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L'interaction dans l'apprentissage en classe de français langue étrangère

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par Sophie Rimbaud
Université Paul Valéry Montpellier III - Master 2008
  

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III. THEORIES DE L'INTERACTION

L'apprentissage est forcément interactif, ouvert à l'imprévu, vigilant aux obstacles, il se situe dans un contexte qui est le lieu d'émergence d'organisation cognitives et sociales en constante évolution.

Selon Chomsky apprendre c'est se placer du côté de la performance, chez Piaget c'est reconstruire intégralement la langue et l'objet de l'apprentissage en considérant que, cognitivement, le cerveau est vierge et que les facultés d'apprentissage relèvent de la stratégie. Alors que selon Vigotsky, l'apprentissage ne peut pas être fait sans un contexte ; il ne se construit qu'en interaction avec le contexte (interactionnisme). Les processus interactionnels constituent les premières étapes de processus acquisitionnels : il faut créer et gérer en commun des savoir-faire, du discours. C'est le concept Vigotskien d'apprentissage.

Les différents courants

C'est vers les années 1970 que l'on assiste à l'émergence de ce courant disciplinaire et que les conversations deviennent le centre de l'analyse des interactions. L'étude des conversations a fait l'objet de nombreux écrits depuis la Renaissance mais maintenant la recherche se place dans une optique scientifique c'est-à-dire purement descriptive. L'analyse des conversations se trouve à la croisée de nombreuses disciplines parmi lesquelles on retiendra, dans le cadre de notre étude : la psychologie, l'éthnosociologie et la linguistique.

L'interactionnisme dans le domaine de la psychologie est surtout représenté par l'école de Palo Alto qui se base sur le principe du « on ne peut pas ne pas communiquer ».

C'est en 1962 dans un article en réaction contre Chomsky que Hymes expose son point de vue sur le langage et fonde l'éthnographie de la communication : à l'inverse de la conception chomskyenne selon laquelle savoir parler c'est être capable de produire et d'interpréter un certain nombre d'énoncés bien formés, il faut acquérir une compétence de communication qui est la manière qu'a le sujet de bien parler en fonction des situations culturelles spécifiques. L'accent est mis sur la valeur culturelle des situations de communication : à l'inverse de Chomsky qui parle de la société en terme de « communauté homogène », l'éthnographie des communications observe des interactions dans leur milieu naturel en tentant de donner des observations objectives des données.

Parallèlement, ou en complémentarité de ce domaine, Garfinkel parle d'éthnométhodologie lorsqu'il s'agit d'étudier les méthodes qu'utilisent les membres d'une communauté pour gérer les problèmes communicatifs. Dans ce courant, va naître l'analyse conversationnelle dont l'objectif est de décrire le déroulement des conversations quotidiennes en situation naturelle.

Bien que la linguistique soit l'étude de la langue, elle ne s'est intéressée que tardivement aux interactions. Au début elle ne s'est intéressée qu'au système abstrait de la langue, de productions courtes et monologuales. Depuis les années 1980 on assiste à l'étude des discours « corpus » authentiques et dialogués (non monologaux). On passe à une description empirique de la langue : la théorie au service des faits et non l'inverse.

La communication

La communication est un aspect de l'interaction car elle est assurée essentiellement par la langue : elle met en scène un (ou plusieurs) émetteur et un (ou plusieurs) récepteur. Pour qu'il y ait communication il ne faut pas seulement que les « interactants » parlent il faut qu'ils se parlent c'est-à-dire qu'il y ait un échange et une influence mutuels. Ainsi dans l'interaction face-à-face l'échange est coproduit et interactif dans le sens où il y a un travail collectif. Dans la conversation on distingue des interactions verbales et des interactions non-verbales : celles-ci sont très importantes car il est plus facile pour un apprenant de comprendre un interlocuteur « en vrai » que via une seule écoute audio.

Une classe de langue étrangère est vue comme un espace réduit régi par des règles sociales et communicatives strictes dont le but est de maximiser l'apprentissage par la garantie d'une bonne relation enseigner/apprendre. Dans la perspective interactionnelle l'enseignant reprend une place centrale : c'est lui qui mène la classe, il est agent et doit manipuler la conversation pour maximiser l'apprentissage.

L'interaction en classe de langue est très différente de la conversation quotidienne puisque la conduite et la progression de ladite interaction dépendent du jugement de l'enseignant sur l'échange qui vient d'avoir lieu alors que dans la conversation les tours de parole viennent naturellement. La salle de classe est un lieu où la manière et le but sont un seul et même objet : la langue elle-même : on provoque un discours par le discours pour en saisir les irrégularités, ainsi il est habituel de trouver à la fin d'un échange, une séquence de reformulation d'un problème de communication. Néanmoins il faut que

l'apprenant conserve comme objectif la pertinence de son discours et pour cela il faut maintenir une communication réelle via des tâches communicatives et une autonomie dans la gestion de son discours.

C'est dans cette pertinence du discours, c'est-à-dire l'adéquation entre l'intention de communiquer et les moyens linguistiques mis en oeuvre, que va se constituer une « zone de développement potentiel » où commencera l'apprentissage.

C'est tout le paradoxe de l'apprentissage scolaire.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius