SECTION II : OBJET ET METHODE.
Le présent thème d'étude comporte un
objet spécifique (I) qui ne pourra être abordé qu'à
l'aide d'une méthode bien déterminée. (II)
I- OBJET DE L'ETUDE
Il siéra ici d'identifier tout d'abord la
problématique, l'intérêt ensuite, et l'hypothèse
enfin.
A- Problématique.
La grève telle que définie dans le cadre de
notre étude est au centre de l'épineuse question du rapport entre
l'État et les libertés. En effet, l'exercice du droit de
grève à travers les manifestations sur la voie publique,
constitue « une arme potentiellement déstabilisante » à
l'égard du pouvoir en place. C'est ce qui justifie la méfiance
naturelle des pouvoirs publics, au regard des souvenirs encore récents
relatifs aux mouvements contestataires vécus dans le pays71.
C'est à cet effet que partant de notre analyse sur la police de
grève en droit administratif camerounais, nous nous proposerons
d'étendre nos perspectives et de faire un rapprochement sur ses
répercussions vis-à-vis des libertés publiques. En
d'autres termes, si nous validons la formule de Burdeau selon
laquelle : « la liberté est une puissance négative à
l'égard de l'État,
66 ONDOA (M), « les fondements juridiques du
droit administratif au Cameroun (la question de
l'applicabilité) »in ONDOA (M) et ABANE ENGOLO (P)
Les fondements du droit administratif camerounais. Yaoundé, l'Harmattan
CERCAF p.35.
67ABANE E. ENGOLO (P) « existe-t-il un droit
administratif camerounais ? » op.cit. p.16
68 Idem.
69 ATEBA EYONG (R), « L'évolution du
fondement idéologique du droit administratif camerounais » op.cit.
p.274
70 ABANE E. ENGOLO (P), « existe-t-il un droit
administratif camerounais ? » op.cit. p.24
71 Il s'agit notamment des mouvements des
années 1990 qualifiés de villes mortes et des mouvements de
grève de février 2008 au Cameroun.
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elle limite son action, borne ses prétentions bref le
contraint au libéralisme »72 ; alors, force est de
reconnaitre que la vocation revendicative du droit de grève, la force
exigeante qu'il constitue fait de lui également un instrument permettant
d'empêcher que l'État par des interventions mais également
par des abstentions malencontreuses ne vienne en paralyser l'exercice. En
clair, c'est donc à dire que la conquête des libertés
publiques vise en fin de compte à limiter l'État, c'est à
dire à garantir les droits et libertés fondamentaux contre
l'arbitraire des gouvernants73. Or faut-il le préciser, la
liberté c'est aussi la dissidence.74 C'est dans cette
perspective que nous étudierons la question de la police de grève
sous le prisme de l'encadrement des libertés publiques de manière
générale au Cameroun. Cela nous amène alors à nous
interroger sur les mesures d'encadrement que l'État prévoit en la
matière ; ou plus encore de l'influence de la police de grève sur
les libertés publiques au Cameroun. Ainsi, la police
administrative de la grève remet-elle en cause les libertés
publiques au Cameroun ? Le souci ici est de savoir si la police
administrative en matière de grève a une influence consolidante
ou déstabilisatrice vis-à-vis des libertés publiques. Une
première tentative de réponse sera apportée à cette
interrogation, à partir de la formulation de l'hypothèse.
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