B- Les approches et grilles théoriques
1- Les approches
Il s'agit de la démarche intellectuelle globale
utilisée pour parvenir à l'élucidation du réel. En
effet, «plutôt qu'une fin en soi, les approches
méthodologiques, constituent des plans d'observations, des moyens
d'investigations auxquels est subordonné l'objet étudié,
pour atteindre une finalité qui est le début de la recherche
»49. Selon Madeleine Grawitz, l'approche
méthodologique est « un moyen de parvenir à un aspect de
la vérité recherchée »50. Grawitz
poursuit en soulignant que « la méthode est constituée
par l'ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une
discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle
poursuit, les démontre et les vérifie »51.
Notre étude qui porte sur les institutions de la justice transitionnelle
au Rwanda fait appel à trois approches : l'approche socio-historique,
juridique et holistique.
Comme le souligne Raymond Aron « toute étude
concrète des Relations Internationales est une étude
socio-historique »52. L'approche historique permet de
comprendre les origines, les faits qui ont abouti à la création
des institutions de la justice transitionnelle. Cette approche est utile en ce
sens que « le savoir historique permet de relier les
évènements en apparence isolée dans le temps
»53. Autrement dit, l'approche historique qui selon
Dieudonné Oyono est « la pierre angulaire
»54 de l'étude de la politique internationale sert
d'arrière plan historique nécessaire à la
compréhension de la justice transitionnelle. En réalité,
on ne peut comprendre un phénomène sans en comprendre les
origines, les causes et la nature.
Pour élucider la justice transitionnelle, l'approche
sociologique55 sert quant à elle à mettre en
lumière les différentes dynamiques sociales. Notre approche est
qualifiée de
49 Ntunda Ebode, Les Etats-Unis, les associations
occidentales de science politique et question soviétique : sens et
puissance à l'aube de la guerre froide, Villeneuve, Presse
Universitaire du Septentrion, 1998, p. 5
50 Madeleine Grawitz, Méthodes des sciences
sociales, Paris, Dalloz, 1993, p. 363.
51 Ibidem., p. 384.
52 Raymond Aron, Théories des Relations
Internationales, Paris, PUF, 1977, p. 109.
53 Dieudonné Oyono, « L'apport de
l'histoire dans l'enseignement des relations internationales » in
Revue Camerounaise des Relations Internationales, octobre-novembre,
1983, n°1, p. 24.
54 Ibidem, p. 113.
55 Max Weber définit la sociologie comme « une
science qui se propose de comprendre par interprétation
l'activité sociale et, par là, expliquer causalement son
déroulement et ses effets. Nous entendons par « activité
» un comportement humain (...) quand, et pour autant que, l'agent ou les
agents lui communiquent un sens subjectif. Et par activité «
sociale », l'activité qui, d'après son sens visé par
l'agent ou les agents, se rapporte au comportement d'autrui, par rapport auquel
s'oriente son déroulement » (Weber, cité par Berthelot, 1990
: 29). Mais, les différentes méthodes d'investigation et «
d'administration de la preuve », selon les termes de Durkheim (1992 :
124), utilisées en sociologie ont été polarisées
par l'approche quantitative et l'approche qualitative.
La mobilisation de la démarche judiciaire dans le
processus de justice transitionnelle en sociétés post-conflit :
le cas du Rwanda.
sociologique au sens où elle tente de cerner les
attentes des uns et des autres sur la question de la justice transitionnelle,
à partir de leur vécu quotidien et de leurs
expériences.
Le recours à la méthode juridique se justifie en
se sens que les institutions de la justice transitionnelle sont soumises d'un
côté au droit pénal international pour réprimer les
crimes internationaux à l'exemple du Tribunal Pénal International
pour le Rwanda et de l'autre, aux tribunaux traditionnels ou communautaires
à l'instar des `Gacaca' qui sont des mécanismes
sémi-judiciaires.
L'approche holistique56 quant à elle nous
permet d'aborder la justice transitionnelle dans toute sa globalité
c'est-à-dire à impliquer tous ceux qui sont concernés par
le conflit.
De manière générale, la démarche
adoptée ici est à la fois descriptive, pour rendre compte de
l'importance de la justice transitionnelle et de son contenu ; analytique, pour
la remettre en cause au vu de ses insuffisances et des enjeux qui la rendent
incertaine et enfin, prospective, pour s'interroger sur l'avenir de la justice
transitionnelle et présenter des perspectives de solutions. Les grilles
théoriques permettent une lecture et une interprétation plus
spécifiques du sujet.
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