II.1.4 Enracinement
culturel du système éducatif : une préoccupation des
penseurs.
La problématique de l'enracinement culturel du
système éducatif a préoccupé et préoccupe
encore bon nombre de penseurs. Chacun y est allé avec ses talents, ses
arguments pour expliquer, démontrer puis recommander la prise en compte
des valeurs culturelles dans le système éducatif ; voyons
d'abord ce qu'en pense Gérôme Brumer.
II.1.4.1 Brumer et la
thèse culturaliste
Partant du postulat selon lequel l'espèce humaine est
intrinsèquement culturelle, Brumer (1996 :18) assigne à
l'éducation le rôle d'introduction des jeunes
générations dans la culture. Dans sa démarche, il
rapproche et confronte les travaux des nombreux auteurs et courants de
recherche pour démontrer que :
L'éducation n'est pas seulement un travail
technique portant sur le traitement correct de l'information (de l'enseignant
vers l'enseigné) ; qu'elle n'est non plus l'application
mécanique à la classe de théories d'apprentissage (...)
Mais une tentative complexe d'adapter une culture aux besoins de ses membres et
d'adapter ses membres et leur manière d'apprendre aux besoins de la
culture.
Comme on le voit, Brumer indique par cette thèse, la
relation dialysante qui existe entre l'éducation et la culture.
Henry Tourneux et Olivier Iyébi-Mandjeck ont
abordé aussi la problématique de l'enracinement culturel, mais
avec une tonalité différente ; voyons comment ils exposent
leurs points de vue.
II.1.4.2 Tourneux et
Iyébi-Mandjeck : la problématique de la langue
d'apprentissage
Après avoir passé au peigne fin les pratiques
scolaires classiques et leurs rendements dans la ville de Maroua, Henry
Tourneux et Olivier Iyébi-Mandjek, dans un chapitre intitulé
« quelle(s) langue (s) pour
l'enseignement ? » proposent tout simplement
l'introduction du fulfuldé à l'école. Avant d'y arriver,
ils constatent que le taux d'échec très élevé,
signe du faible rendement scolaire dans la ville de Maroua, est lié
à la difficulté de la compréhension, par les
élèves, de la langue d'apprentissage qu'est le Français.
Ecoutons-les s'exprimer :
Devant la dégradation constante des conditions
d'enseignement dans les provinces du Nord du Cameroun, il faut mettre en place
de nouvelles stratégies (...) Il semble difficile de faire l'impasse sur
la question linguistique. En effet, une des causes principales de
l'échec scolaire à Maroua réside dans la difficulté
d'apprentissage de la langue d'enseignement (le français) par les
enfants.
Tourneux et Iyébi-Mandjek, (1994 :
285)
Pour ces deux penseurs, le faible rendement scolaire dans la
ville de Maroua est imputable au fait que l'apprentissage se passe en une
langue (le Français) étrangère au contexte soci-culturel
des enfants. Il s'agit là d'un appel à l'enracinement culturel et
même de la contextualisation des enseignements.
C'est dans le registre linguistique que le professeur Tadadjeu
aborde la problématique de l'enracinement culturel. Comment
l'articule-t-il ?
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