III.2.
Discussion
Le plan d'action sociale
de la société Pallisco a été élaboré
en 2008 sur la base des situations observées par le volet social. Cinq
ans après, aucune mise à jour de ce dernier n'a été
faite. Bien que jugé pertinent du point de vue des attentes des
populations et de la législation forestière Camerounaise, il
aurait été préférable qu'il soit définit
autour des engagements de la société à travers sa
politique sociale. En effet, cette approche aurait permis de minimiser les
faiblesses liées à sa conception (trop plein d'activités,
directives similaires, ou correspondantes à des activités).
Egalement, bon nombre des situations observées en 2008 par la CIA ont
été soient résolues ou classées. Dès lors,
les activités les concernant auraient dû depuis le temps
être écartées du plan d'action sociale par des mises
à jour.
Pour ce qui est de la mise en oeuvre effective des
activités prévues, des moyens humains et logistiques ont
été mis à disposition. L'évaluation de ces moyens
comparativement à ceux proposés par Lewis et collaborateurs(2008)
fait ressortir les insuffisances liées à la disponibilité
des ressources au sein du volet social. Ainsi, la taille de l'équipe
devrait être renforcée pour permettre à la
société d'être en relation ininterrompue avec les CPF et
les communautés locales riveraines. Ces observations corroborent avec
celles de Tiwe (2011) qui, recommandait le renforcement des compétences
du chef de l'équipe et des autres membres afind'éviter des
actions isolées qui, aussi utiles qu'elles soient, ne sauraient
constituer des projets structurants susceptibles de créer une
réelle dynamique de changement. Cela passe aussi par un renforcement des
systèmes de communication actuellement utilisés. Pour maximiser
le processus d'implication des populations dans la gestion durable des
forêts, celles-ci ne devraient pas être informées avec les
mêmes approches et techniques. Les communautés locales pourraient
être réparties en fonction de leur capacité à lire
et à écrire en deux catégories : les populations
lettrées et celles illettrées. Cette situation doit être
prise en compte dans la mise sur pied de mécanismes de communication et
de sensibilisation adaptés. Spécifiquement, des modes
d'échange passant par les journaux ou les panneaux devraient viser les
populations lettrées tandis que la vidéo ou la radio en langues
locales serait privilégiée pour les populations
illettrées. Ces affirmationscorroborent aveccelles de Ngoma (2009) qui
considère comme un handicap,le fait de travailler avec des populations
dont la majorité est peu ou pas du tout alphabétisée sur
la seule base du discours oral.
Malgré les limites de conception, de suivi et de mise
en oeuvre observées, le plan d'action sociale atteindrait les 71% de
mise en oeuvre effective en 2012.Cette réalisation est très
encourageante car montrant la volonté de l'entreprise de participer
à l'amélioration des conditions de vie des communautés
localeset au maintien de la paix sociale. L'impact de l'action sociale de
Pallisco sur les populations cibles a été jugé
perceptible.
Le mécanisme mis en place par la société
à travers les directives spécifiques aux peuples Baka est une
astuce louable car permettant d'impliquer ces groupes dans les discussions sur
la gestion forestière. La présence d'un animateur Baka dans
l'équipe socialepermet de créer un climat de confiance
indispensable pour une communication réussie avec les populations Baka.
Quant' aux femmes, leur présence dans l'équipe sociale permet de
limiter l'exclusion des femmes lors des échanges bien que, celles-ci
restent généralement à l'écart et s'expriment
très peu pour donner leur opinion.
Une baisse de la pratique du braconnage de près de 20%
a été enregistrée.Cependant, le niveau actuel du
braconnage dans les concessions de la société Pallisco aurait pu
être plus bas qu'actuellement si des mesures alternatives à la
pratique du braconnage étaient viabilisées dans la zone. Ce
résultat cadre avec celui de Mempang (2007) pour qui, l'exécution
des recommandations du critère 4.1.7 du FSC stipulant
que : « le gestionnaire forestier doit contribuer au
développement de l'économie locale » occupera sans
doute les populations et son effet de diversion réduira à coup
sûr le braconnage.
En matière de gestion de conflit, il n'existe pas de
recette toute faite car chaque situation nécessite une analyse fine de
ses acteurs, de son contexte et de tout autre facteur pouvant influer sur la
situation. Toutefois,la procédure de résolution des conflits
externes développée par la société permet telle que
recommandée par Lewis et collaborateurs(2008), un traitement et une
résolution équitable des conflits en présence des
différents partenaires impliqués.
Concernant les recrutements, les justifications
apportées par les responsables de la société sur
l'inégalité observée dans les recrutements des jeunes des
villages riverains (absence des jeunes dans les villages possédant les
profils des emplois disponibles et impossibilité de recruter plus que
l'entreprise n'en a besoin) peuvent être jugées
considérables (bien que nécessitant des efforts dans le domaine
de la formation de ces jeunes). Bien plus, les recrutements au sein de la
société devrait bénéficier à toutes les
localités riveraines et non à quelques localités. Les
Baka, qui représentent 10 à 12% des populations de la concession
devraient être mieux pris en compte bien que, leur présence
très faible au sein de la société peut s'expliquer
par le fait :
- qu'ils privilégient les travaux payés
quotidiennement aux emplois offerts par les sociétés
forestières ;
- qu'ils sont souvent très vite poussés au
découragement ;
- lorsqu'ils sont embauchés, ils doivent verser un
tribut à la chefferie en signe de reconnaissance et
préfère pour éviter cette situation ne pas travailler.
La majorité des réalisations sociales de
Pallisco concernent l'éducation qui est considérée comme
le pilier du développement. Elle voudrait permettre aux jeunes de la
zone de prendre plus tard le développement socio-économique de
leur communauté entre les mains. La difficulté qui se pose ici,
est celle de l'abandon des études par faute de moyens par un très
grand nombre de jeunes scolarisés à un certain niveau notamment
au secondaire. La société devrait donc renforcer son implication
dans la réalisation de projets d'agriculture et d'élevage pour
permettre aux populations d'augmenter leurs revenus et leur niveau de vie. Elle
devrait apporter des appuis sous forme de soutien matériel, de conseils
techniques et de suivi des activités de commercialisation.
L'outil de communication privilégié par la
société passe par lejournal. Pour de meilleurs résultats,
il serait nécessaire de mettre sur pied un comité chargé
de la rédaction de manière périodique du journal afin
d'assurer la régularité des parutions. Le nombre d'exemplaires
devrait aussi être revu à la hausse pour permettre à toutes
les classes sociales d'être informées (notamment les femmes).
Les partenariats entre l'administration en place ou les ONG
locales et Pallisco concernent essentiellement des activités
ponctuelles. Pour une gestion orientée vers l'impact, la collaboration
entre les différents acteurs se doit d'être continuelle. Des
efforts devraient être faits par ceux-ci pour améliorer leurs
domaines de collaboration. Chaque acteur devrait identifier les points de sa
politique où il peut faire appel à d'autres organisations ou
institutions et mettre en place des mécanismes appropriés pour
mener à bien et d'un commun accord les activités
prévues.
Le cadre logique proposé permettra à
l'entreprise dans la mesure où il est définitivement
validé,d'élaborer un nouveau plan d'action quinquennal. Ce
dernier, par sa conception mieux outillé et possédant à
travers cette étude une situation de référence, facilitera
la mise en place d'un système plus efficace de suivi-évaluation
des actions de l'entreprise qui,devront passer au préalable par une
bonne planification des activités de terrain.
|