II.1.3 L'UNESCO et
l'enracinement culturel des systèmes éducatifs.
Crée en 1946 à la fin de
la 2e guerre mondiale, cet organisme international qui a pour
vocation essentielle la préservation de la culture des peuples fait un
effort pour que les systèmes éducatifs soient enracinés
dans la culture du terroir d'où ils sont issus. Cet effort est beaucoup
plus accentué vis-à-vis du continent africain, ce d'autant plus
que l'Afrique est l'un des rares continents où une triste
expérience a cours, à savoir, prétendre promouvoir le
développement des populations en utilisant les langues qui leur sont
étrangères.
Lors de la réunion des experts organisée
à Yaoundé par l'UNESCO en 1980 et dont le thème des
débats était : Tradition et Développement dans
l'Afrique aujourd'hui, les participants étaient tous
unanimes pour reconnaître que le développement de l'Afrique n'est
pas possible dans le contexte actuel. Car selon Wande Abimbola l'un des
participants, le patrimoine culturel n'est pas suffisamment pris en compte dans
les projets de développement en Afrique. Pire, poursuit-il, les
Africains ont même honte de revendiquer leur culture :
Des millions d'Africains semblent avoir honte aujourd'hui
de proclamer publiquement leur attachement à la religion et à la
pensée traditionnelle de l'Afrique, la colonisation de nos esprits a
été si poussée qu'elle nous a donné honte du
patrimoine religieux qui nous est propre. UNESCO (1990)
A l'issue de ces assises, il a été
recommandé l'utilisation des langues africaines comme langue
d'enseignement :
L'Afrique noire est la seule région au monde
où des millions de personnes font leurs études dans des langues
qui ne sont pas les leurs. C'est une tendance à laquelle il faut mettre
un terme pour que les langues Africaines deviennent langues d'enseignement.
UNESCO (1990)
Dans la même année (1980) à Accra au
Ghana, l'UNESCO a organisé une rencontre avec des spécialistes
sur le thème : Spécificités et
Convergences dans l'Afrique au sud du
Sahara. Au cours de ces assises, il était question
d'examiner s'il est possible de parler de l'Afrique en termes d'aire culturelle
et quels en sont les critères. Les participants ont abouti à la
conclusion selon laquelle la langue constitue le critère essentiel de la
délimitation de l'aire culturelle. Citant Cheikh Anta Diop, ils
déclarèrent ceci :
La primauté du facteur linguistique dans
l'identification d'une aire culturelle ou de civilisation est aujourd'hui
démontré (...) la réalité que nous vivons tend
à prouver que l'individu, à quelques exception près,
saisit l'essence de son identité culturelle à travers sa
langue.
UNESCO (1986)
Comme quoi la langue est le véhicule principal de la
culture d'un peuple.
En dehors des organismes internationaux, les penseurs ont pris
à bras le corps la problématique de l'enracinement culturel.
Comment l'on-t-ils abordé ?
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