2.3.3 - Un outil identitaire qui favorise les
échanges entre utilisateurs
La prégnance fortuite d'utilisateurs d'IPhone dans
l'échantillon interrogé (trois soignants sur les quatre
utilisateurs de Smartphones) nous indique qu'il existe une
préférence pour des échanges entre possesseurs d'appareils
utilisant le même système d'exploitation. Cela leur permet de
montrer des applications ou des fonctionnalités qui sont ensuite
directement utilisables sur leur propre appareil. Chloé va même
jusqu'à parler de « communauté » :
« Et puis avec l'IPhone, on discute entre possesseurs
du même téléphone, des nouvelles applications qui existent,
on se fait des démonstrations, il y a quelques application communes avec
les Windows phone mais bon, plus souvent c'est entre utilisateurs d'iPhone
qu'on discute le plus des applications, ça forme une sorte de
communauté quoi... (Large sourire). »
Tout comme Carine : « bon c'est vrai qu'avec X
(de la même génération) qui a aussi un IPhone, on
le fait plus souvent qu'avec les autres mais sinon non, je partage aussi avec
les autres. »
Nous ne pouvons pas sur un si faible échantillon tirer
de conclusion de cet aspect communautaire, mais nous percevons la forte
dimension identitaire dans leur rapport à l'objet. Leur manière
d'en parler avec un sourire voire un rire de satisfaction, la fierté
d'énumérer les sommes de capacités offertes par leur
appareil et jusqu'à la revendication du type d'appareil
possédé, comme pour Samia, quand nous lui demandons si son
appareil est un Smartphone elle répond fièrement avec un sourire
complice156 : « Oui, c'est un IPhone, yes ! » La
politique marketing de la marque à la pomme et l'aspect élitiste
véhiculé par le produit n'est peut-être pas étranger
à cette forte identification et cette reconnaissance entre utilisateurs.
Cette reconnaissance été mise en évidence par Corinne
Martin dès 2007 dans son livre « le téléphone
portable et
156 Rappelons ici que nous utilisions nous même un IPhone
pour réaliser l'enregistrement de nos entretiens.
83
nous ». Mais elle l'identifiait surtout chez les jeunes
adolescents pour qui l'enjeu identitaire véhiculé par le
téléphone mobile est lié au processus de socialisation :
« Il importe d'être "comme les autres", d'avoir le même
portable que les amis auxquels on s'identifie et dont on partage le même
cadre de référence, notamment en termes de valeurs. De plus, il
ne faut pas oublier combien la référence aux marques est
essentielle pour ces jeunes157. » L'auteure évoquait
également la place de la publicité pour diffuser la
personnalisation et finalement l'individualisation de l'objet en expliquant :
« Tous ces éléments définissent une sorte de
communauté, à la création de laquelle on a
participé qui sert en retour de groupe de référence et de
support d'identification. C'est ce que note déjà Jacques
Perriault à propos des machines à communiquer : "l'usage des
machines à communiquer" favorise la création de réseaux de
sociabilité"158. » Nous retrouvons donc également
chez nos interviewés ce développement de sociabilité
autour du mobile dans le milieu du travail, avec des échanges
privilégiés entre utilisateurs qui se reconnaissent et trouvent
des sujets de conversation communs liés à leur type d'appareil.
Ce phénomène de communauté se retrouve également
sur internet par la prolifération de sites et de blogs revendiquant
l'appartenance à telle ou telle marque de téléphone
mobile.
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