaires de
moyenne résolution, elles présentent de nombreuses approximations
qui les rendent peu satisfaisante quand il est nécessaire
d'appréhender le territoire à «grande
échelle«»45.
L'imprécision spatiale (la finesse et la
fiabilité des zones d'occupation des sols délimitées)
ainsi que l'imprécision thématique des classes (description trop
grossière des tissus urbains notamment) ne permettent pas de
retranscrire la complexité du tissu urbain. Dans la nomenclature CLC, la
catégorie « Territoires artificialisés » se
décomposent en 11 classes. Celles-ci permettent d'offrir une vue
relativement détaillée de la morphologie des villes, mais restent
néanmoins imprécis. « Comment distinguer une zone
résidentielle pavillonnaire d'un quartier d'immeubles collectifs ?
Commet séparer réseaux routiers et emprises ferroviaires ? Quid
de l'individualisation des « dents creuses », ces espaces non
construits à l'intérieur des tissus urbains, fort
intéressants pour raisonner en termes de densification ?
»46
43 Ibid.
44 Martin Vanier, « Qu'est-ce que le tiers
espace ? Territorialités complexes et construction politique »,
Revue de géographie alpine, 2000, Volume 88, Numéro
88-1, pp. 105-113
45 Samuel Robert et Jacques Autran, «
Décrire à grande échelle l'occupation des sols urbains par
photo-interprétation. Réflexion méthodologique et
expérimentation en Provence », Sud-Ouest Européen, Revue
Géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, n°33,
2012, p. 25-40
46 Samuel Robert et Jacques Autran, «
Décrire à grande échelle l'occupation des sols urbains par
photo-interprétation. Réflexion méthodologique et
expérimentation en Provence », Sud-Ouest Européen, Revue
Géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, n°33,
2012, p. 25-40
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Si la CORINE Land Cover permet de saisir dans un large
territoire le phénomène d'artificialisation, son application pour
une échelle plus précise est inappropriée, notamment en
milieu urbain.
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