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Le régime juridique du classement sans suite en procédure pénale congolaise


par Darchy ELIONTA
Université Marien Ngouabi  - Master  2024
  

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A- Le classement sans suite : une décision administrative

Le caractère administratif de la décision de classement sans suite est l'une des raisons évoquées pour justifier l'absence d'admission de voie de recours juridictionnel voire administratif. Il est admis que le classement n'est pas un acte juridictionnel mais administratif136. Il n'est donc pas revêtu de l'autorité de la chose jugée137, si bien qu'il n'est jamais passé en force de chose jugée.

135Art. 40-2 nouveau du CPP

136Crim., 6 juin. 1952, B.C., n°142 ; 5 Déc 1972, BC., n°375, RSC, 1973, 716, obs J.M- Robert 137Idem

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Le classement sans suite est une mesure d'administration judiciaire ne tranchant pas au fond sur les condamnations, pour qu'il fasse l'objet de contestation devant les tribunaux. Contrairement à une décision juridictionnelle qui met un terme à un litige, le classement sans suite ne tranche pas une question juridique, ne crée pas des droits pour les parties et n'établit pas l'innocence de la personne poursuivie, ni l'abus de droit du plaignant. Il ne fait que constater l'absence d'éléments suffisants ou l'inutilité d'engager les poursuites138 et met fin à l'enquête préliminaire. Il est hors de question de contester une telle décision ni devant les tribunaux, ni devant les autorités administratives.

Il convient néanmoins de nuancer cette approche, au regard des conséquences que le classement sans suite peut avoir sur le plaignant, notamment quand il cherche à obtenir réparation du préjudice subi. Cette décision met fin aux poursuites, du moins du point de vue du ministère public, au point que si le plaignant n'est pas informé de ses droits, il peut penser qu'il a reçu une réponse pénale définitive à sa plainte. De même, ayant été informé de ses droits, s'il ne dispose pas des ressources nécessaires pour engager elle-même les poursuites, et que le ministère public ne revient pas sur sa décision, le classement prendrait les allures d'une décision définitive, établissant ainsi l'innocence du présumé prévenu, au détriment des droits de la victime.

En absence de garanties légales, le classement serait une décision fatale pour le plaignant et réconfortante pour le prévenu. Le dispositif actuel expose en réalité, le plaignant aux abus irrémédiables du ministère public. Alors qu'il est toujours possible de remédier, tout au moins dans une certaine mesure, à la partialité du juge avec les moyens normaux d'opposition, il n'existe aucune solution contre les déviations du ministère public qui sont non seulement possibles mais fréquentes139

D'ailleurs, le classement sans suite ne peut fait l'objet de contestation car le Procureur de la République n'est pas un juge, mais plutôt une autorité de poursuite, qui décide en toute discrétion sur l'engagement des poursuites. La décision de classement ne peut être remise en cause par une autre autorité judiciaire. Il revient au ministère public seul le pouvoir de réviser sa décision prise en toute discrétion. Le caractère

138L'utilité de l'action publique n'est pas toujours évidente. Il peut en effet être conforme au bien commun que le Ministère public n'engage pas de poursuites dans certains cas, même si la preuve est patente.

139 GIUSEPPE (C), Dépendance ou indépendance du Ministère Public, dans Conseil de l'Europe, dir., Le rôle du ministère public dans une société démocratique, Strasbourg, Editions du Conseil de l'Europe, 1997, 13 à la p. 17.

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discrétionnaire de la décision signifie l'absence de contrôle qui s'exerce par voie de recours hiérarchique ou juridictionnel. Exercer un contrôle transformerait le pouvoir d'opportunité en un contrôle de légalité.

Or, il faut souligner tout de même que, le caractère administratif du classement sans suite ne saurait justifier le refus de voie de recours. La nature administrative de la décision fait qu'elle soit soumise au régime des actes administratifs unilatéraux, sujets aux recours administratifs et juridictionnels. Ce n'est pas parce que la décision est prise par le ministère public qui n'endosse pas la casquette de juge, qu'elle ne peut souffrir d'aucune contestation, alors que les droits des victimes sont en jeu.

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