2. L'officialisation du concept de Trame verte et bleue
La région Nord-Pas de Calais, et la métropole
lilloise sont particulièrement touchés par l'artificialisation
des territoires. L'apparition du concept de Trame verte et bleue
métropolitaine dans les années 1990 s'explique par la
nécessité de limiter l'érosion de la biodiversité,
mais également pour des raisons économiques. Le
développement du projet de Trame verte et bleue est marqué par le
Grenelle sur l'Environnement de 2009 qui institutionnalise le concept.
2.1.Espace Naturel Lille Métropole et le projet de
Trame verte et bleue
a. La genèse de Trame verte et bleue
lilloise
La Trame verte et bleue lilloise nait d'une
préoccupation économique. « Au début des
années 1990, Euralille ne se remplit pas, il y a moins de 20%
d'occupation dans les grandes tours »192. La conclusion
est la suivante : la ville souffre d'une mauvaise image auprès des
entrepreneurs, il serait « plus agréable de travailler dans le
tertiaire à Lyon qu'à Lille »193. L'objectif
est de changer cette mauvaise perception. Et pour cela, le verdissement semble
être la bonne solution. En effet, « le vert est vendeur
»194 et Lille veut incarner la ville de l'Europe du Nord,
« qui est une ville verte »195 à l'image
de Copenhague ou d'Amsterdam.
Pierre Mauroy, à l'époque de ce constat, est
président de la communauté urbaine, et lance le projet d'Espace
Naturel Lille Métropole. Il aurait lancé en 1974 la
création des Parcs
192 Entretien avec Pierre Dhenin, directeur d'Espace Naturel
Lille Métropole, le 27 février 2015 à Lille
193 Ibid.
194 Entretien avec Nicolas Rouget, géographe, 10
février 2015 à Lille
195 Ibid.
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Naturels Régionaux dans la même idée,
« changer l'image auprès des investisseurs
»196. En juin 1991, Pierre Mauroy développe la
pensée autour du déficit d'espaces verts, et cherche à
associer les habitants à l'élaboration des parcs dans un souci de
« proximité ». Pierre Dhenin, président d'ENLM depuis
sa création, est alors contacté par Pierre Mauroy, en raison de
son expérience dans la communication et dans la gestion associative avec
la MNE, désormais Maison Régionale de l'Environnement et des
Solidarités. « A l'époque, on est à 6 mois des
élections cantonales »197, et « c'est un
projet difficile car sur la métropole, le moindre mètre
carré est âprement discuté »198.
Finalement, Pierre Dhenin rejoint l'équipe de Pierre Mauroy en septembre
1992 à l'Agence de Développement et d'Urbanisme de Lille car la
« reconquête de la métropole verte passe d'abord par les
documents d'urbanisme »199.
Il travaille de 1992 à 2002 à l'Agence de
Développement et d'Urbanisme afin de faire émerger des structures
pour les projets locaux. Naissent de ce travail 7 projets donc le Parc de la
Deûle, le Canal de Roubaix, la Marque Urbaine, et la Basse Deûle.
L'ADU permet le regroupement des élus et des techniciens pour «
rendre possible un projet vert »200. Mais «
cela reste modeste, il n'y a pas de fond, il faut un moteur plus puissant
»201. ENLM se dote de nouvelles compétences en
2000, qui se traduisent à l'automne 2002. L'aspect plus
stratégique est laissé à la communauté urbaine, et
ENLM se charge d' « animer et de concerter »202.
Il réunit 40 communes afin de « fusionner les 7 projet
»203 et permet d' « avoir un outil plus
général, pour sortir une méthode plus partagée
»204. Il s'agit d'une « structure de concertation
permanente »205 avec « le conseil des élus
et le conseil des usagers »206.
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