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La police de la grève en droit administratif camerounais


par Gaetan Gildas Yamkam Fankam
Université de Yaoundé Il  - Master 2 droit public 2018
  

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B- La police administrative : instrument d'annihilation des protestations politiques.

Bien des penseurs de la doctrine publiciste postulent que La consolidation du pouvoir politique en Afrique trouve son fondement dans une posture essentialiste320, voire apathique321 des administrés relativement à la revendication de leurs droits322. En effet, suivant ce raisonnement, les africains et par contre coup les camerounais, à l'opposé des populations occidentales et françaises notamment, n'ont pas véritablement intégré la pratique contestataire ou revendicative dans leurs mentalités ou dans leur culture. Le professeur Abane E. écrira justement que les « africain(s) et partant le(s) camerounais (...) se contente(nt) du strict minimum, (...) ils ne vont pas revendiquer ce que les autres estiment qu'ils devraient avoir. »

En réalité, cette conception peut être relativisée lorsque l'on s'intéresse in concreto au-delà des considérations d'ordre psychologiques et culturelles, à l'environnement politique qui favorise cette abstention des populations dans l'exercice de leurs droits et libertés fondamentaux. L'une des explications les plus saillantes se trouve notamment dans cette

318 WEBER (M) cité par GOHIN administratives op.cit. p.34

319 CONAC (G) cité par KAMTO (M) Pouvoir et droit en Afrique noire ; op.cit. p

320 ABANE ENGOLO (P) « existe-t-il un droit administratif camerounais ? » op. cit.p.22.

321 KAMTO (P) ; Pouvoir et droit en Afrique noire ; op.cit. p.443

322 Idem.

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logique observée chez les leaders africains à ne tolérer sur aucun point la contestation, la critique,323 au risque que leur autorité n'en pâtisse.

En effet, Malgré les mutations idéologiques et le renouveau démocratique entamés depuis les années 1990 dans le constitutionnalisme africain, les États ont conservé des relents autoritaires marqués par une certaine hostilité vis-à-vis des libertés publiques. Le Cameroun s'inscrit fortement dans ce sillage. Ainsi, depuis toujours et c'est toujours le cas à l'heure actuelle324, le pouvoir politique entend user de tous les moyens dont il dispose y compris la machine administrative en vue de comprimer les velléités contestataires et faire ainsi taire la dissidence. À cet effet l'activité de police administrative devient une occasion pour les pouvoirs publics de réduire au silence la contestation politique à travers des opérations de maintien de l'ordre qui se transforment en démonstration de force notamment lors des manifestations publiques. En effet, les mouvements protestataires exercés à l'endroit du pouvoir en place se heurtent de manière systématique à une riposte violente et démesurée des forces de l'ordre325.

Vu de la sorte, quand bien même les libertés publiques sont consacrées, celles-ci sont constamment remises en cause lorsqu'elles se confrontent à une organisation administrative dissuasive dont le caractère autoritaire n'est plus à démontrer. Cet autoritarisme va d'ailleurs grandissant lorsque les pouvoirs de police sont mis en oeuvre au-delà des cadres et proportions légaux.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway