1.2.6.
Activités humaines et leur impact sur la Réserve
La Réserve de Biosphère de Luki subit une forte
pression qui menace son intégrité. De par sa situation
géographique située au carrefour de deux routes très
importantes (Matadi-Boma et Boma-Tshela), la réserve connaît une
intense circulation de biens et de personnes. Malheureusement, cette position
exerce sur elle, une influence négative en favorisant son exploitation
abusive (Pendje & Mbaya, 1992, cité par Nsenga, 2001).
L'exploitation traditionnelle (ramassage de produits
forestiers, cultures, chasse, pêche) aussi bien qu'industrielle
(exploitation forestière) du milieu ont fortement entamé
l'intégrité de la Réserve. En conséquence des
impacts sur plusieurs types de facteurs mésologiques, floristiques et
fauniques sont observés (Projet MAB Luki, 1991, cité par Nsenga,
2001).
La croissance démographique a comme effets notamment
l'augmentation de la pression exercée sur la forêt et les
ressources naturelles en vue de la satisfaction des besoins en produits
vivriers de première nécessité et en énergie
domestique. Pour s'en convaincre 21 villages illicites, dans et autour de la
Réserve ont été érigés (Nsenga, 2001). La
diversité biologique de la Réserve est réellement en
péril. La menace qui pèse sur la phyto et la zoodiversité
de l'écosystème forestier du Mayombe se manifeste par ces
différents impacts humains.
En effet, la population locale revendique son droit foncier.
Les chefs coutumiers, les chefs des secteurs-administratifs locaux et les
autorités juridiques refusent de collaborer avec les gestionnaires. Ces
derniers accusent ceux-là d'être complices de la population au
sujet de la pression que subit la réserve depuis des années. Le
statut juridique ambigu de la Réserve et le bicéphalisme de sa
gestion, dû à la présence de deux gestionnaires ; MAB
et INERA se révèlent nuisibles à un aménagement
efficace.
1.2.6.1. La population
La création de la Réserve en 1937 avait
occasionné le regroupement des populations locales en quatre enclaves
villageoises (Tsumba-Kituti au Sud de la Réserve ; Kisavua au
Nord-Est ; Kimbuya au Nord-Ouest et Kiobo à l'est) auxquelles
s'ajoutent la station et le camp de travailleurs l'INERA et de MAB
situés à l'Ouest de la Réserve. La Réserve
étant devenue domaine de l'Etat, celui-ci a donné une
étendue de terre aux populations de chacune de ces enclaves afin de
couvrir leurs besoins en habitation, en agriculture vivrière et en
autres activités de subsistance.
Actuellement, avec l'explosion démographique, ces
populations sont devenues très denses et inégalement
réparties. Elles sont estimées à 5.224 habitants avec une
densité de 16 habitants au km². Elles sont en général
plus élevées dans l'enclave de Tsumba-Kituti suivie de celle de
Kisavua (Toirambe, 2001).
Hormis ces enclaves, la réserve est prise en
étau par trois axes routiers d'intérêt secondaire. Ceux-ci
traversent la zone tampon et ont favorisé l'implantation de nombreux
villages et centres ruraux. Les habitants de ces villages jouent un rôle
important dans la pression dont la réserve est victime. Ces axes
routiers sont :
- l'axe routier Kinzau-Mvuete - Lemba (Kinsundi) qui traverse
la Réserve au Nord et comprend 14 villages abritant une population de
2.131 habitants ;
- l'axe routier Manterne (Lovo)-Kinzau-Mvuete qui traverse la
Réserve au Sud, et compte 26 villages avec une population de 35.745
habitants ;
- l'axe routier Manterne (Lovo)-Patu qui longe la
réserve à l'Ouest et regroupent 13 villages avec une population
de 26.109 habitants.
Les autres routes secondaires situées à
l'intérieur de la Réserve desservent trois camps de planteurs et
sept villages avec une population totale de 2.311 habitants. Selon Isungu
(2003), la population totale vivant dans et autour de la Réserve
était de 71.520 habitants en 2000 alors qu'elle était
estimée à 50.873 habitants en 1996. Ce taux d'accroissement de
l'ordre de 6,8% se justifie par l'exode des populations venant de
l'intérieur du Mayombe (Tshela, Tshanga-nord, Maduda,...etc), et qui,
dépourvues des terres fertiles, sont à la recherche d'emplois
dans les centre urbains.
Par ailleurs, signalons que les essences animales et
végétales de la Réserve sont sauvagement exploitées
par les communautés environnantes. Les coupeurs de bois envahissent
très souvent ses concessions pour y chercher des espèces les plus
précieuses pour la fabrication de braise ou encore les grumes. Outre
les populations résidents, il faut compter aussi la présence de
la population dite flottante, car elle ne vient que pour exploiter
momentanément la Réserve et repartir. Si cette tendance se
maintiendrait, on peut être sûr que dans les dix prochaines
années, la Réserve n'existerait que de nom. D'où la
nécessité de surveiller, dans le cadre de l'aménagement
intégré du territoire, les mouvements migratoires des
populations et de trouver des solutions durables à ce problème.
Car la même tendance démographique s'observe également dans
les villages et centres ruraux, environnants la Réserve de
Biosphère de Luki.
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