La consommation d'alcool en milieu scolaire : cas de la ville de Yaoundé( Télécharger le fichier original )par Ulrick Lilyan MVE ONA Institut Sous-régional des Statistiques et d'Economie Appliquée (ISSEA) - Ingénieur 2006 |
CHAPITRE II : L'ALCOOL, SES MÉFAITS ET LA LUTTE CONTRE L'ALCOOLISME JUVÉNILE
« Celui qui ne supporte pas l'alcool (que ce soit de naissance ou par suite de mauvaises habitudes) n'est pas forcement un ivrogne, n'est pas forcement quelqu'un qui boit beaucoup...c'est quelqu'un pour qui l'alcool est un poison ». J. M. BOUTOT
Le marché des boissons alcoolisées se porte très bien. Cependant, les problèmes liés à la consommation d'alcool ne sauraient s'ignorer aujourd'hui (accident de la circulation, pertes d'emploi, maladies, ...). De plus, l'alcoolisme est un fléau qui n'épargne aucun âge de la vie (jeunes, adultes et vieux). Dans ce chapitre, nous présenterons les processus de fabrication, de commercialisation et de consommation des boissons alcoolisées, les effets désastreux y afférents avant d'aborder la lutte contre la prise à risque d'alcool des jeunes. SECTION 1 : LA PRODUCTION ET LA CONSOMMATION DES BOISSONS ALCOOLISÉESLa consommation traditionnelle d'alcool se fait de manière séculaire au Cameroun. Cependant, avec des processus d'industrialisations rapides, les productions et les distributions des alcools industriels ont facilement satisfait les demandes des populations avides d'alcool. Cette section présente la situation du marché des boissons alcoolisées. 1. L'alcoolisation et les produits dérivés
Les alcools (éthanols) sont généralement obtenus par fermentation, par distillation ou par mélange. Nous parlerons essentiellement des processus industriels qui contribuent à la fabrication de la quasi-totalité des boissons alcoolisées sur le marché.
La fermentation alcoolique est la transformation d'un sucre fermentescible tel que le glucose en alcool. En effet, tout jus de fruit (sucré) en contact d'une enzyme (levure, bactérie, etc.) se transforme en alcool. Les principaux produits obtenus sont : le vin, la bière et le cidre. · Le vin Un vin peut être obtenu par des techniques différentes de fermentation (vinification) à partir d'un fruit (raisin), d'une tige (canne à sucre), d'un bourgeon (chou palmiste)... Nous avons globalement cinq (5) étapes dans la vinification : le foulage, le pressage, la fermentation, le vieillissement et l'embouteillage. · La bière Elle est obtenue par fermentation d'une substance élaborée à partir de grains de céréales (orge, mil, riz...) appelée malt associée au houblon. En effet, l'amidon n'est pas un sucre fermentescible, c'est pourquoi les céréales sont transformées en malt. Le houblon quant à lui donne à la bière sa saveur amère et permet la croissance de certaines bactéries enzymatiques. · Le cidre Le cidre est habituellement obtenu par fermentation du jus de pomme. Il est légèrement pétillant (gazeux).
La distillation est une technique qui consiste à faire porter un produit liquide à ébullition afin de pouvoir séparer ses constituants et recueillir ces derniers par condensation. En effet, l'alcool, bouillant à 70° C (degrés Celsius), s'évapore plus vite que de l'eau qui boue elle à 100° C. La distillation permet donc d'obtenir des alcools plus concentrés (forts), entre autres : · l'eau-de-vie de vin (cognac, armagnac...) ; · l'eau-de-vie de marc ; · le calvados obtenu à partir du cidre ; · le rhum élaborer à l'aide du jus fermenté de canne à sucre ; · le kirsch fabriqué à base du jus fermenté de cerise ou de merise ; · le whisky et la vodka provenant des graines de céréales fermentées.
Les liqueurs sont des mélanges d'alcool, de sucre et d'arôme (parfum). Nous distinguons deux (2) groupes de liqueurs : · Les apéritifs (anis, cocktail, vermouth, quinquina,...) sont des liqueurs qui se boivent additionnées d'eau glacée, de sirop, d'oeuf... avant le repas ; · Les digestifs (cassis, chartreuse...) sont des liqueurs très sucrées qui se consomment pures à la fin du repas pour faciliter la digestion.
Le degré alcoolique (°) est le nombre d'unités d'alcool pur contenu dans 100 unités de quantité ou de volume. Exemple : Dans une bouteille de 1000 millilitres (1 litre) de vin à 10°, il y a 100 millilitres ou 80 grammes d'alcool pur, soit un apport calorifique de 560 kilocalories. Tableau 2 : Degré alcoolique des principales boissons alcoolisées
Source : Lévy, Cazaban, Duffour et Jourdan, op. cit, page 80 Ce tableau nous donne déjà un avant-goût des risques sanitaires liés à la consommation d'une boisson alcoolisée. 2. La place du Cameroun dans la consommation d'alcool
Le Cameroun occupe la 12ème place de consommateur d'alcool en Afrique (OMS, 2000). Depuis l' « indépendance », de nombreuses brasseries ont vu le jour, causant, avec une production traditionnelle attrayante et des importations élevées, une consommation permanente de boissons alcoolisées dans l'ensemble du territoire national. Graphique 4 : Évolution des consommations d'alcool pur par adulte (15 ans et plus) au Cameroun de 1961 à 2001 Source: WHO statistics, «Adult per capita alcohol consumption », 2002 D'une manière générale, ce graphique montre une baisse progressive de consommation des boissons alcoolisées au Cameroun à partir des années 1986. Cette baisse est liée à la crise économique due à la dégradation des termes de l'échange. Cependant, la bière reste la principale boisson consommée au Cameroun, suivi du vin et du spiritueux. Ces consommations sont fonctions des prix moyens des boissons alcoolisées (la bière étant la boisson la moins chère, suivi du vin et du spiritueux).
Les données chiffrées dans ce domaine échappent par définition à toutes les statistiques officielles. Cependant, d'après l'ONG Oasis, en 1990, 10% des camerounais consomment des boissons alcoolisées traditionnelles. Tableau 3 : Répartition des consommateurs d'alcool traditionnel au Cameroun
(1) Alcools divers, rares et souvent plus nuisibles (90°). Source : www.oasis-org.ifrance.com\Présentation.htm « Des faits et des chiffres » Le tableau 4 montre que parmi les spiritueux traditionnels les plus consommés au Cameroun, c'est le matango qui vient en tête, suivi de l'odontol et du bili-bili.
Les vins (principales boissons alcoolisées importées) et les spiritueux n'occupent pas une place importante dans le régime alcoolique de la majorité des camerounais ; car le pouvoir d'achat de ces derniers est encore faible. La plupart des camerounais préfèrent consommer des bières produites localement. Graphique 5 : Répartition des importations camerounaises de vins et spiritueux par pays d'origine Source : Douanes camerounaises 1999/2000 Le graphique précédent illustre le fait que le Cameroun importe généralement auprès des grands producteurs (Espagne et France). Ce qui le classe comme le 31ème demandeur de vins, le 24ème de mousseux et le 34ème de spiritueux. La consommation alcoolique du Cameroun est assez élevée. Ce que confirme le journal LE MESSAGER29(*) en disant que : « le Cameroun a même été classé parmi les plus grands consommateurs de champagne en Afrique ». Cependant, il ne s'agit pas d'une consommation de masse ; elle est réservée à la classe bourgeoise (membres du gouvernement, hommes d'affaires, diplomates...). * 29 Léopold CHENDJOU, « Produits importés: la nouvelle taxation des boissons et cigarettes », Le Messager, 10 janvier 2005 |
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