3. La Trame verte et bleue, concept sujet aux
insuffisances
Le concept de Trame verte et bleue lilloise, pensé dans
un premier temps à l'échelle métropolitaine, prend de plus
en plus d'importance, et le syndicat mixte milite pour son inscription au PLU,
ce qui lui conférerait une grande valeur réglementaire.
Toutefois, la Trame verte et bleue rencontre des oppositions, et notamment en
raison de son approche très scientifique du territoire.
230 Laure Cormier, thèse intitulée « Les
Trames vertes : entre discours et matérialités, quelles
réalités ? »,
Géographie, Université d'Angers, 2011
231 Ibid.
232 Ibid.
63
3.1.Un discours environnementaliste qui pose problème
a. Un discours difficile entre acteurs scientifiques et
non scientifiques
La Trame verte et bleue fait la part belle aux experts de la
biodiversité car elle apparaît avec la législation qui
l'institutionnalise comme une politique dont la visée est clairement
écologiste. Toutefois, bien qu'elle soit érigée en
modèle normé par le Grenelle de l'Environnement, elle s'applique
différemment sur les territoires qui se l'approprient. Elle est le fruit
du travail conjointement mené par les acteurs scientifiques et les
groupes sociaux. Chantal Jouanno, secrétaire d'Etat à
l'écologie en 2009 le souligne : « l'Etat propose des
orientations et une méthodologie, mais ce sont surtout les acteurs
locaux qui construisent la TVB (...). Ce sont d'abord des projets de territoire
»233. Pour Pierre Alphandéry, « le projet
de TVB élaboré conjointement par des acteurs scientifiques et non
scientifiques dans le cadre du Grenelle, doit constituer un outil
d'aménagement du territoire »234 et «
mettre en synergie les différentes politiques publiques afin de
maintenir ou de restaurer les capacités de libre évolution de la
biodiversité au sein des territoires, notamment en maintenant ou en
rétablissant les continuités écologiques
»235. Il est donc crucial d'accorder une place importante
aux groupes sociaux et à leurs territoires, et de faciliter le dialogue
entre les experts et les citoyens.
Toutefois, cela met en exergue des visions différentes
concernant le territoire. Pour Serge Urbano, vice-président de FNE, la
conception de la trame se veut surtout naturaliste : « Nous sortons
enfin la protection de la nature de la confidentialité. Elle doit
maintenant être pleinement intégrée à
l'aménagement du territoire comme critère
prépondérant pour le penser et le repenser et, d'autre part,
servir comme outil pour (...) la TVB »236. « A
travers ces différents points de vue se profilent deux conceptions de la
TVB : celle qui envisage la Trame comme projet de territoire associant les
habitants et les usagers et celle qui affiche une visée naturaliste
prépondérante ».237
233 Intervention lors du 33ème
congrès de France Nature Environnement intitulé « Une trame
grandeur nature » à Lille, en 2009
234 Pierre Alphandéry, Agnès Fortier et Anne
Sourdril, « Les données entre normalisation et territoire : la
construction de la trame verte et bleue »,
Développement durable & territoires, Vol. 3, n°2,
juillet 2012
235 Ibid.
236 Intervention lors du 33ème congrès
de France Nature Environnement intitulé « Une trame grandeur nature
» à
Lille, en 2009
237 Pierre Alphandéry, Agnès Fortier et Anne
Sourdril, « Les données entre normalisation et territoire : la
construction de la trame verte et bleue »,
Développement durable & territoires, Vol. 3, n°2,
juillet 2012
64
|