PREMIERE PARTIE : PROBLÉMATIQUE DE LA RECHERCHE
CHAPITRE 1 : ANALYSE DE LA
SITUATION ET IDENTIFICATION DU PROBLÈME
À travers ce chapitre, nous avons analysé la
situation de l'enseignement du français au Togo, le dispositif de
l'épreuve de dictée au premier cycle du secondaire au Togo et les
notes du CEPD et du BEPC de 2016 à 2020 en dictée dans la
région pédagogique du Grand Lomé. Cela, dans le but
d'identifier le problème que traite notre mémoire.
1.1. La situation de l'enseignement/apprentissage du
français au Togo
L'enseignement/apprentissage du français au
Togo se fait de façon décloisonnée avec une interaction
entre ses différentes activités ou sous-disciplines. Ces
activités d'apprentissage sont : l'oral, la lecture, le
vocabulaire, la grammaire, la conjugaison, l'orthographe et l'expression
écrite (MEPS, 2020). Son volume horaire d'enseignement est l'un des plus
élevés au premier cycle du secondaire général au
Togo (MEPSTA, 2018). En effet le français s'enseigne six heures par
semaine. Ainsi chaque jour les élèves ont la possibilité
d'étudier un aspect de la langue française. De plus, le
français est l'une des matières du premier cycle du secondaire
qui a le coefficient le plus élevé lors des différentes
évaluations (deux pour les cycles d'observation (sixième et
cinquième) ; et trois pour les cycles d'orientation
(quatrième et troisième). Malgré son importance, les
apprenants éprouvent des difficultés dans cette
matière.
Selon le rapport d'étude du Programme d'Analyse des
Systèmes Educatifs (PASEC, 2014), au Togo en moyenne 79,9 % des
élèves du primaire ont d'énormes difficultés en
français. Ils ne manifestent pas les compétences
nécessaires leur permettant de bien comprendre un message oral dans la
langue d'enseignement qui est le français. Cependant, les
évaluations dans cette langue prennent en compte l'écoute et
l'écrit. C'est le cas de la dictée qui est l'une des formes
d'évaluation des compétences en orthographe française. Les
élèves n'ayant pas de compétences nécessaires pour
mieux comprendre un message oral, la réussite de cet exercice leur sera
très difficile.
Ce rapport montre également que dans les dix pays
enquêtés, près de 60 % des élèves en moyenne
n'ont pas atteint le seuil « suffisant » de compétence en
lecture après au moins six années de scolarité primaire.
La situation n'est pas meilleure au Togo; en moyenne 30,1 % des
élèves togolais scolarisés en fin de primaire ont beaucoup
de difficulté à lire et à comprendre des textes. Ils ont
des acquis très fragiles en décodage, ne serait-ce que pour
déchiffrer le sens des mots isolés issus de leur vie quotidienne.
De ce fait, les élèves togolais ne pouvant pas lire dès
leur entrée en sixième, ils auront des difficultés
à apprendre les règles orthographiques et grammaticales issues de
la langue française et qui sont nécessaires pour sa bonne
maîtrise. Cette situation nécessite une prise en charge rapide au
niveau national parce que la lecture est la base de l'apprentissage de toute
langue (Cogis, 2005).
Par ailleurs, le Rapport sur l'État des Systèmes
Éducatifs nationaux montre que 64,1 % des apprenants à la fin du
1er cycle de l'enseignement secondaire du Togo ont des difficultés en
apprentissage du français. Ils ont souvent des scores inférieurs
à 10 sur 20 dans cette discipline scolaire (RESEN, 2017). Ceci est la
preuve que malgré son importance en tant que langue d'enseignement au
Togo, le français se révèle être une matière
dans laquelle les apprenants éprouvent d'énormes
difficultés après 10 années de son étude (Lettre de
politique sectorielle de l'éducation, 2009).
Notons aussi que le français est la langue
d'administration et d'enseignement au Togo. Il est en outre
étudié entant que matière depuis l'âge de deux ans
comme le stipule la réforme de l'enseignement en ces termes :
"L'école nouvelle doit être (...) obligatoire et en principe
gratuite pour tous les enfants de deux ans révolus à quinze ans "
(Réforme de l'enseignement au Togo, 1975, p. 7). Ainsi, si depuis deux
ans l'enfant togolais est censé être scolarisé, il est donc
évident qu'il apprenne le français dès la maternelle. Pour
cela, il devrait normalement mieux réussir cette discipline surtout au
premier cycle du secondaire après plusieurs années de son
étude. Mais force est de constater que 20,9 % des élèves
togolais en fin du premier cycle du secondaire ne manifestent pas les
compétences les plus élémentaires en français
(CONFEMEN -PASEC, 2014). Ils ont de très mauvaises performances lors des
évaluations en français surtout en dictée où plus
de 75% des apprenants ont souvent la note zéro (Données
statistiques DEx-CC, 2021).
Il est donc primordial que pour atteindre l'éducation
de qualité prônée par les Objectifs du Développement
Durable en son article N°4 (ODD4, 2015-2030), et améliorer
l'efficacité interne au sein du 1er cycle de l'enseignement secondaire,
en améliorant le taux d'achèvement au collège de 50,3% en
2019 à 102,7% en 2030, (République Togolaise, PSE, 2020-2030);
les systèmes éducatifs doivent déceler les
difficultés d'apprentissage des élèves en français
avant leur entrée au second cycle du secondaire afin d'éviter que
ces difficultés ne se traduisent en échecs scolaires.
1.2. L'épreuve de la
dictée au premier cycle du secondaire général
La dictée est un exercice qui sert à constater
les progrès des élèves dans les classes, leur degré
d'instruction dans la plupart des examens (Buisson, 1887). Au premier cycle du
secondaire général du Togo, la dictée est un outil qui
permet d'évaluer les élèves des classes de sixième,
cinquième, quatrième et de troisième. Selon le nouveau
programme éducatif de français des collèges d'enseignement
général au Togo, l'épreuve de français commence
par une dictée, sans questions, de
difficultés raisonnables ; elle prend en compte des aspects
orthographiques et grammaticaux au programme. Le texte de la dictée a
une longueur de : 50 à 60 mots pour les classes de
sixième ; 60 à 70 mots pour les classes de
cinquième ; 70 à 80 mots pour les classes de
quatrième ; et 80 à 90 mots pour les classes de
troisième.
La dictée se fait de manière particulière
en vue de permettre aux élèves de suivre le rythme de la diction.
Ainsi, on procède successivement à une lecture préalable,
lente et bien articulée du texte, ensuite on précise la
ponctuation et en marquant nettement les liaisons admises ou normales. Enfin
s'en suivra la relecture, sans préciser cette fois-ci la ponctuation
mais en marquant toujours les liaisons. L'enseignant lecteur ne répond
pas aux questions éventuelles des candidats qu'après la relecture
du texte ; ils en sont avertis avant cette relecture. Avant de commencer la
dictée, l'enseignant évaluateur doit inscrire au tableau de
manière lisible pour l'ensemble des candidats : les
références du texte (oeuvre, nom de l'auteur, les
éditions, ...), les mots proposés éventuellement à
cet effet.
La dictée au premier cycle du secondaire
général du Togo est notée sur six. En sixième et
cinquième, toute faute lexicale ou grammaticale fait
perdre à l'élève un demi-point. Pour les classes de
quatrième et detroisième la même faute fait perdre à
l'élève un point. Dans l'ensemble, une faute de ponctuation ou
d'accentuation fait perdre un quart de point. Cependant, il n'est pas
enlevé plus d'un point pour l'ensemble des fautes d'accent ou de
ponctuation. On tient compte des tolérances grammaticales et
orthographiques officiellement promulguées (MEPSTA, 2021). Par ailleurs,
il faut retenir que la dictée est un exercice qui permet de
vérifier les compétences diverses (en grammaire, en conjugaison,
en vocabulaire et en orthographe) chez l'apprenant. Mais force est de constater
que la plupart des élèves ont d'énormes difficultés
quand il s'agit de cet exercice. Les types d'erreurs qu'ils commettent souvent
sont classés en six catégories selon la typologie des erreurs de
Catach (1980):
- les erreurs à dominante phonétique : ce sont
des erreurs dues à une production orale erronée.
- les erreurs à dominante phonogrammique : ces erreurs
sont celles qui vont faire correspondre à un oral correct, un
écrit erroné.
-les erreurs à dominante morphogrammique : ces erreurs
peuvent être lexicales ou grammaticales.
-les erreurs concernant les logogrammes : ces erreurs peuvent
concerner deux types d'homophones : soient des homophones grammaticaux (est/et)
ou (à/a), soient des homophones lexicaux (ver/vert).
-les erreurs concernant les idéogrammes : les
idéogrammes correspondent à tous les signes qui ne vont pas
relever uniquement de l'alphabet. On va donc prendre en compte tous les oublis
de majuscules en début de phrase ou l'oubli d'un signe de
ponctuation.
- les erreurs non-justifiables : ces erreurs, aussi
appelées erreurs non-fonctionnelles, sont des erreurs que l'enseignant
ne peut justifier. Par exemple le fait d'écrire
« allors » au lieu d'alors. Ici, l'erreur n'altère
pas la valeur phonique et il est difficile de comprendre pourquoi
l'élève double le « l »(p. 288).
En effet, la dictée est pratiquée depuis le
Cours Elémentaire première année (CE1).Par ailleurs les
enseignants des autres disciplines dictent leurs cours surtout dans les classes
d'orientation. De ce fait, les élèves devraient être
performants en dictée car ils sont habitués à cette
pratique. De plus, la dictée est programmée dans l'enseignement
de l'orthographe au premier cycle du secondaire général au Togo.
Ainsi, les dictées d'apprentissage doivent souvent être faites
après chaque cours d'orthographe comme exercice d'application, cela doit
se faire au moins une fois par semaine (PAREC, 2018). Mais force est de
constater que les apprenants ont souvent de faibles performances surtout en
dictée. Cette évaluation est un « chaos orthographique
sans autre forme de procès » (Cogis, 2007, p.7). Leurs notes en
dictée décrédibilisent notre système
éducatif (Ekondi, 2021).
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