La mobilisation de la démarche judiciaire dans le processus de justice transitionnelle en sociétés post-conflit: le cas du Rwanda( Télécharger le fichier original )par Claudette Chancelle Marie-Paule BILAMPASSI MOUTSATSI Université protestante d'Afrique Centrale - Master II en paix et développement 2012 |
IV. Question de rechercheUne question principale balise notre champ d'étude : - Les institutions de la justice transitionnelle ont-elles effectivement contribué à consolider et à assurer une paix durable au Rwanda ? 35 Ibid., p. 92. 36 Idem. 37 Arnaud Meffre, « La justice transitionnelle à l'épreuve de la Sierra Leone : analyse critique » in Cédim, Montréal, mars 2005, www.cedim.uqam.ca. La mobilisation de la démarche judiciaire dans le processus de justice transitionnelle en sociétés post-conflit : le cas du Rwanda. V. HypothèsesDans notre travail, nous adoptons la démarche hypothético-déductive38 qui implique la formulation des réponses provisoires aux questions principales de la recherche devant être éprouvées empiriquement pour la vérification de leur véracité39. Nous pourrons alors soit les infirmer, soit les confirmer. Dans cette logique, deux hypothèses sous-tendent notre recherche : une hypothèse principale et une hypothèse secondaire. - Les institutions de la justice transitionnelle au Rwanda seraient un mécanisme qui donne des résultats qui permettent de consolider le processus de paix, de sécurité et de relance économique pour le développement. - Les institutions de la justice transitionnelle au Rwanda présenteraient encore des lacunes au vu des critiques nombreuses et récurrentes sur l'aide apportées aux victimes du génocide par les Juridictions Gacaca ou le TPIR. S'il est admis que dans un travail scientifique tel que le nôtre, l'hypothèse de travail s'avère fondamentale, il est également reconnu que les moyens de les valider ou non sont une donnée de même nature ; d'où, les aspects méthodologiques qui sont un ensemble d'idées directrices qui orientent l'investigation scientifique et met à la disposition du chercheur des dispositifs d'observation très diversifiés40. VI . Aspects méthodologiquesA- La collecte des donnéesElle consiste d'une part à la recherche documentaire et d'autre part aux entrevues de recherche en passant par l'observation41. En tant que collecte des données, notre recherche est 38 Selon Grawitz (1993 : 20), la démarche hypothético-déductive « est avant tout un moyen de démonstration consistant à partir de prémisses supposées assurées, d'où les conséquences tirent leur certitude ». Il s'agit en fait d'une « opération mentale consistant avant tout à prendre pour point de départ une proposition ou un ensemble de propositions de portée universelle (ou du moins générale) dont on tire une hypothèse ou un ensemble d'hypothèses portant sur des cas particuliers » (Gauthier, cité par Comeau, 1994 : 4). 39 L'hypothèse donne à la recherche un fil conducteur très efficace et assure la cohérence entre les différentes parties de celle-ci. L'hypothèse vise à répondre à la question de recherche. Pour ce faire, le chercheur doit déterminer ce qu'il aimerait trouver à la fin de la recherche (Boudreault, 2004). L'hypothèse est alors une proposition provisoire qui doit être soumise à l'épreuve des faits. Elle peut être confirmée ou infirmée, ou encore nuancée. 40 Voir Karsenti, Thierry, Savoie-Zajc, Lorraine, La recherche en éducation : étapes et approches. Sherbrooke : Éditions du CRP, 2004. 41 S'agissant de la collecte des informations, bon nombre de chercheurs qualitatifs identifient trois principaux instruments généralement utilisés dans la cueillette d'information, à savoir l'entrevue, l'observation participante et l'histoire de vie. Il existe aussi d'autres sources de données que l'on peut utiliser dans le cadre d'une recherche qualitative et leur emploi dépend surtout du type de recherche qui est initiée. Parmi eux, nous citons les La mobilisation de la démarche judiciaire dans le processus de justice transitionnelle en sociétés post-conflit : le cas du Rwanda. fondée sur des corpus variés constitués d'ouvrages de sources diverses : livres, thèses et mémoires, articles de revues spécialisées et documents divers des Nations-Unies se rapportant à la justice transitionnelle. Nous privilégions cette méthode comme mode d'élaboration des connaissances dont les données nous permettent de comprendre, de décrire et d'expliquer les institutions de la justice transitionnelle. Toutes les sources documentaires que nous avons utilisées sont confrontées aux vérifications à l'aide de grilles théoriques suggérées par l'objet de notre étude. Comme techniques vivantes, nous avons rencontré des personnes concernées par les juridictions particulières42. Nous nous sommes rendus au Rwanda, pour rencontrer les acteurs principaux du processus de justice transitionnelle, à savoir la population rwandaise dans ses différentes composantes : des personnes travaillant au sein des institutions de la justice transitionnelle43, des personnes ressources émanant de diverses ONG44, les rescapés dont les familles entières ont été décimées45, les familles des détenus et les prisonniers libérés46 après les aveux. Ces entrevues nous ont permis de pénétrer un peu plus au coeur du problème de la justice transitionnelle. Nous sommes restés plus près des populations concernées avec ces différentes entrevues. En effet, l'entrevue de recherche peut être définie comme « une interaction verbale entre les personnes qui s'engagent volontairement dans pareille relation afin de partager un savoir, et ce, pour mieux dégager conjointement une compréhension d'un phénomène d'intérêt pour les personnes en présence »47. Elle permet au chercheur d'entrer en contact direct avec son interlocuteur pour mieux identifier et comprendre ses perspectives48. L'interprétation de ces données requiert les approches et grilles théoriques. documents d'archives ou matériel écrit, la photographie, la vidéo, etc. Par ailleurs, le chercheur doit donner une attention particulière à la qualité des informations qu'il recueille en les vérifiant et en les comparant constamment pour une meilleure interprétation. 42 Voir grille d'entretiens. 43 Madame Jeannette Ebouea, enquêtrice du Tribunal Pénal International pour le Rwanda, Monsieur Jonas SEBAGAZI et Monsieur Matthias RUNEZERWA documentalistes au Centre, d'information et de documentation du TPIR à Kigali et un juge de la Juridiction Gacaca. 44 ONG Ibuka, l'association des veuves du génocide (Avega), une association des femmes et une ONG locale. 45 Voir grille d'entretiens (Annexes). 46 Voir grille d'entretiens (Annexes). 47 Lorraine Savoie-Zajc, « La recherche qualitative/interprétative en éducation » in La recherche en éducation : étapes et approches, Sherbrooke : Éditions du CRP, 2004, p. 133. 48 Différents types d'entrevues existent : l'entrevue non dirigée, l'entrevue semi-dirigée, l'entrevue dirigée. L'entrevue peut être menée par une ou plusieurs personnes auprès d'un seul individu ou d'un groupe d'individus. Elle peut donc être individuelle ou collective. Selon Savoie-Zajc (2004), ce mode de cueillette de données comporte des limites à cause de comportements imprévisibles des individus interviewés. Pour éviter tout biais, ils recommandent d'associer l'observation à l'entrevue. La mobilisation de la démarche judiciaire dans le processus de justice transitionnelle en sociétés post-conflit : le cas du Rwanda. |
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