Artificialisation et trame verte et bleue : de la protection de la biodiversité à un outil d'aménagement. Le cas de Lille métropole depuis 2002.( Télécharger le fichier original )par Daphné Lecointre Université de Lille II - Master 2015 |
c. Un concept nouveau ?Si le concept de trame verte introduit dès les années 1990, puis normé par la loi de Grenelle en 2009, il « s'inscrit dans l'histoire de l'urbanisme depuis plus d'un siècle »228 en faisant référence à une pensée urbaine plus respectueuse de l'environnement. On retrouve les origines d'un réseau vert structurant le développement des villes au XIXe siècle, d'abord aux Etats-Unis où se développent des « parkways », larges promenades plantées d'arbres dans les villes. La rénovation de Paris au temps d'Haussmann et le travail de l'urbaniste Adolphe Alphand permet l'aménagement de nombreux parcs, squares et bois. Frederick Olmsted, paysagiste américain, intègre les parcs dans la planification urbaine avec le mouvement des « greenways ». Avec la transformation des villes sous l'effet de l'industrialisation s'affirme « la nécessité de penser le développement urbain à partir d'un « système de parcs » qui relie une grande diversité d'espaces, à des échelles différentes»229. Ce projet est porté par une ambition à la fois hygiéniste, de santé, de salubrité, et esthétique. L'enjeu est « d'offrir un 224 http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000020949548 225 Entretien avec Rodastina Ivanova, responsable structure territoriale à l'Agence de Développement et d'Urbanisme de Lille, le 19 mars 2015 à Lille 226 Ibid. 227 Entretien avec Laure Cormier, géographe, le 5 mars 2015 à Paris 228 Laure Cormier, thèse intitulée « Les Trames vertes : entre discours et matérialités, quelles réalités ? », Géographie, Université d'Angers, 2011 229 Ibid. 62 système de promenades aux citadins et de favoriser une meilleure circulation de l'air ; il n'est pas encore question de dynamique des populations végétales ou animales »230. Pendant l'entre-deux guerres, un autre concept s'impose : celui de Green belt. Il s'agit de préserver une couronne d'espaces non bâtis autour des villes pour éviter leur agglomération. Après la seconde guerre mondiale, Théodore Leveau, architecte et urbaniste français, préconise la « nécessaire pénétration des espaces verts dans la ville »231 et conseille de « proportionner et répartir la trame verte aux besoins futurs »232. Au milieu des années 1970, la montée des préoccupations environnementales oblige la prise en compte de la nature dans l'aménagement du territoire. Le ministère chargé de la protection de la nature et de l'environnement est créé. Au même moment, l'écologie du paysage met en lumière les bienfaits des corridors écologiques et participent de l'interpénétration de l'environnement et de l'urbanisme. La mise en place de la Trame verte et bleue lilloise apparaît donc dans l'idée d'améliorer le visage de la ville, et le syndicat mixte Espace Naturel Lille métropole vise à faire des espaces naturels urbains des espaces récréatifs à destination des habitants de la métropole. La loi de Grenelle intervient alors que la Trame verte et bleue lilloise lui est préexistante, et développe une vision très environnementaliste de la notion, centrée alors sur le rétablissement des continuités écologiques. Le développement de ce concept, qui était pensé dans une vision tout d'abord économique, et qui évolue pour se rapprocher d'une politique de protection de la biodiversité, rencontre des limites, et des désapprobations, notamment de la part des politiques. |
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