b. Hypothèse 2 : le BFEM n'évalue que des
compétences immédiatement utiles en seconde
« La lettre personnelle, la lettre de demande
d'emploi, le compte rendu » sont les types d'écrits sociaux
visés par le programme de français en troisième. Il faut
ajouter à cette liste, pour être plus exhaustif et rester dans
l'esprit des textes officiels, « le rapport, la lettre de motivation,
le curriculum vitae, les articles de presse, les affiches », en somme
toutes productions écrites dont la maitrise permet à
l'élève de 3ème d'être compétents
dans la communication dans l'espace social
La maitrise d'un tel type d'écrits est très
utile surtout pour cette partie de la population scolaire qui n'ira pas
au-delà du cycle moyen. Faut-il le rappeler, la classe de
troisième ne prépare pas seulement à l'entrée en
seconde mais doit aussi doter de moyens d'affronter la vie pratique ceux qui
ont choisi d'explorer d'autres horizons.
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C'est justement à ce niveau, à notre avis, qu'il
faut chercher l'explication de la non prise en charge des écrits sociaux
dans l'évaluation certificative. Car apparemment, cette dernière
catégorie d'élèves n'intéresse pas
l'évaluateur. Autrement dit, la question est de savoir si le concepteur
d'épreuves est vraiment convaincu que le BFEM doit évaluer des
compétences d'écriture qui ne risquent d'être utiles
immédiatement qu'à des candidats qui n'iront pas au lycée
?
Selon les réponses des enseignants ciblés dans
notre échantillon, les compétences évaluées
à travers le brevet de fin d'études moyennes correspondent
à celles dont a besoin un élève qui se destine au cycle
secondaire. La conclusion à laquelle une telle conception fait aboutir
est naturellement que l'accent doit être mis, dans l'évaluation
certificative, sur ce qui attestera justement de cette aptitude à
réussir des études en seconde. Ainsi s'explique l'élection
du texte argumentatif et par ricochet de la dissertation comme priorité
face au récit et surtout aux écrits sociaux. Le « refus
» d'évaluer au BFEM et le récit et les écrits sociaux
a naturellement eu pour conséquence leur suppression pure et simple des
séquences d'enseignement apprentissage en troisième.
Pour se donner bonne conscience, la majorité des
enseignants considèrent ce type de texte comme définitivement
maitrisés ou comme des « écrits professionnels » dont
l'acquisition se fera dans les structures de formation professionnelle :
l'école de journalisme pour les écrits de presse, le lycée
commercial ou l'IUT pour les « techniques d'expression écrites
».
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