III.1.2.La relation niveau d'instruction des parents et
intérêt accordé à la vie scolaire des filles
Les parents jouent un rôle important dans la vie
scolaire des élèves ainsi que celle de sa survie scolaire. Ils
sont ceux qui décident en premier de l'école et aussi ceux qui
supportent le plus les charges scolaires. En somme les parents sont au
commencement, au déroulement et à la fin d'une carrière
scolaire. La survie scolaire des élèves en général
et des filles en particulier dépendra du degré d'implication des
parents. Socialement, les élèves ont besoin de leurs parents qui
doivent les orienter dans la vie active. Sur le plan scolaire, les
élèves ont beaucoup plus besoin de l'appui de leurs
géniteurs dans la poursuite de leur scolarité. Ce besoin est
beaucoup plus accru lorsqu'il s'agit d'une fille car son éducation
demande beaucoup plus d'attention que celle des garçons.
En ce qui nous intéresse dans cette partie, c'est de
voir si les parents analphabètes s'impliquent dans la vie scolaire de
leurs filles ou elles sont laissées pour compte. Nos outils ont
intéressé les parents et les filles. Sur le plan
pédagogique, on enregistre 17 filles dont les parents malgré leur
analphabétisme sont regardants sur leurs apprentissages en les obligeant
à réviser leurs leçons les soirs et à des heures
libres. Par contre, 23 parents d'élèves n'obligent pas leurs
filles à réviser. Celles qu'on oblige à réviser
représentent 42,50 % contre 57,50% pour celles que les parents
n'obligent pas à réviser les leçons.
L'intérêt qu'un parent accorde aux résultats scolaires de
ses enfants permet de déceler les failles de rendement et oeuvrer
à les corriger. Sur un effectif de 40 filles issues de parents
analphabètes, 37 d'entre elles bénéficient du soutien des
parents contre trois autres dont leurs parents n'accordent pas
d'intérêt à leurs résultats scolaires. Soit 92,5 %
de parents analphabètes qui accordent un intérêt
particulier aux résultats scolaires de leurs filles. Les soutiens dont
bénéficient les filles de la part de leurs sont multiples et
variés. Sur notre effectif de 40 filles, une seule fille déclare
ne pas recevoir de soutien de la part des parents dans le cadre scolaire. La
nature du soutien qu'elles reçoivent est essentiellement morale à
61,54% contre quelques-unes d'entre elles qui reçoivent des soutiens
spécifiques. Cette situation est perceptible à travers le
graphique suivant (graphique 3).
79
Graphique 3 : Nature du soutien reçu par les filles de
leurs parents

40
70
60
50
30
20
10
0
24
61,54
7,69 6
3
15,38
2 5,13 4
0 0 0 0
10,26
0
0
Source : résultat de nos enquêtes
A l'unanimité, les filles apprécient positivement
le soutien dont elles bénéficient de la part de leurs parents et
leur permet de s'appliquer davantage dans les études. Il est à
remarquer que les mères interviennent le plus aux côtés de
leurs filles en termes de soutien.
Graphique 4 : Origine du soutien des filles
50 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0
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|
|
Source : résultat de nos enquêtes
Les parents d'élèves malgré leur
analphabétisme participent aux instances décisionnelles des
établissements fréquentés par leurs filles. Il s'agit de
l'APE et de l'AME qui oeuvrent pour le bien-être scolaire des
élèves. Sur les 13 parents analphabètes à qui nous
nous sommes intéressé, leur niveau d'instruction ne les a pas
éloignés de ces instances décisionnelles des
établissements
80
d'enseignement fréquenté par leurs enfants.
Deux parents sont membres du bureau exécutif et huit autres participent
activement aux activités de l'APE et de l'AME.
Au regard du degré d'implication, de
l'intérêt accordé aux résultats scolaire et de la
participation des parents aux différentes instances
décisionnelles qui sont positifs et concernent plus de la moitié
de l'effectif nous pouvons dire sans risque de nous tromper que les parents
analphabètes s'impliquent assez dans la vie scolaire de leurs filles.
Notre deuxième hypothèse qui trouvait que les parents
analphabètes s'impliquent peu ou se désintéressent
à la vie scolaire de leurs filles est infirmé. Les parents sont
engagés à toutes les instances de la vie scolaire de leur
progéniture en dépit de leur analphabétisme.
III.1.3. L'état de participation des filles
sous tutorat aux activités domestiques de la famille
d'accueil
De nos jours, dans une ville comme Ouagadougou où la
crise du logement sévit ; placer son enfant dans une famille d'accueil
est une pratique sociale assez répandue. On sait aussi que tous les
élèves n'ont pas forcement leurs parents résidants dans
les zones où sont implanté les lycées et collèges.
En effet, les élèves qui fréquentent les
établissements d'enseignement secondaire de Saaba proviennent pour la
plupart des villages environnant de la commune et de la ville de Ouagadougou.
Le placement des élèves auprès des familles d'accueil
permet à l'élève de se socialiser et poursuivre ses
études. Aborder la question du tutorat féminin nous amène
à examiner les conditions environnementales et des incidences sur la
performance scolaire de ces filles.
Dans cette étude, nous nous sommes
intéressé à 24 filles qui vivent auprès des tuteurs
contre 79 autres qui résident chez leurs parents biologiques. Du
coté des parents d'élèves, sur un total de 29 parents, 14
d'entre eux ont en charge au moins une fille. Il faut souligner que les 14
parents sont issus de toutes les catégories socio professionnelles et de
tous les niveaux d'instruction.
Selon les 14 parents d'élèves, 11 filles
à leur charge participent activement aux travaux domestiques du
ménage contre 3 autres filles qui ne participent pas du tout à
ces activités. La seule différence au niveau de ces filles est le
degré de participation. Elles s'investissent à des
fréquences différentes comme le montre le graphique suivant
(graphique 5).
81
Graphique 5 : Degré de participation aux
activités domestiques
8 7 6 5 4 3 2 1 0
|
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|
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Rarement Frequemment Tres frequemment
|
|
Source : résultat de nos enquêtes
Sur les tuteurs qui utilisent ces filles dans ces
activités, huit(8) d'entre eux trouvent cette participation incompatible
avec les études donc, nuisibles sur le rendement scolaire des filles.
Cette participation se fait le plus souvent par combinaison avec d'autres
activités et pouvant aller jusqu'à trois activités dans la
même journée. Cette combinaison se lit sur le graphique suivant
avec des effectifs correspondant à ces modalités.
Graphique 6 : Combinaison des activités des filles sous
tutorat

40
35
30
25
20
15
10
0
5
Source : résultat de nos enquêtes
La combinaison activités domestiques et scolaires
concerne la plus grande partie des filles sous tutorat. Il est évident
que cette combinaison aura une incidence sur les apprentissages.
82
Elles participent également à des volumes
horaires différents qui se laissent apprécier dans le graphique
suivant.
Graphique 7 : Participation aux activités en volume
horaire journalier
45 40 35 30 25 20 15 10 5 0
|
|
|
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Moins d'une Entre 1 et 2 Entre 3 et 4 Entre 5 et 6 Plus de 7
heure heures heures heures heures
Source : résultat de nos enquêtes
La majorité des filles sous tutorat passent au moins 3
Heures de temps par jours dans ces activités. Le weekend, elles passent
encore plus de temps à effectuer ces tâches domestiques. Par
comparaison les tâches domestiques occupent la grande partie du temps des
filles.
Le weekend des filles fonctionne selon le graphique suivant
(graphique 8).
Graphique 8 : Volume horaire moyen de participation aux
activités les jours de weekend
7 6 5 4 3 2 1 0
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Activités domestiques Activités scolaires
Activités ludiques
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Source : résultat de nos enquêtes
83
Les différents graphiques mettent en lumière la
situation de la fille placée sous tutorat dans les ménages. On
est tenté de dire que le quotidien des filles sous tutorat n'est
guère meilleur car elles s'investissent plus en temps et en
énergie dans l'équilibre socio-économique des
ménages d'accueil au détriment de leur bien être
scolaire.
Les différentes manifestations dans le vécu
quotidien des filles résidant chez des tuteurs ne sont pas du tout
propice à une éclosion scolaire. Cela nous amène à
confirmer notre troisième hypothèse qui affirmait que les filles
sous tutorat consacraient plus leur temps aux travaux domestiques au
détriment de celui réservé aux apprentissages.
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