L'éducation au Burkina Faso est une priorité
dans le sens où, selon l'article 2 de la loi N°013-2007/AN portant
loi d'orientation de l'éducation au Burkina Faso, elle constitue :
« l'ensemble des activités visant à
développer chez l'Etre humain l'ensemble de ses potentialités
physiques, intellectuelles, morales, spirituelles, psychologiques, et sociales,
en vue d'assurer sa socialisation, son autonomie, son épanouissement et
sa participation au développement économique, social et culturel
». Cette définition montre la nécessité
de l'éducation aussi bien pour l'individu que pour la
société, et également pour parvenir au
développement. Ce développement requiert la participation de tous
sans distinction et discrimination.
Cette même loi en son article 3 stipule que
« l'Education est une priorité nationale. Toute
personne vivant au Burkina Faso a droit à l'éducation, sans
discrimination aucune, notamment celle fondée sur le sexe, l'origine
sociale, la race, la religion, les opinions politiques, la nationalité
ou l'état de santé. Ce droit s'exerce sur la base de
l'équité et de l'égalité des chances de tous les
citoyens. ».Cet article se voit renforcé en rendant
l'enseignement primaire obligatoire pour tous les enfants de six à seize
ans c'est-à-dire que cette obligation s'impose jusqu'au post primaire
dans le nouveau organigramme de la réforme de l'éducation.
La mondialisation a eu une incidence notable en
réduisant drastiquement les dépenses publiques de l'Etat, qui
doit désormais faire face à plusieurs défis de
développement en même temps. Ainsi, le secteur éducatif
sera le plus affecté par la hausse des coûts d'éducation,
préjudiciable aux enfants de pauvres en général, et aux
filles en particulier en raison de la préférence masculine qui
persiste culturellement dans nos sociétés. Une proportion non
négligeable de filles et de garçons, 29% au post primaire et 27%
au secondaire (MESS, 2010) sont totalement exclus du système
éducatif avant d'avoir acquis une connaissance solide de base. Le plus
souvent, les filles issues en majorité de familles pauvres sont de plus
en plus exclues de l'éducation, ce qui signifie qu'elles ne peuvent pas
prétendre à un emploi décent dans l'avenir (SAMIR
AMIN,2007).Cette disparité d'accès des femmes aux services
sociaux de bases tels l'éducation nous interpelle sur la
problématique de genre et éducation, condition sine qua non de
son plein épanouissement et partant de là sa pleine participation
au processus de développement du Burkina Faso.
La dualité du système éducatif
privé/public qui nécessite des efforts financiers
considérables, reproduit et exacerbe le processus d'exclusion des filles
issues de familles pauvres. Cette dualité du secteur éducatif
rend l'éducation post primaire et secondaire budgétivore excluant
les enfants de pauvres qui n'y ont pas accès. Ces derniers sont vite
exclus des classes quand les parents sont dans
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l'incapacité de couvrir les frais de scolarité,
ce qui rend difficile leur maintien dans le système scolaire. A cette
pauvreté ambiante des ménages à faire face aux
dépenses scolaires dans cette libéralisation de
l'éducation, s'ajoute la sollicitation sans cesse croissante de la jeune
fille à participer à la vie du ménage. La jeune fille,
dans nos sociétés traditionnelles, est beaucoup sollicitée
par sa mère dans l'exécution des tâches domestiques et dont
la contribution est fort louable. A peine mineure, elle seconde sa mère
mais à l'adolescence son rôle se trouvera renforcé car elle
sera davantage sollicitée dans les activités
socio-économiques au détriment des activités para et
périscolaires (révision, lecture, exercice...). L'adolescente
devient une aide précieuse dans la quête du bien-être du
ménage, c'est une main forte. La reproduction sociale de son rôle
de future épouse commence à l'adolescence malgré qu'elle
soit à l'école. La gravité et la fréquence des
travaux domestiques ont un impact non négligeable sur le rendement
scolaire des filles qui se manifeste par l'inattention en classe, le
séchage des cours, la fatigue, la somnolence, la distraction, le retard,
les absences...).En substance, les corvées domestiques dont sont
victimes les enfants issues de familles modestes en général, des
filles en particulier, ont un impact psychoaffectif sur ces deniers et se
ressent dans leurs résultats scolaires.
La préoccupation centrale de notre travail est
de montrer dans quelle mesure la contribution ou la participation des filles
issues des milieux pauvres aux activités socio-économiques et
domestiques affecte leur trajectoire scolaire.