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La police de la grève en droit administratif camerounais


par Gaetan Gildas Yamkam Fankam
Université de Yaoundé Il  - Master 2 droit public 2018
  

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Paragraphe 1 : L'inanité d'un contrôle législatif de l'administration étatique.

Le contrôle parlementaire du gouvernement constitue un des procédés classiques du régime parlementaire. Cela dit, le Parlement dispose de moyens de contrôle sur l'action du gouvernement et sur les politiques publiques, notamment celles relatives aux droits et libertés

438 BIKORO (J. M) ; les paradoxes constitutionnels en droit positif camerounais ; op.cit. p.61

439 ABANE ENGOLO (P) ; « existe-t-il un droit administratif camerounais ? » ; op.cit. p.22.

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fondamentaux. Il peut également engager la responsabilité du gouvernement lorsqu'il ne partage pas sa politique. Seulement, ces mécanismes demeurent purement théoriques. Deux éléments contribuent à annihiler l'influence du parlement sur l'exécutif : il s'agit non seulement de L'inféodation du parlement au pouvoir exécutif (A) ; mais également La modicité des mécanismes de contrôle parlementaire de l'administration étatique. (B)

A- L'inféodation du parlement au pouvoir exécutif.

Le contrôle politique de l'exécutif dévolu au parlement constitue l'une des fonctions essentielle de ce dernier.440 C'est véritablement une des conditions nécessaires à la réalisation de l'État de droit. Cela dit, un tel résultat n'est possible que dans l'hypothèse où, « par la disposition des choses, le pouvoir législatif puisse arrêter et/ou sanctionner l'exécutif.»441 Toutefois, l'ordre juridique camerounais malgré cette volonté de démocratisation des régimes442 observée depuis les années 1990 en Afrique subsaharienne francophone ; semble avoir maintenu cette inclination ferme443 en faveur de la mainmise de l'administration d'État444 sur toutes les institutions, le parlement y compris.

Le parlement camerounais en effet se caractérise par une véritable soumission à l'égard de l'exécutif présidentiel.445 Cette considération trouve son fondement à l'analyse des dispositions de la constitution de janvier 1996. Si de prime abord le constituant semble consacrer le principe de la séparation des pouvoirs, donnant ainsi l'impression de l'existence de rapports horizontaux446 entre les pouvoirs exécutif et législatif447 ; le même texte en revanche prête le flanc à de nombreuses critiques lorsqu'il consacre de manière plus ou moins explicite la prépondérance de l'exécutif présidentiel sur le parlement. Cette situation se traduit au regard de la capacité d'influence offerte au président de la république sur le mandat des parlementaires. En effet, celui-ci dispose de la prérogative selon le cas448 d'abroger ou de

440 KHADIM (T) ; le contrôle de l'exécutif dans la création de l'État de droit en Afrique francophone. Op.cit. p.193

441 Idem. P.195

442 CONAC (G.) « les processus de démocratisation en Afrique », in GERARD CONAC (dir.), l'Afrique en transition vers le pluralisme politique, Economica 1993, PP 11-41. Cité par KHADIM (T) ; op.cit. p.194.

443 ATEBA EYONG (R), « l'évolution du fondement idéologique du droit administratif camerounais » ; op.cit. p. 278

444 ABANE ENGOLO (P) ; « existe-t-il un droit administratif camerounais ? » op.cit. p.25.

445 BIKORO (J. M) les paradoxes constitutionnels en droit positif camerounais ; op.cit. p.48

446 Idem.

447 Article 4 de la constitution camerounaise de janvier 1996 op.cit.

448 Le texte constitutionnel camerounais de 1996 dispose justement que ces prérogatives sont possibles « en cas de crise ou lorsque les circonstances l'exigent. » or comme le relève le professeur FRANCOIS XAVIER MBOME, de telles expressions ne font généralement pas l'objet d'une définition textuelle. Laissant ainsi le soin au président de la république d'en déterminer le contenu. Lire à ce propos MBOME (F.X), « les rapports entre l'exécutif et le parlement », lex lata n° 023/024 p.27 ; cité par BIKORO (J. M) ; op.cit. p.49.

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proroger le mandat des parlementaires. Aussi, dispose-t-il d'un pouvoir de dissolution à l'égard de l'assemblée nationale449.

Au-delà même des dispositions constitutionnelles consacrant la domination de l'exécutif présidentiel sur le parlement, la pratique institutionnelle illustre davantage cet état des choses dans l'ordre juridique camerounais.

Dans le parlementarisme camerounais, la majorité sinon la quasi-totalité des lois adoptées par les assemblées sont d'origine gouvernementale. Cela dit, les propositions de lois sont rarissimes tandis que les projets de lois constituent les seules sources des textes législatifs au Cameroun.450 Ceci justement en raison de la majorité écrasante du parti au pouvoir au sein des assemblées parlementaires. Au vu de cela, force est donc de constater en fin de compte que « la nature du régime politique en cause fait que la loi en réalité est un acte de l'exécutif et plus précisément de son chef ».451 Or, si le chef de l'État, autorité de police administrative par excellence452 dispose d'une telle emprise sur le pouvoir législatif, il ne saurait véritablement exister un contrôle sur l'action gouvernementale de manière générale et sur les actes de police dont au final lui-même définit la politique.

Comment donc les parlementaires pourraient garantir les libertés publiques face à la prédominance de l'exécutif présidentiel sur les autres institutions étatiques ? Cette interrogation nous conduit forcément vers l'étude des mécanismes ou modalités de contrôle parlementaire de l'exécutifs, qui d'emblée semblent limités.

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