B- L'hypothèse.
La police administrative, en l'état actuel du droit au
Cameroun démontre une forte tendance à la limitation voire
à la répression des libertés publiques. Au grand malheur
des citoyens qui face à l'omnipotence de la puissance publique
administrative75, voient leurs droits et libertés aller
de« restrictions en restrictions». Dans cette perspective, dira-t-on
alors que la police administrative camerounaise est un instrument de domination
visant à affirmer l'autorité de l'État envers et contre
tous. Ce postulat se justifie davantage en matière de grève et
démontre à suffisance le caractère autoritariste, et
même impérialiste de l'administration dans la gestion des
libertés publiques au Cameroun. On est donc là en présence
d'un régime relativement « liberticide» lorsqu'il s'agit de
l'encadrement des mouvements protestataires dans l'ordre juridique camerounais.
L'importance de la question des libertés publiques et l'actualité
de celles-ci explique tout l'intérêt de conduire une recherche
spécifique sur ce droit voire cette
72 BURDEAU (G); Les libertés publiques
; op.cit. p.11.
73 Idem. P.59.
74 Idem. P.25.
75 ABA'A OYONO (J-C), «les fondements
constitutionnels du droit administratif : de sa vertueuse origine
française à sa graduelle transposition vicieuse dans des
États stables et instables de l'Afrique francophone Revue CAMES/SJP,
n°001/ 2017 p.15.
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liberté que constitue la grève dont
l'étude doctrinale du moins en droit camerounais ne semble pas encore
suffisamment étendue.
C- Intérêt.
Le sujet présente un double intérêt à
la fois théorique et pratique.
D'un point de vue purement théorique, l'étude de
la police administrative en matière de grève, est d'une
importance certaine. En effet, l'importance du droit de grève est tant
politique que juridique en ce qu'elle offre à tout citoyen de s'opposer,
y compris physiquement, aux détenteurs du pouvoir par le biais des
manifestations et des cortèges de protestation et de participer ainsi
à la résolution de certains problèmes et aux choix
politiques.76 Ce qui participe ainsi de la formation d'une
véritable démocratie. Or comme le relève J.
Guiquel, une véritable démocratie s'épanouit dans
l'adversité tout en respectant la légalité77.
C'est alors selon que l'État concède certaines latitudes aux
forces sociales spontanées, que l'on saura opérer la distinction
entre démocratie formelle et démocratie
réelle78.
D'un point de vue pratique, traiter de la police de
grève en droit administratif camerounais, comporte le mérite de
rendre compte de l'état des lieux ou alors de la situation des droits et
libertés au Cameroun. En effet, l'étude que nous aborderons
permettra dans une certaine mesure de mieux renseigner sur les jeux et enjeux
qui caractérisent l'exercice de ce que la doctrine a coutume de
qualifier de « pouvoir de la rue ». En tout état de cause,
cette étude permettra d'apprécier l'État de droit à
partir de l'état du droit des libertés publiques79 au
Cameroun. C'est donc par le truchement d'une méthode appropriée
que nous mènerons cette étude.
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