3.2. Méthodes de gestion
traditionnelle du risque de crédit :
Elles reposent sur la gestion a priori et la gestion a
posteriori du risque de crédit.
L'exposition au risque de crédit est traditionnellement
gérée a priori dans les banques par des méthodes d'analyse
financière et par l'allocation de limites d'engagements. La gestion a
posteriori est celle du suivi des engagements. Une fois le crédit
accordé, si la qualité de l'emprunteur se
détériore, il ne reste généralement que deux
solutions à la banque : avoir recours aux provisions ou bien solder
leur position en enregistrant une perte.
Par conséquent, la gestion a priori est primordiale.
Elle prend en compte l'appréciation et la prévention du risque de
contrepartie.
L'appréciation du risque de
contrepartie :
L'analyse
financière :
L'analyse financière permet de faire une étude
approfondie sur la situation financière d'une entreprise. Ainsi, elle
donne des informations indispensables telles que la qualité de
l'entreprise, sa rentabilité, sa capacité à se
développer et à générer des profits, etc. Il reste
à savoir si cette analyse est suffisante pour quantifier la
rémunération du risque de crédit lors d'une demande de
prêt de l'entreprise. En effet, les ratios financiers évoluent
dans le temps et dépendent du secteur industriel de l'entreprise et de
sa localisation géographique.
La notation des agences de
rating :
La notation est une évaluation indépendante de
la capacité et de la volonté d'un emprunteur à faire face
en temps et en heure à ses obligations financières et une
fonction de la probabilité de la défaillance. Il existe environ
20 notes permettant de caractériser une stratégie
d'investissement, une stratégie spéculative et une dette en
défaut.
Les probabilités de défaut sont fonction du
rating et de la durée d'observation. La probabilité de
défaut est croissante avec le temps ; en d'autres termes, le risque
augmente avec la durée.
En outre, les probabilités de défaut sont
nécessaires pour quantifier les pertes possibles et leur
volatilité. En effet, on peut retenir deux applications majeures de la
quantification des taux de défaut. La première est de permettre
une estimation des provisions économiques nécessaires pour faire
face aux défauts futurs. La deuxième application est d'estimer
les pertes maximales sur un portefeuille d'engagements. Il faut donc veiller
à ce que les fonds propres puissent couvrir les pertes les plus
élevées.
Ainsi, la qualité de la contrepartie fait l'objet d'une
appréciation que l'on vient de présenter. Des statistiques de
défaillances existent et permettent de cerner les pertes
« probables ». En outre, l'appréciation du risque de
défaut en fonction de caractéristiques connues des clients est
possible ; ce sont les techniques de crédit scoring. Mais si ces
techniques conviennent à la clientèle de particuliers, elles sont
plus difficiles à utiliser pour la clientèle entreprise. Et c'est
notamment cette dernière clientèle qui peut représenter un
risque de crédit préoccupant.
La prévention du risque de contrepartie ou
la gestion des lignes de crédit :
Il est nécessaire d'éviter que la
défaillance d'une contrepartie n'entraîne des difficultés
trop importantes pour le prêteur. Pour cela, les banques doivent
déterminer les seuils à ne pas franchir. Mais le plus important
est de savoir de quelle façon, les banques intègrent le risque de
crédit dans leur gestion bilantielle.
L'allocation des lignes de crédit par
contrepartie :
Pour contenir leurs risques dans une enveloppe acceptable, les
banques doivent se donner des limites d'exposition. Les systèmes de
limite de risque consistent à fixer des autorisations d'engagements par
contrepartie et par marché. L'allocation de lignes de crédit est
fonction de la situation financière des contreparties et de la
qualité de leurs signatures. Les autorisations peuvent être
également fixées en fonction des fonds propres de
l'établissement prêteur.
Cependant un suivi constant des utilisations est indispensable
afin de s'assurer que les limites d'exposition sont bien respectées.
Mais c'est justement ce suivi qui pose un problème d'une part,
d'information et d'organisation du reporting des risques, et, d'autre part, de
la mesure en intervalles suffisamment fréquents des expositions au
risque.
Les garanties de compagnies
d'assurance :
Un créancier peut souscrire une assurance-crédit
auprès d'une compagnie d'assurance afin de se couvrir contre le risque
d'insolvabilité de son débiteur.
Cependant, cette assurance-crédit ne couvre que le
risque commercial sur une durée courte et exclue les risques politiques
et les catastrophes naturelles. De plus, le mécanisme de
déclenchement des modes d'indemnisation se caractérise seulement
par une situation d'insolvabilité du débiteur.
La gestion des lignes avec des instruments
inscrits au bilan :
La syndication :
Depuis longtemps, les banquiers ont cherché à
constituer des « pools bancaires », appelés
également « syndicats bancaires ». Ce sont des
regroupements de banques avec un chef de file. La totalité du prêt
est donc accordé par l'ensemble des banques impliquées dans ce
syndicat. La technique de la syndication des prêts répond de ce
fait aux besoins de division des risques car cela permet à chaque banque
de détenir une fraction plus faible de la créance de
l'entreprise.
Les prises de garanties réelles ou
personnelles :
La meilleure garantie de remboursement d'un crédit
réside dans la qualité personnelle de l'emprunteur et dans
l'opportunité et la rentabilité des opérations
financées. Cependant, pour se protéger d'une défaillance
de l'emprunteur provenant soit de son échec personnel, commercial ou
industriel, soit d'événements, le prêteur recherche une
assurance de paiement à l'échéance des concours par la
prise de sûretés ou garanties.
Une garantie ne doit jamais fonder, à elle seule, la
légitimité d'un concours. En revanche, garantir convenablement un
financement pleinement justifié par l'analyse économique est
l'objectif que doit s'assigner tout banquier.
On distinguera les différentes garanties en quatre
grandes catégories: les sûretés personnelles, les
sûretés réelles, les garanties collectives et l'Assurance
Décès Invalidité (A.D.I.).
La diversification :
La diversification des actifs permet évidemment de
réduire les risques. En effet, le risque global d'un portefeuille est
inférieur à la somme de ses risques individuels. Deux entreprises
ont une probabilité de défaut simultanée très
faible si leurs activités sont diversifiées.
Cependant, lorsque les investissements portent sur des
signatures moins rémunératrices, le résultat d'une
diversification d'actifs peut déboucher sur une baisse du profit.
La titrisation de
créances :
La titrisation consiste à rendre négociable sur
un marché des crédits distribués par les
établissements de crédit. L'établissement de crédit
qui recourt à cette technique n'assure plus le financement de certains
crédits et s'en décharge sur le marché.
L'avantage de la titrisation dans une perspective de gestion
de bilan, est d'être un moyen d'économiser des fonds propres pour
faire face aux contraintes réglementaires. Grâce à cette
technique, le risque de crédit lié aux créances
titrisées est transféré aux investisseurs. De ce fait, le
vendeur a désormais un coût de financement et un niveau de capital
réglementaire requis pour couvrir ces actifs plus faibles.
Cependant, une des limites de cette technique est que les
investisseurs ne sont pas informés du détail des créances
et de leur historique. Par ailleurs, cette technique requiert des coûts
élevés (coût du montage de retraitement des risques, la
différence entre le coût de refinancement par dette au bilan et
celui obtenu par la titrisation, le coût des fonds propres
économisés) et des délais de mise en place importants.
Les cessions de créances et les swaps
d'actifs :
Les banques traitent de plus en plus leurs crédits
comme des obligations ou des actions. Ainsi, les cessions de créances
permettent aux banques de gérer un portefeuille en fonction d'objectifs
de rentabilité en lui donnant une certaine flexibilité.
Grâce à cette technique, les banques ont la
possibilité de modifier la structure de leur bilan. Néanmoins,
elle ne permet pas de vendre un risque de crédit qui n'existerait pas au
préalable dans le bilan. De plus, la cession de créances se
traduit dans la plupart des cas par des moins values qu'il faut gérer
dans le cadre du compte d'exploitation de la banque.
Il est également possible de traiter de
véritables swaps d'actifs où sont échangés deux
dettes différentes. Par exemple, une banque vend de la « dette
Renault » et achète en échange de la « dette
Peugeot » ou elle vend 50 millions de francs du crédit
Eurotunnel achète en échange 100 millions d'obligations du
crédit Foncier. De ce fait, tous les échanges possibles sont
envisageables.
La titrisation, les cessions de créances et les swaps
d'actifs représentent des outils importants dans la gestion bilantielle
des banques. Il existe nécessairement une incitation à sortir du
crédit. En d'autres termes, si les banques veulent sortir des actifs de
leur bilan, il existera un prix sur le marché.
Toutes les techniques que l'on vient de voir permettent de
réduire un risque de crédit en le vendant. Cependant, cela n'est
possible qu'à la seule condition que ce risque de crédit existe
déjà dans le bilan des banques. Par ailleurs, le client est
souvent mis au courant que sa contrepartie cherche à diminuer le risque
de crédit initialement contracté, ce qui n'est pas sans poser de
difficultés commerciales.
B.
PRATIQUES D'ANALYSE DE RISQUE CREDIT : Les pratiques classiques d'analyse du risque de
crédit
La recherche d'un moindre risque de défaillance ou de
crédit couplée au besoin de constituer un portefeuille de
crédit de qualité a conduit les établissements à
se pencher sur les méthodes développées soit par des
économistes/économètres, soit par les services de
recherche et développement d'institutions financières ou
d'agences de notation et à les adapter aux PME. La méthode
généralement adoptée consiste à reprendre la grille
proposée et à adapter les valeurs des ratios ou des indicateurs
à la taille de l'entreprise. On se trouve ainsi en présence de
modèles d'évaluation du risque de la PME dont l'architecture est
quasiment identique à celle développée pour la grande
entreprise cotée, les différences consistant principalement en un
relâchement du niveau d'exigences requis.
Plusieurs techniques peuvent être utilisées pour
évaluer le risque de crédit d'un emprunteur:
- L'analyse discriminante et le crédit
scoring ;
- L a notation au sens des agences de rating ;
- L a relation entre la probabilité de défaut et
la prime de risque ;
- L'estimation du taux marginal de mortalité ;
- L a méthode RAROC et ses dérivés.
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