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La psychologie des acteurs au contrôle fiscal

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par Philibert SULUG
ISEM-IBCG - Certificat de qualification professionnelle en Fiscalité option Auditeur Fiscal 2008
  

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CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE

Les services de la Direction Générale des impôts chargés de l'établissement et du contrôle des prélèvements obligatoires et définitifs imposés par l'Etat possèdent le dossier fiscal des redevables.

Au préalable, les agents du fisc effectuent diverses vérifications des informations relatives au dossier fiscal en leur possession puis suscitent la réaction des personnes qui doivent verser l'impôt.12

Ce procédé recèle l'ensemble des présomptions de l'Administration portées au grand jour par son comportement sur le terrain à travers le pouvoir de contrôle. Ce même procédé révèle les intentions, l'état d'esprit du contribuable lors de la réalisation de ses obligations.

La somme de ces manifestations nous présente la psychologie du contribuable d'une part et la psychologie du contrôleur d'autre part. Cette présentation de la psychologie des acteurs au contrôle fiscal n'est pourtant pas sans effets ou sans conséquences que nous allons évoquer dans la deuxième partie de notre recherche.

12 Raymond MBADIFFO, Le Droit Fiscal Camerounais, Tome 1, Ed. Macacos, Mai 2009, p.280

La psychologie des acteurs au contrôle fiscal

Par SULUG Philibert

Par SULUG Philibert

INTRODUCTION DE LA DEUXIÈME PARTIE

Mieux comprendre l'apport de notre recherche implique l'évocation des effets du comportement du contribuable et du vérificateur dans la procédure de contrôle.

A cet effet, on observe tout d'abord qu'en ce qui concerne le contribuable, ses déclarations amènent le vérificateur à procéder à des rectifications ou le cas échéant à des redressements. Par la suite il s'avère qu'étant informé des irrégularités du contribuable, l'inspecteur des impôts en charge du contrôle a un comportement qui varie entre la paresse, l'indulgence et la rigueur.

Sur le plan pratique, les considérations mentales du contribuable et du vérificateur peuvent donner lieu à la création d'un environnement plus ou moins propice à la commission d'une multitude d'infractions (Chapitre 1), voire à la « déviance fiscale. »

Sur le plan légal, les attitudes des différents acteurs au contrôle fiscal sont soumises à des règles qui aboutissent à des mesures (Chapitre 2) qui relèvent soit de la protection, soit des sanctions.

Par SULUG Philibert

« Nul n'est dispensé de l'obligation de payer l'impôt. »13

Les opérations qui permettent de payer l'impôt sont matérialisées dans les déclarations que le contribuable fournit à l'Administration fiscale. Accomplies dans les normes ou en méconnaissance des textes applicables, elle confirme leur licéité ou au contraire elles subissent une procédure de régularisation.

Puisque les règles d'audit externe ou de contrôle de l'Administration fiscale ne sont pas toujours à la portée de la compréhension de tous, lorsque les déclarations parviennent à l'Administration fiscale, elle se rassure que les erreurs ou omissions qu'elles contiennent sont volontaires et conscientes car le contribuable doit avoir en principe procédé à son niveau à un audit interne pour supprimer toute éventualité d'irrégularités provenant de son propre chef.

Ainsi, les effets de la psychologie des acteurs au contrôle fiscal seront observés sur l'accomplissement des obligations du contribuable par des infractions particulières (Section 1) puis sur les infractions provenant du pouvoir d'inspection (Section 2).

13 Raymond MBADIFFO, Introduction du ours d'audit fiscal, ISEM-IBCG Douala, juillet 2009.

Par SULUG Philibert

SECTION 1 : Les infractions liées aux obligations du contribuable.

Les obligations du contribuable sont d'ordre comptable, déclaratif et liquidatif. En cas de manquement envers ces obligations, le législateur fiscal à travers le CGI distingue des infractions dont la catégorisation est toute particulière et sans communes mesures avec les infractions de droit commun.

On parle alors ici d'omission, d'erreur, d'insuffisance, de dissimulation et de fraude comme fait caractérisant le comportement du contribuable pendant la réalisation de ses obligations.

Par omission, il est question de manquer à faire ou à dire. Un fait omis a une connotation d'oubli. Le Petit Larousse parle pour sa part d'omission volontaire14. En droit pénal l'omission suppose une infraction réalisée par le fait de s'abstenir volontairement. L'A.U portant droit comptable15 définit les erreurs (comptables) comme des irrégularités, omissions, inexactitudes provenant :

- d'un défaut d'interprétation ;

- de manipulations malencontreuses et involontaires de données ; - d'évaluations mal faites ;

- de malversation.

Ces différentes perceptions de l'omission nous force à penser qu'en principe l'omission est un fait volontaire et par exception un acte inconscient.

14 Petit Larousse, Librairie Larousse, Paris VIe , 1980, p.713

15 A.U portant Droit comptable, éd. Nouvelles méthodes Sarl, 752p. p.643

Par SULUG Philibert

Par erreur nous entendons communément une faute, une méprise voire une maladresse. En droit civil il est admis que l'erreur est une « appréciation inexacte portant sur l'existence ou les qualités d'un fait, ou sur l'existence ou l'interprétation d'une règle de droit »16.

La fréquence des erreurs quant à elle implique la mauvaise foi. Il est difficile de plaider l'innocence quand on se trompe, de façon régulière et répétée, et toujours à son avantage...

Soulignons que lorsque l'erreur ou l'omission est minime par rapport aux sommes en jeu, la bonne foi est très souvent admise. Par contre, la bonne foi est plus difficilement admise quand le contribuable, personne physique ou société, oublie de déclarer une bonne partie de ses revenus ou de ses bénéfices.

La nature des erreurs entre aussi en ligne de compte, c'est le cas par exemple lorsque certaines règles comptables ou fiscales simples sont supposées connues des contribuables. La bonne foi est donc difficilement admise quand, par exemple, des dépenses manifestement personnelles sont passées en frais professionnels, quand il y a cumul d'allocations forfaitaires et de remboursements de frais, etc.

Somme toute, ici on est face à une situation plus ou moins indépendante de la volonté de son auteur et donc, susceptible de tolérance même auprès de l'Administration. La locution latine ne dit-elle pas « Errare humanum est »17 ?

16 Lexique des termes juridiques, op.cit, p. 242

17 Locution latine qui s'emploie pour expliquer, pour pallier une faute, une chute morale et signifie qu'il est de la nature humaine de se tromper.

Par SULUG Philibert

La dissimulation à son tour admet une tendance aux cachotteries. C'est l'action de cacher. Elle inclut de toute évidence l'intervention de la volonté libre et délibérée de celui qui dissimule.

L'insuffisance par contre fait généralement allusion à la carence et au manque de quantité. Le CGI évoque cette notion dans le cadre des droits d'enregistrement en établissant sa distinction de la dissimulation (art.324 à 326 du CGI). Cette notion apparaît également dans le cadre des sanctions fiscales dans laquelle elle est associée à l'omission ou inexactitudes (art. L95) pour les intérêts de retard, puis est aussi associée à l'omission ou dissimulation comme fondement de la sanction selon la bonne foi, mauvaise foi ou manoeuvres frauduleuses.

Ces différentes précisions sur l'omission, l'erreur et la dissimulation nous permettent de distinguer parmi elles les notions qui prêtent le flan à la volonté et celles qui sont considérées comme inconscientes.

La frontière entre ces notions restant très floue, l'étude de chacun de ces cas est particulière et jugée en fonction des circonstances propres à chaque affaire. Toujours est-il qu'en pratique lorsque l'erreur ou l'omission est minime par rapport aux sommes en jeu par exemple, la bonne foi est très souvent admise.

Dès lors, il va sans dire que ces appellations renvoient à des constructions mentales d'où leur classification parmi les faits psychiques caractéristiques de la psychologie du contribuable. Qu'en est-il de l'inspecteur des impôts dans la pratique de ses opérations d'inspection ?

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote