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La police de la grève en droit administratif camerounais


par Gaetan Gildas Yamkam Fankam
Université de Yaoundé Il  - Master 2 droit public 2018
  

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SECTION I: LE DETOURNEMENT DES POUVOIRS DE POLICE

ADMINISTRATIVE.

Les pouvoirs sont attribués à l'administration dans un but bien déterminé. Le détournement de pouvoir existe ainsi lorsqu'une autorité administrative use de ses pouvoirs à des fins autres que celles pour lesquelles ils lui ont été conférés.308Ainsi, si en matière de police administrative, les pouvoirs reconnus aux autorités sont en principe destinés au maintien, de l'ordre public ; force est de constater un usage de plus en plus dévoyé de l'ordre public, qui au-delà des considérations juridiques aboutit à une politisation de la notion d'ordre public. Or si l'ordre public est la raison d'être, le motif nécessaire et obligatoire de la police administrative,309 et si comme le relève le professeur J. D.N. Atemengue, la politisation de la notion d'ordre public débouche sur la politisation du droit lui-même,310 alors aboutit-on forcément à une politisation de la police administrative.

307 BURDEAU (G), Les libertés publiques ; op.cit. p.41

308 DEBBASCH (C) et RICCI (J-C) Contentieux administratif ; op.cit. p. 602

309 MOREAU (J), Polices administratives : Théorie générale, juris-classeur administratif (JCA) Fasc.200, 11. 1985, p. 9-10. Cité par ATEMENGUE (JDN) « le pouvoir de police du président de la république » op.cit. p.83 ;

310 ATEMENGUE (J.D.N); la police administrative au Cameroun ; op.cit. p.91

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C'est suivant cette logique que l'on assiste dans l'ordre juridique camerounais à une extension voire un détournement du champ d'action des pouvoirs de police administrative, tantôt en dehors du cadre tel que défini (P1) par les prescriptions légales tantôt au-delà même de la règlementation en vigueur. (P2)

Paragraphe 1 : l'utilisation des pouvoirs de police en dehors des prescriptions légales.

La fonction instrumentale de la police administrative au Cameroun se situe en dehors même de toutes considérations juridiques. Cela s'illustre véritablement au regard de son utilisation dans la préservation du pouvoir politique (A) d'une part, et au regard de son déploiement dans l'annihilation de la protestation politique d'autre part (B).

A-La police administrative : instrument de préservation du pouvoir politique.

Le constitutionnalisme africain est orienté vers un impératif de pérennisation et d'intangibilité des détenteurs du pouvoir311. Cette logique de pérennisation du « chef de l'État » est liée à la nature profonde du présidentialisme africain en général et camerounais en particulier. C'est ce que le professeur Maurice Kamto qualifie de monocentrisme présidentiel312. En effet suivant cette perspective, les pouvoirs publics auront naturellement tendance à « ne supporter d'être sous la menace d'une révocation alors même qu'une grande partie de leur puissance vient de leur intangibilité.»313 La police administrative apparait ainsi aux mains du pouvoir politique comme un instrument indispensable voire capital.

En effet, au Cameroun le président de la république définit la politique de la nation,314 oriente Les objectifs de l'administration dont la plupart des agents tiennent leurs fonctions de lui. Cette posture de « chef de l'administration »315 du président de la république crée à l'égard de l'administration de manière générale, un devoir de loyalisme politique316. Cela se justifie notamment au regard de l'article 8 de la constitution selon lequel le président de la république détient à leur égard un pouvoir discrétionnaire de nomination317 et a fortiori de révocation. Au vu de Cela l'on en vient à constater une fois de plus que l'action administrative notamment en matière de police est inéluctablement conditionnée par l'intérêt supérieur de l'État ou pour

311 KAMTO (M) pouvoir et droit en Afrique noire ; op.cit. p.456

312 Ibid.

313 Idem.

314 Article 11 de la constitution camerounaise de 1996.

315 Pour amples développement, lire ABANE ENGOLO (P) ; « existe-t-il un droit administratif camerounais ? » ; op.cit. p.20

316 GOHIN (O), SORBARA (J-G) ; Institutions administratives op. cit. p.33

317 Article 8 alinéa 10 de la constitution de 1996

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être plus exacte, du président de la république. C'est donc fort de ce loyalisme politique caractérisé entre autres par une obligation de conformité vis-à-vis du supérieur hiérarchique que l'administration est instrumentalisée de manière à assurer un renforcement ou une pérennisation du pouvoir auquel il est idéologiquement subjugué. Pourtant, comme le soulignait le grand sociologue Max Weber, « le véritable fonctionnaire ne doit pas faire de politique il doit administrer avant tout de façon non partisane. Il doit s'acquitter de sa tache sans ressentiment et sans partis pris. »318

Dans un tel contexte, la garantie des libertés publiques ne se présente pas forcement comme un objectif prioritaire ; ce qui est recherché, écrira le professeur Gérard Conac « c'est la continuité et non l'alternance, la plénitude et non l'équilibre. »319 C'est dans cette perspective de pérennisation du pouvoir politique que la police administrative sera naturellement instrumentalisée dans l'annihilation des protestations politiques.

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