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La protection de la victime devant les juridictions repressives ivoirienne


par Gneneindjomain Moussa OUATTARA
Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest (UCAO) - Master en droit privé 2023
  

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Paragraphe 2 : La plainte avec constitution de partie civile

La plainte avec constitution de partie civile est l'acte par lequel la victime d'une infraction saisit et sollicite du juge d'instruction l'ouverture d'une information judiciaire et réclame la réparation du dommage que lui a causé cette infraction. La plainte avec constitution de partie civile, contrairement à la citation directe, à un domaine élargi et permet la saisine du juge d'instruction par la victime. De ce fait, elle apparait comme un mode approprié pour la victime (A) et performant au regard de ses effets (B).

A - Un mode approprié

Ce mode de saisine des juridictions répressives est approprié en raison de l'élargissement de son champ d'application et de son formalisme moins rigoureux par rapport aux exigences de la citation directe.

Relativement au champ d'application, ce mode, selon l'art. 106 du CPP, est utilisé par toute personne qui s'estime victime d'un crime ou d'un délit dont la répression nécessite, aux termes de l'art. 96 dudit code, l'ouverture d'une information judiciaire.

Au regard de l'art. 96 du CPP, l'instruction est obligatoire en matière criminelle et facultative en matière délictuelle.

En effet, l'instruction est obligatoire en matière criminelle parce que les crimes sont les infractions les plus graves en ce qu'ils sont punis des peines les plus lourdes. Dès lors, leur jugement mérite beaucoup de précautions. En sus, l'instruction n'est pas obligatoire en matière délictuelle parce que les délits sont de moindre gravité et sont punis moins sévèrement que les crimes. Ainsi, de telles infractions peuvent être jugées sans qu'il soit nécessaire de procéder à une information judiciaire. Partant, la victime d'un crime ne dispose d'autre moyen pour saisir les juridictions répressives que de recourir à la plainte avec constitution

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de partie civile. Par contre, la victime d'un délit qui souhaite exercer son action civile devant le juge répressif a le choix entre la citation directe devant le juge de jugement et la plainte avec constitution de partie civile devant le juge d'instruction. Toutefois, la loi peut exiger l'instruction pour certains délits. Elle peut également l'exiger en raison de la personne de l'auteur présumé, le cas d'un mineur par exemple.

En clair, pour la victime qui se constitue partie civile par voie d'action, la plainte est la voie de procédure exclusive en matière criminelle et l'une des voies en matière délictuelle74.

C'est ce mode qui est également employé si l'auteur de la faute pénale est inconnu. Cela se justifie par le fait que la plainte avec constitution de partie civile permet de saisir l'enquêteur de la justice par excellence, le juge d'instruction, qui dispose de moyens pour rechercher l'auteur présumé.

La victime a également recours à cet instrument lorsque les faits doivent être élucidés en raison de leur complexité. Dans ce cas, une information judiciaire bien menée permettra de comprendre ce qui s'est réellement passé et de situer les responsabilités des différents acteurs. Ces deux cas de figure permettent encore d'affirmer que cet instrument est adéquat.

Il convient cependant de relever que les infractions qualifiées de contraventions sont exclues du champ de la plainte avec constitution de partie civile. Cela se justifie par le fait que l'information judiciaire n'est pas prévue en matière de répression des contraventions. Aussi, l'art. 106 qui traite du domaine de ce mode les exclut. Cette exclusion se justifie également par la nature même des contraventions. Elles sont moins sévèrement réprimées que les autres infractions. Ainsi, la victime d'une contravention ne peut pas recourir à la plainte avec constitution de partie civile. Une telle plainte serait donc irrecevable75.

Mais si une contravention est connexe à un crime ou un délit soumis à instruction, la contravention fera également l'objet de cette procédure. Elle ne sera pas dissociée des autres infractions.

En substance, il faut noter que, la plainte avec constitution de partie civile favorise largement l'intégration de la victime dans le procès pénal et cela grâce à son champ d'application large. Cette intégration est également favorisée par le

74 GUINCHARD (S.), BUISSON (J.), Procédure pénale, Litec, 2ème éd., 2000, p.706

75 Cass. crim., 18 avril 1929, D.P. 1930, I, 40

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formalisme moins rigoureux auquel est soumis ce mode. En effet, le législateur ivoirien, ne précise pas la forme de la plainte avec constitution de partie civile. C'est ce que l'on constate à la lecture de l'art. 106 du CPP qui dispose : « Toute personne qui se prétend lésée par un crime ou un délit peut en portant plainte se constituer partie civile devant le juge d'instruction compétent ». Face à cette imprécision nous pouvons dire que la plainte peut se faire soit verbalement devant le juge d'instruction soit par écrit. Lorsqu'elle est faite de façon orale, le juge d'instruction doit dresser le procès-verbal de la déclaration. Lorsqu'elle est faite par écrit, simple lettre recommandée avec accusé de réception adressée au juge d'instruction, elle doit relater les faits dénoncés, indiquer les textes de lois qui les répriment et préciser l'identité du présumé auteur si elle est connue. Sinon la plainte est déposée contre X. Elle est datée et signée de son auteur. En tout état de cause, la plainte doit contenir l'intention manifeste de la victime de se constituer partie civile.76

Par ailleurs, la victime doit, aux termes de l'art. 110 du CPP, élire domicile dans le ressort du tribunal saisi, à moins qu'elle n'y soit domiciliée. Elle doit également selon l'art. 109 du CPP, si elle n'a pas obtenu l'assistance judiciaire, et sous peine de non recevabilité de son action, payer une consignation fixée par le juge d'instruction saisi.

A titre de droit comparé, en plus de ces conditions de recevabilité, l'auteur de la plainte doit justifier que le procureur de la République a porté à sa connaissance qu'il n'engagera pas des poursuites à la suite de la plainte déposée par la victime ou qu'un délai de trois mois s'est écoulé depuis la saisine du procureur de la République.77

Lorsque ces conditions sont remplies, la plainte avec constitution de partie civile devient un mode performant dans le déclenchement des poursuites.

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