II.1.4.5 Kum'a Ndumbe III
et le projet de partage communautaire moderne.
Le professeur Kum'a Ndumbe III (1985) aborde la
problématique de l'enracinement culturel de manière holistique,
à travers son concept de partage communautaire moderne. Il part lui
aussi du constat d'échec tous azimuts dans lequel se trouvent les pays
Africains pour proposer une nouvelle vision de la société
basée sur le partage. Dans sa démarche, il prend en compte tous
les aspects de la vie d'une nation (politique, culturel, économique et
social) pour constater, non sans amertume, que « nous sommes les
esclaves culturels des autres ».
Ce qui nous intéresse dans cette démarche c'est
son approche éducative dans une société de partage
communautaire. Dans un chapitre fort étayé, intitulé
« Eduquer avec notre culture », il pose les jalons d'une
éducation qui prend en compte les valeurs socio-culturelles :
Le principe de base de cette éducation est
simple : nous sommes nés dans une société dont
l'héritage nous a été légué par nos
ancêtres. Nous devons y puiser et tendre à le parfaire pour le
bien-être de l'ensemble de la communauté d'abord et pour notre
épanouissement ensuite.
Kum'a Ndumbe III. (1985 :50)
Pour y parvenir dit-il, il faut reformer totalement notre
système éducatif de la maternelle à l'université
en passant par le primaire et le secondaire ; car,
« l'éducation de l'Africain d'aujourd'hui, calquée
sur des modèles étrangers a fait faillite (...)
l'éducation actuelle professée dans nos écoles nous
mène à notre perte »
Il va plus loin et propose un schéma de mise en
oeuvre : chaque camerounais doit connaître le passé de sa
communauté et celui des autres communautés nationales. Il
suggère fortement que « nos coutumes, nos rites, nos
religions et notre vision du monde soient intégrés à
l'enseignement.». Ce penseur a tout une vision de la
société camerounaise et africaine, une société
enracinée dans sa culture ; la culture étant ici
considérée comme une bouée de sauvetage .Car, comme il dit
lui-même, l'avenir de notre peuple se trouve dans sa culture.
Comme on le voit bien, le souci de ces penseurs est que
l'enseignement de la Culture nationale prenne corps dans notre système
éducatif pour répondre aux besoins d'enracinement culturel des
pratiques éducatives. Au fait, ce ne serait que rétablir une
pratique que les Allemands (1884-1914) avaient encouragée en adoptant
les langues locales comme langues d'enseignement et que le gouvernement
français supprima en interdisant l'enseignement des langues maternelles
à l'école primaire, au nom de sa politique coloniale dite
d'assimilation.
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