b. L'actualité de la Trame verte et bleue
lilloise
Les missions d'ENLM sont variées : il contribue
à collecter des données environnementales, à la protection
de la ressource en eau, et plus particulièrement des eaux de surfaces
avec la zone humide des Prés du Hem à Armentières,
à l'éducation à la nature et sensibilise à la
biodiversité, au moyen d'un programme d'animations, et surtout,
contribue à
196 Entretien avec Pierre Dhenin, directeur d'Espace Naturel
Lille Métropole, le 27 février 2015 à Lille
197 Ibid.
198 Ibid.
199 Ibid.
200 Ibid.
201 Ibid.
202 Ibid.
203 Ibid.
204 Ibid.
205 Ibid.
206 Ibid.
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l'échelle de son aire métropolitaine à la
construction d'un maillage déclinant la trame verte régionale
dessinée par le SRCE. Aujourd'hui, ENLM gère 1 300 hectares sur
40 communes, emploie 130 agents permanents et environ 100 saisonniers. Le
budget qui lui est alloué est de 3 millions d'euros par an. On distingue
4 territoires : la Basse-Deûle / Val de Lys, le canal de la Deûle
à l'Escaut, le Val de Marque et le Parc de la Deûle,
complété par l'Espace Naturel des Périseaux, premier parc
agricole de la Métropole. 180 hectares sur les 1 300 que gère
ENLM sont des équipements payants : les prés du Hem, Mosaïc
et le dernier arrivée, en 2004, le Musée du plein air. Le
syndicat mixte travaille conjointement avec d'autres organismes tels que le
Groupe ornithologique du Nord, le Conservatoire botanique de Bailleul, ainsi
que le Muséum National d'Histoire Naturelle.
La base du travail d'ENLM, est, d'après Pierre Dhenin,
le Schéma Directeur de 2002, qui évoquait la Trame verte et bleue
et donnait des orientations. L'ADU identifie désormais les espaces
acquis par ENLM selon leurs potentialités en termes de
biodiversité. Cependant, d'après l'agence, il apparaît que
les espaces dont ENLM a la gestion sont « fragmentés et mal
reliés »207. Pourtant, d'après son
directeur, la Trame doit être « vaste, ample, c'est un
entrecroisement de fils qui forment la trame et non pas une succession de
taches »208. Ainsi, la TVB doit être «
préalable à l'aménagement et non pas ce qu'on fait
avec ce qui reste »209. Le syndicat mixte vise donc
l'inscription de la TVB au prochain PLU afin de lui conférer une valeur
réglementaire et assurer sa pérennité sur le territoire de
la métropole.
c. Une Trame verte et bleue à visée
récréative
La Trame verte et bleue lilloise est donc initialement
pensée à des visées économiques, elle doit
être récréative. Elle fait intervenir « d'autres
registres de légitimité que la préservation de la
biodiversité : nature en ville, et bien être des citadins [...J
»210. Dans le cas de la métropole lilloise,
celle-ci est fortement imprégnée de son histoire industrielle. Il
y a plus de 150 friches sur le territoire de Lille, et l'enjeu pour ENLM est
dépolluer et restructurer ces friches pour en faire des espaces de
nature dans l'objectif d'améliorer le cadre de vie des habitants et
l'attractivité du territoire. Cette renaturation a bien-sûr des
effets positifs sur la biodiversité car elle permet également de
rétablir la circulation écologique, d'autant plus que
207 Schéma Directeur de Développement et
d'Urbanisme de Lille Métropole, élaboré par le Syndicat
mixte du Schéma Directeur de Lille Métropole et approuvé
le 6 décembre 2002
208 Entretien avec Pierre Dhenin, directeur d'Espace Naturel
Lille Métropole, le 27 février 2015 à Lille
209 Ibid.
210 Nathalie Blanc, Sandrine Galton et Guillaume Schmitt, «
Trames vertes urbaines : recherches en sciences humaines et sociales »,
Développement durable & territoires, Vol. 3, n°2,
juillet 2012
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la métropole est caractérisée par une
forte artificialisation et une fragmentation de son territoire, notamment en
raison des infrastructures : canaux, axes routiers et ferrés. Toutefois,
au moment de la mise en place de cette Trame verte et bleue
métropolitaine, l'accent est mis sur l'aspect
récréatif.
D'après le Schéma Directeur de 2002, l'ambition
de TVB est d'atteindre pour 2020 « 20 000 hectares voués
à la natures et aux loisirs à l'horizon 2015
»211. La TVB s'appuie donc sur des territoires à
vocation naturelle, et également à visée
récréative. Elle comprend, d'après le document
d'urbanisme, plusieurs catégories d'espaces, dont « des grands
espaces paysagers et des parcs périurbains à vocation naturelle
et récréative, des bases de loisirs avec de vastes plans d'eau,
des liaisons et coulées vertes, et des espaces verts de proximité
dans l'agglomération dense »212. Avant
l'inscription du concept de Trame verte et bleue à une échelle
nationale à travers la Loi de Grenelle de 2009, elle est entreprise dans
la métropole lilloise dans un souci de changer l'image d'une ville au
passé industriel peu vendeur davantage que dans un souci de freiner
l'érosion de la biodiversité. Il fallait faire de Lille non plus
une de ces villes du nord qui « avait conservé une tradition
minérale »213, mais une ville d'Europe du Nord. Le
directeur d'ENLM depuis 10 ans l'annonce sans gêne, tout en soulignant
les réussites en matière de gestion de la biodiversité.
Les espaces verts urbains semblent devoir répondre aux attentes sociales
en matière de loisirs avant de pouvoir faire accepter une politique de
protection de la biodiversité.
La politique de Trame verte et bleue connaît une
apparition précoce dans la métropole lilloise, et se
développe dans l'idée de changer l'image de la ville, et dans une
visée récréative. Le Grenelle de l'Environnement
intervient lors du développement de la Trame verte et bleue
métropolitaine, et lui impulse un caractère profondément
écologique.
211 Schéma Directeur de Développement et
d'Urbanisme de Lille Métropole, élaboré par le Syndicat
mixte du
Schéma Directeur de Lille Métropole et
approuvé le 6 décembre 2002
212 Ibid.
213 Interview de Pierre Dhenin, « Culture et nature
intimement liées », propos recueillis par S. Morelli, Sortir Lille
Eurorégion
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