La présomption d'innocence dans la presse quotidienne burkinabè( Télécharger le fichier original )par Ouaogarim Roger SANKARA Institut des sciences et techniques de l'information et de la communication ( ISTIC ) de Ouagadougou - Conseiller en sciences et techniques de l'information et de la communication 2013 |
CHAPITRE II : LES SOLUTIONS AU CONFLIT ENTRE LA PRESOMPTION D'INNOCENCE ET LE DROIT A L'INFORMATIONLes professionnels des médias, eux-mêmes, tentent de résoudre le conflit (Section I). Ces tentatives de résolution viennent s'ajouter aux solutions juridiques du conflit (Section II). Section I : Les tentatives de résolution du conflit entre la présomption d'innocence et le droit à l'information par les professionnels des médiasIl est ressorti de nos entretiens avec les responsables des journaux étudiés que les hommes de médias n'entendent jamais taire une affaire pénale dans le but de protéger la présomption d'innocence. Les journalistes préfèrent en parler en prenant un certain nombre de précautions pour protéger l'innocence présumée. Au-delà de ces professionnels de médias, certains penseurs du domaine de la presse ainsi que des associations professionnelles de la presse proposent aux journalistes des règles de conduite générale qui, elles aussi, peuvent contribuer à résoudre le conflit entre la présomption d'innocence et le droit à l'information. Certaines de ces solutions relèvent de l'éthique et de la déontologie journalistiques (A). D'autres sont liées aux techniques journalistiques(B). A. Les solutions tenant à l'éthique et à la déontologie journalistiquesDans Droit de l'information et de la communication, Bruno Ravaz et Stéphane Retterer estiment qu'il est nécessaire de retenir le respect de la présomption d'innocence dans la déontologie journalistique34(*). Du reste, certaines règles éthiques et déontologiques du journalisme permettent de réduire les atteintes à la présomption d'innocence. Il s'agit entre autres de l'objectivité(1) et de l'exactitude (2). 1. L'objectivitéHenry H. Schulte et Marcel P. Dufresne considèrent l'objectivité comme le onzième commandement du vrai journaliste. Selon eux, « il ne s'agit pas de l'attitude subjective et partisane mais d'un journalisme qui allie l'exactitude et l'équité fondée sur une recherche exhaustive qui éclaire les évènements et les problèmes 35(*)». L'objectivité exige du journaliste une prise en compte des points de vue de toutes les parties impliquées dans une affaire. Le journaliste doit faire preuve d'objectivité dans le traitement de l'information. Et le non-respect de ce devoir pourrait nuire aux personnes dont il parle. A ce propos, Kristin Helmore conseille aux journalistes de déployer tous leurs efforts pour permettre à l'accusé de répondre des accusations dont le journaliste fait état dans son article. Cet auteur ajoute que lorsque le journaliste se trouve dans l'impossibilité de satisfaire à cette exigence, il doit le mentionner dans son écrit. Bien plus, Kristin Helmore écrit : « Le journaliste ne doit jamais oublier qu'il détient un certain pouvoir et qu'il peut, sans le vouloir, causer du tort à des innocents. Cela est particulièrement vrai lorsque les questions abordées mettent en cause le comportement de certaines personnes. Même s'il se confirme après coup qu'elle n'est pas coupable, toute personne accusée par la presse voit sa réputation ternie. 36(*)». L'objectivité dans le traitement de l'information pourrait donc contribuer à la protection de la présomption d'innocence. Le devoir d'exactitude, s'il est observé, aboutit au même résultat. * 34 Ravaz Bruno et Retterer Stéphane, Droit de l'information et de la communication, Ellipse Edition Marketing SA, Paris, 2006, P. 64 * 35 Schulte H. Henry et Dufresne P. Marcel, Pratique du journalisme, Nouveaux Horizons, Paris, 1999, P. 11 * 36 Helmore Kristin, A.B.C de la presse écrite, Nouveaux Horizons, Paris, 1995, P. 79 |
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