Le logiciel SPSS que nous avons utilisé pour la saisie
des données de l'enquête ne nous a pas permis de l'utiliser dans
l'analyse. SPSS est un logiciel qui nécessite une certaine connaissance
et maitrise des procédés statistiques. Nous n'avons pas voulu
nous hasarder sur ce chemin au risque de nous créer des
difficultés lourdes de conséquences. Ainsi, nous avons
opté pour un traitement manuel de nos données d'enquête
après avoir effectué la saisie sur ce logiciel. Dans la suite de
ce travail nous tenterons d'établir des relations entre les variables
qui s'intéressent aux différentes hypothèses.
III.1.1.La relation niveau d'instruction des parents
et participation des filles aux activités socio-économiques et
domestiques
Les activités socio-économiques et domestiques
font partie intégrante de la vie des femmes et des filles dans la
société burkinabè. Les femmes sont les garantes de la vie
du ménage avec des tâches qui lui sont assignées. La jeune
fille, à peine à peine gamine participe aux côtes de sa
mère dans des tâches ménagères (cuisine, prendre
soins des petits, lessive, vaisselles...).Même étant inscrite
à l'école, elle échappe difficilement à un certain
nombre de tâches. Par moment elles s'investissent plus dans ces
activités en énergie et en temps qu'à l'école et
aux études.
Les parents analphabètes qui ignorent la place du
repos et des révisions dans la vie d'un élève
n'hésitent pas à solliciter leur concours dans certaines
tâches domestiques. Sur un total de 40 filles issues de parents
analphabètes de père et de mère, 27 d'entre elle soit
67,50% participent de façon active à ces activités et en
tout temps. Elles consacrent en moyenne 1,85 heure aux apprentissages contre
3,68 heures aux activités domestiques et socio-économiques du
ménage. Tout en sachant que la durée du temps de participation
aux activités domestiques peut aller jusqu'à 6 heures pour
certaines filles et 2 heures pour d'autres dans les révisions et autres
activités scolaires (Tableau 33).On voit qu'elles s'investissent plus en
temps aux activités domestiques qu'à celui réservé
aux révisions les jours de cours. Cet investissement est
apprécié de façon positive par 16 parents
d'élèves contre 13 autres qui les trouvent nuisibles sur le
rendement scolaire de ces filles en question.
Pour ceux qui trouvent cette participation des filles
positive, ils avancent comme mobiles qu'elle participe à la formation de
la jeune fille dans l'optique de lui permettre d'être aguerrie aux
tâches féminines pour bien jouer son futur rôle de
mère et d'épouse. Un parent d'élève qui fait partie
de
77
notre échantillon, pour soutenir ses propos sur cette
participation des filles disait : « l'école des blancs
éloignent nos filles de leur vrai rôle futur à jouer. Elles
passent tout le temps à l'école et à la fin ne savent
même pas faire la cuisine pour leur mari, ni s'occuper des enfants et ce
sont les domestiques et les gouvernantes qui doivent jouer le rôle de la
femme de foyer. Je me demande si toutes les filles devraient être
exemptées des travaux domestiques, qui jouera ce rôle de
domestiques à la fin ?».Il est évident que ces
représentations et considérations confinant la femme à des
tâches domestiques et ménagères ne sont pas de nature
à libérer la jeune fille du joug des activités domestiques
et socio-économiques.
En effet, la participation des filles à ces
activités n'est pas mauvaise en soit pour certains parents
d'élève. La meilleure manière d'apprentissage est
l'imitation des plus expérimentées et des aînées. La
jeune fille peut tout apprendre de sa mère pour être une bonne
épouse, une mère modèle pour ses enfants. Il faut
reconnaitre que cet apprentissage doit respecter certaines normes au risque de
la rendre nuisible à l'éducation des apprenants. C'est
l'intensité et la régularité avec laquelle elles
s'investissent de gré ou de force dans ces activités qui joue sur
leur rendement à l'école à court, moyen et long terme.
Lorsque les parents non avertis inscrivent ces
activités dans le quotidien des filles et sans relâche et à
des heures exagérées, il est évident que l'activité
perd son aspect formateur et se transforme en punition. C'est pourquoi les
filles qui participent activement à ces activités
préfèrent rester à l'école pendant la pause et
rentrer les soirs de peur de ne pas avoir assez de temps pour réviser et
traiter des exercices pour le lendemain. L'école devient une
échappatoire des activités domestiques.
En terme de temps moyen consacré aux activités
domestiques de filles issues de milieux analphabètes, le temps
consacré aux activités scolaires est disproportionnel à
celui réservé aux activités domestiques et ce avec la
bénédiction de certains parents. Les conséquences
immédiates de cette participation est la fatigue et le manque
d'attention en classe. De l'analyse des différentes données, nous
pouvons affirmer que le temps réservé aux apprentissages est en
deçà du temps réservé aux apprentissages. Si nous
considérons ces résultats, les filles consacrent en moyenne 3,68
Heures dans la participation aux activités domestiques contre seulement
1,85 Heure pour les apprentissages après les cours. Nous pouvons
affirmer que notre première hypothèse est confirmée car il
y a prédominance des activités domestiques sur celles scolaires
dans les ménages dont les parents sont analphabètes.
78